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Accueil du site > RDV de l’Agora > Eric Naulleau, de la critique à l’amour de la littérature

Eric Naulleau, de la critique à l’amour de la littérature

A l'occasion de la sortie de "Pourquoi tant d'E.N." , Eric Naulleau s'exprime à l'Agora !

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Précédé d’une célébrité qu’il doit à sa plume acerbe et ses gloses tranchantes, Eric Naulleau était reçu le 7 novembre par l’Agora, tribune étudiante de l’Edhec. L’occasion pour lui de quitter son costume télé pour présenter son dernier ouvrage, revenir sur l’actualité, mais aussi lever le voile sur l’univers médiatique français et sur sa véritable personnalité.

Qui l’eut cru ? Derrière le sévère critique se tapit une âme bienveillante. C’est en tout cas l’impression qui ressort du passage d’Eric Naulleau à Lille. Devant 500 auditeurs, le critique et chroniqueur a en effet déjoué les préjugés en se montrant défenseur plus qu’inquisiteur. Défenseur d’une littérature qu’il aime, d’abord. S’il concède son inclémence sur les plateaux télé, il s’en justifie sans peine : de même qu’on ne peut exiger d’un œnologue rompu à la dégustation de Bordeaux grands crus qu’il apprécie « de la piquette », on ne peut, de lui qui fut « biberonné par la grande littérature », exiger qu’il flatte des « mémoires de starlettes ». Mais, qu’on lui parle de vraie littérature, de celle qui, « incompatible avec le média télévisuel », n’entre jamais sur ses plateaux, et le critique farouche se révèle protecteur amoureux. A preuve, les billets et articles élogieux envers des plumes plus discrètes regroupés dans Pourquoi tant d’E.N, son nouveau livre. C’est justement par amour pour cette vraie littérature qui restera toujours « l’exception » face à la littérature de grande consommation, que notre critique n’a jamais voulu sacrifier ses travaux écrits à la télévision.
Concernant son nouvel ouvrage, Corentin lecteur des articles Agoravox demande à notre invité "quelle critique" Eric Naulleau ferait de son propre livre. A cette question, notre invité répond qu'il existe "bien d'autres critiques plus aptes que lui à le faire".

C’est plus en soutien du faible « gibier » qu’agitateur vorace de la « meute » qui le traque, que le critique observe les cas Hollande et Ayrault. Interrogé sur les bashings successifs endurés par les deux gouvernants, Naulleau prend à contrepied le monde médiatique en s’indignant d’un lynchage systématique « qui fait vendre », et y diagnostique une tendance dangereuse dans laquelle la presse s’est engagée depuis les années Sarkozy. Une tendance à laquelle il reconnaît paradoxalement devoir prendre part, à travers les diverses « descentes » - chroniques incisives - qu’il livre à la radio ou à la télévision : l’individu a besoin de piquant, d’histoires scandaleuses, et c’est sur cette pulsion que survivent bien des médias. Cette affirmation semble toutefois à pondérer dans le cas français : selon lui, la médiatisation de la vie politique n’a pas atteint les extrêmes problématiques ou virent par exemple les « tabloïds » anglais. Certes la pratique du bashing existe, mais la vie politique et médiatique n’est qu’exceptionnellement polluée par les scandales privés des dirigeants. Effets de la censure ? Selon Naulleau, cela résulte non d’une censure politique - qui n’existerait presque pas dans notre régime -, mais d’une « autocensure » très active en France. Les Français gardent en effet une déontologie qui impose des gardes fous aux journalistes et protège la vie démocratique.

La situation de la vie culturelle semble à l’inverse le déranger davantage. S’il croit à l’existence d’une « exception culturelle française », qu’il appelle de ses vœux, et ce grâce aux politiques publiques qui encouragent par exemple l’évènementiel artistique où permettent la survie des libraires, il dénonce le clientélisme au sein des circuits de production. Particulièrement le monde de l’édition qu’il connaît bien, où tout se fait en fonction des affinités. Bel exemple : les prix littéraires. Quand on les évoque, il affirme ainsi : « Les prix littéraires sont un système qui a été mis en place par les grands éditeurs au profit des grands éditeurs. Les jurés sont eux-mêmes des membres des grandes maisons d’édition. C’est un système qui gangrène l’édition, c’est un marché de dupes ou tout le monde trouve son compte, sauf la littérature. ».

Et le football dans tout ça ? Car oui, le féru de littérature est aussi un inconditionnel de football, auquel il dédie un chapitre entier de son livre. A ce sujet, l’ancien joueur amateur ne reproche pas au football francais la financiarisation dont le PSG offre le meilleur exemple : « Les gens veulent du spectacle, le spectacle coute cher, donc on investit. […] Mais la glorieuse incertitude du sport reste d’actualité ». L’argent a donc ses bienfaits dans le sport, mais seulement tant qu’il n’en détruit pas l’esprit. A nouveau, c’est cette mesure qui caractérise le Eric Naulleau que nous avons rencontré…

A.Formery


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