Que reprocher au juste à Marcela Yacoub et à Joffrin ?
Au « Pays-des-droits-de-l’homme », il est un droit on ne peut mieux respecté. Il s’agit du droit à pratiquer l’idolâtrie.
Les adeptes de cette pratique, très largement majoritaires dans la population gagneraient à une explicitation qui éviterait ces tirades enflammées d’indignations.
Il en est ainsi des idoles : elles fascinent. À leur endroit, l’individu éprouve amour-désir et haine en même temps.
Strauss Kahn était objet d’idolâtrie. C’est le propre de tout homme/femme providentiel.
Combien de femmes, qui ne l’avaient jamais vu, ai-je entendu dire « Strauss Kahn est séduisant » ?
Combien d’hommes, qui ne lui avaient jamais adressé la parole, ai-je entendu dire « j’aimerais être comme lui » ?
Mauvaises questions !
Essayons plutôt celle-ci :
« Comment un homme, présenté comme
- très puissant politiquement – ancien ministre des finances, directeur du FMI, candidat probable au nec-plus-ultra de la puissance en France : le poste de Président de la République, tombeur assuré de Sarkozy, lui-même idole flétrie, etc...
- coureur de jupons notoire ou supposé.
- Et très riche
ne serait pas séduisant au superlatif ? »
Ceci n’est pas sans nous rappeler le roman « Don Quichotte ». A peu près à la moitié, apparaît une femme intégralement voilée de la tête aux pieds qui parcourt les plaines arides de l’Ibérie en chemin vers son futur époux. Tout le monde en parle mais personne ne l’a jamais vu. Et elle est belle, immensément belle, c’est à dire infiniment désirable. On a envie de dire : d’autant plus désirable qu’inatteignable. Difficile d’être moins rationnel.
On dirait que tous ces hommes qui en parlent ont été contaminés sans s’en rendre compte.
Strauss Kahn est donc séduisant, désirable. Et bien sûr, ce point de vue ne peut être qu’objectif. Il énonce une vérité.
Ça m’apparaît d’autant plus vrai que mes copines, que mes potes, qui ne l’ont jamais rencontré - mais qu’importe - sont comme moi, disent comme moi, souhaitent comme moi. Je suis rassuré : je ne me prosterne pas devant une idole. Je constate simplement que cet homme rassemble en lui toutes les qualités qu’il est possible d’imaginer. Je suis normal.
Si ce n’était pas le cas, si je n’étais pas objectif dans mon admiration, dans mon désir inconscient d’être comme lui, d’être lui, alors je m’apercevrais que l’origine de cette admiration ne vient pas de moi, n’est pas issue de mon cher, mon si cher, moi profond, de ma capacité de voir et d’analyser, de ma raison.
Il me faudrait réaliser que j’ai été contaminé par les autres, par la masse, par la meute. ! Horreur ! Quelle horreur !
Fascinant Strauss Kahn ! Toi qui invites à l’amour, tu invites aussi à la haine.
J’aime, que dis-je : j’aime ; j’adore ; je me prosterne devant l’image que tu représentes : pouvoir et richesse et surtout pouvoir et en même temps, je hais ce désir que tu suscites et qui sournoisement fait de moi un décérébré.
Sois prudent ! Tu marches sur une corde raide ! Au moindre écart, ce sera la chute de ton image et alors l’obscure clarté de mon ressentiment se matérialisera. Jalousie, envie, haine supplanteront admiration et désir. Et tu deviendrais un monstre coupable de m’avoir trompé sur la vérité, objectivement coupable.
Je te le ferai payer.
Payer pour avoir levé le voile sur mes dérives.
Payer pour avoir réveillé « ma douleur de vivre et ma peine de penser. (Tocqueville) ».
Alors : Que reprocher au juste à Marcela Yacoub et à Joffrin ?
Rien ! Sinon d’avoir parcouru le chemin de l’idolâtrie jusqu’à la lie.
Révélation sur la vie privée ? Quelle rigolade ! Laquelle/lequel d’entre nous a, à ce point, perdu la mémoire, qu’il a oublié les parties « de jambes en l’air » de ses jeunes années ?
De plus, les ateliers d’écriture fourmillent de personnes qui peuvent vous sortir de splendides « cochonneries croustillantes », fictives ou non, au km.
Qu’elle punition ?
Peut être devrions nous éviter de donner à Joffrin et à Yacoub la joie de penser qu’il ont réussi à nous convaincre que leurs indigents récits avaient un but publicitaire et commercial – « vendre un max et faire du fric » et n’étaient pas une tentative inconsciente de dissimuler une idolâtrie profonde et un vide abyssal.
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