Liberté d’expression en Europe : le cas de la Hongrie
En 2012, des citoyens et des associations de toute l'Europe ont lancé l'Initiative Européenne pour le Pluralisme des Médias. A travers cette proposition ils demandent à l'Union européenne d'intervenir plus fermement pour stopper les tentatives de contrôle des médias par les gouvernements et d’appliquer des règles « antitrust » différentes de celles actuelles. Nous commençons aujourd'hui avec la Hongrie, l'un des cinq pays (avec l'Italie, la Bulgarie, la Roumanie et la Grèce) à être considéré comme « partiellement libres » par Freedom House.
Viktor Orban a été Premier ministre de la Hongrie à la fin des années 90 et au début des années 2000. En se représentant en 2010, après presque une décennie de gouvernement de centre-gauche, il a obtenu une victoire écrasante avec son parti « Fidesz », gagnant plus de deux tiers des sièges au parlement, nombre suffisant pour changer la constitution. Le Premier ministre prudent du premier mandat se transforme rapidement en une des figures les plus controversées de la politique européenne contemporaine.
En plus d'avoir modifié la constitution, le système judiciaire, la loi sur la citoyenneté fortement axée désormais sur un nationalisme de race, c'est dans le domaine de l’information qu’Orban a montré explicitement ses tendances semi-autoritaires. Dans les premiers mois du nouveau gouvernement, Orban fait voter au Parlement une nouvelle loi sur les médias et crée un nouveau Garant de la communication (l'équivalent d'une autorité des médias, « medias authority ») fortement centralisé. Les 5 garants ont tous été nommés par Viktor Orban. La présidente de cette autorité, nommée en 2010 pour une période de 9 ans, Annamaria Szalai est ouvertement affiliée à « Fidesz ».
Un autre élément dangereux de la loi sur les médias est celui qui exige des journalistes la révélation de leurs sources, dans les cas où les actualités ont à voir avec la « sécurité nationale et la santé publique », concepts vaguement définis.
Cette nouvelle autorité des médias a également le pouvoir d'imposer des amendes élevées à ceux qui « violent la moralité publique », un concept nouveau, indéfini et ouvert à l'arbitraire. Les amendes pour ceux qui enfreignent cette loi peuvent atteindre plus de 90.000 euro, elles s’appliquent également à toute personne qui écrit sur Internet, même à travers des canaux de communication personnels comme les blogs. Le flou et l'arbitraire de cette loi, combinés avec les pénalités très élevées, deviennent un élément dissuasif pour exprimer des opinions différentes de la « moralité publique », qui en fait est la morale du gouvernement.
Depuis 2011, l'agence de communication de l'État (MTI) a atteint un monopole de fait sur le marché de l'information.
La Hongrie est devenue rapidement le pays européen où la liberté d'information et d'expression est la plus menacée en Europe. La situation est si grave qu’elle a poussé en 2012 la commissaire européenne Neelie Kroes à intervenir pour faire modifier les parties du droit des médias qui violaient la loi européenne, en particulier en ce qui concerne les journalistes et les entreprises non-hongroises opérant en Hongrie.
Malgré cela, l'Union européenne a montré son manque de compétences pour permettre une action décisive contre ce type de lois anti-démocratiques.
C'est pour cette raison qu'il est essentiel aujourd'hui de signer l'Initiative européenne pour le pluralisme des médias. Signez et faîtes signer l'Initiative européenne pour le pluralisme des médias.
http://www.agoravox.it/Liberta-di-espressione-in-Europa.html
Traduction : Julie Foucault
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