Les historiens (je pense à Henri Guillemin) savent et ont relevé que De Gaulle avait lu Tardieu.
Ce que De Gaulle en avait retenu n’était pas la haine bourgeoise du suffrage universel, mais le mépris du système représentatif, notamment parlementaire :
« Je crois que, s’il reste une chance de corriger ce régime, c’est - en s’adressant au pays, et non pas à ses élus - de persuader le pays que cette correction est urgente. Je crois que, pour l’en persuader, il faut n’être pas parlementaire. » Tardieu dixit
Cette phrase d’un partisan déclaré d’une dictature - qui nous rappelle la voltairienne « monarchie éclairée » - est, paradoxalement, une profession de foi démocratique.
En effet, la « démocratie représentative » n’existe pas ; le député n’est pas le peuple, il est un notable qui défend une classe de notables. Le système représentatif est un moyen très efficace pour bâillonner le peuple, tout en se réclamant de lui, c’est ainsi que l’avait voulu Siéyès dès 1789. Rien n’a changé depuis. Le système représentatif est l’instrumentalisation du peuple.
Des professeurs de droit constitutionnel comme Dominique Rousseau (Paris-Sorbonne) ou Thibaut de Berranger (IPAG de Nantes) soulignent bien que la démocratie - la seule qui mérite ce nom - n’est pas l’élection de représentants mais le contrôle direct des citoyens sur la législation du pays.
Pour amodier l’actuel pouvoir législatif des « représentants » élus, ces professeurs de droit constitutionnel proposent le concept de « démocratie continue », par lequel des assemblées de citoyens tirés au sort (une par département) contrôlent, modifient ou censurent les projets de lois.
De Gaulle, en 1969, avec la chambre UDR introuvable élue en juin 1968 qui lui permettait d’imposer aveuglément sa politique, a néanmoins soumis démocratiquement au référendum son projet de « participation » (partage de la plus-value du travail entre salariés et actionnaires) ; mal informée, une majorité de Français a voté non. Un bel exemple de démocratie pleinement assumée par un dirigeant, et de sottise populaire exprimée à la majorité !
Bravo Kévin, bon travail de ré-information, et courageuse entreprise car il faut avoir envie de trier les déchets.
Ce Russe traître à sa patrie était venu, dans le pays qui l’accueille, donner des leçons aux Français du haut de quoi, s’il vous plaît ? D’une chaire de « business school » !!!!
Une élection d’experts existe déjà : c’est le concours administratif, ouvert à tous les citoyens, anonyme, fondé sur la seule évaluation des compétences, sans intervention de lobbies, sans gesticulation électorale de type publicitaire, sans esbroufe, sans influence de l’argent.
Quoi de mieux ?
A partir de là, se pose la question de la place des citoyens-experts dans le processus décisionnel, et sur ce point Céline apporte une réflexion sérieuse, merci Céline.
L’élu politique, de mandat unique et limité dans le temps (tiré au sort pourquoi pas, comme les jurés) doit avoir un rôle limité au contrôle des experts. Ce doit seulement être un commissaire politique, chargé d’apporter un regard citoyen sur le fonctionnement complexe de la chose publique.
Ce n’est surtout pas un « manager » !
Le bien commun n’est pas une entreprise !
L’élu politique ne peut pas être un chef, d’ailleurs, en toute logique, son contrôle ne pourrait s’exercer que de manière collégiale, comme celui du Conseil Constitutionnel.
Ce collège d’élus citoyens aurait pouvoir de censure, de contrôle a priori et a posteriori, et de proposition, c’est tout.
C’est toute la pyramide de l’actuelle notabilocratie qu’il faut inverser.
Au diable les « notoires », comme disait De Gaulle !
@Rincevent J’approuve pleinement l’article et le commentaire, cela dit nous ne formons pas des « réseaux sociaux ». Au contraire, tous ces échanges immatériels constituent une bulle de réseaux asociaux.
Les mots et les idées circulent et s’effacent comme des étoiles filantes, la langue écrite retrouve une forme de vie nouvelle, oui, mais chacun de nous reste solitaire, confiné dans sa cellule, étranger aux autres, peinard.
Dans le grand émiettement social, l’humain absent est tout ce qui ce qui reste de l’humain.
C’est commode comme un souvenir, pas encombrant du tout.
Une nouvelle humanité bien docile s’installe, le monde marchand est très satisfait de cette docilité des éparpillés. Ce monde est paisible, ordonné et propre comme un cimetière.