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En réponse à :


Pierre Régnier Pierre Régnier 26 novembre 2011 12:43

@ desperadoprim

ah ben tiens, ça me plairait bien, pour vous répondre, de recopier un de mes petits poèmes ! Dans celui-ci je me mettais à la place d’un militant communiste  :


Quand ils ont


quand ils ont dans le sang

fait taire mes camarades hongrois en 56

j’ai cru qu’ils voulaient sauver le socialisme

et j’ai applaudi sans réserve


quand ils ont en 68 écrasé

mes camarades de Prague

j’ai eu comme un frisson dans le dos

et j’ai désapprouvé du bout des lèvres


quand ils ont massacré en 73

mes camarades du Chili

j’ai vu sans voile aucun la couleur

de ceux qui massacraient

et j’ai gueulé mon indignation


quand d’autres de même couleur

ont à nouveau torturé brisé

fait disparaître

mes camarades d’Argentine en 76

j’ai renouvelé sans retenue

mon cri de colère

j’ai fait claquer encore

au plein centre de la place

au su et au vu de tous

avec une gigantesque fierté

ma si manifestement juste indignation


quand ils ont en 80

porté leurs bottes en Afghanistan

pour y mettre au pas des frères incertains

j’ai trouvé que c’était bien loin

et

sans mes habituels points de repère

j’ai décidé de me taire

 

quand ils ont en 81

emmuré mes camarades polonais

j’ai

comme des centaines de millions

de mes frères à travers le monde

senti qu’ils assassinaient

notre plus bel espoir d’humanité

 

mais c’est en cachette et pour moi-même

que j’ai pleuré ma solidarité

 

j’avais pris des habitudes

et au-dehors j’ai laissé dire

par le parti des camarades

les plus ignobles raisons de ne rien faire

 

comment vais-je demain

me supporter ?


Pierre Régnier, 22 décembre 1981

(poème tract diffusé le jour même par l’auteur à l’entrée de son entreprise)


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