De toute manière, les mots ont depuis longtemps perdu leur signification, souvent en raison même des démonstrations que le commentateur cherche à asséner en les tordant dans tous les sens. Ne parlons même pas de l’inculture qui gangrène les médias, et donnent souvent à la langue l’apparence d’un sabir mondialisé et bien pauvre.
Ce que ces gens feignent peut-être, mais plus grave et vraisemblable, dénaturent sans même rien y comprendre, c’est la différence majeure entre l’erreur et le mensonge. Je suis frappé de lire le mot mensonge, depuis la campagne 2012 et ses vérificateurs en temps réel (mais cela a probablement toujours été), jeté à la figure de tous par n’importe qui et à tout propos.
S’il est légitime d’attendre des politiciens la plus grande rigueur dans leurs propos ; s’il est positif que tout et n’importe quoi ne puisse plus être aussi facilement dit dans les médias, puisque beaucoup des interventions d’aujourd’hui sont disponibles en ligne et donc vérifiables, les politiciens ne se sont pas transformés en quelques années en hommes cybernétiques. Il est normal et souhaitable que l’erreur (dite humaine jusqu’à présent) reste tolérée, je dirais même, acceptée. La forfanterie de ceux qui prétendent pratiquer une inquisition en temps réel, en fait assez grotesque, feraient bien de mener leur propre analyse sur la base des mêmes critères. Nul doute qu’ils se couvriraient la tête de cendre, pour peu qu’ils soient dotés des qualités morales qu’ils exigent des personnes qu’ils abreuvent de leur intolérance.