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averoes 14 mars 2013 11:43

« Si nous tenons à conserver notre langue dans ce flot de diversité, il ne faut pas cesser de l’utiliser au profit d’une autre. Le risque de la disparition de la langue française est bel et bien présent dans notre société actuelle. » 

Si l’on tient compte de la réalité de l’évolution d’une langue et du caractère plus ou moins réfléchi de son usage par l’ensemble de ses locuteurs, il semble illusoire de penser que pour protéger une langue des influences d’autres langues étrangères il suffit simplement de le décréter. La volonté de conserver une langue ne saurait constituer un bouclier à cet égard ; car cela supposerait que chaque locuteur de cette langue doit, en permanence, maintenir en éveil « son gendarme linguistique » et, au besoin, s’autocensurer de toutes tentatives ou velléités d’abdication devant la facilité et l’attrait qu’exercerait telle ou telle langue.

Croire que cela est possible dans les échanges verbaux et quotidiens relève de la gageure. Y croire c’est oublier la spontanéité qui caractérise, en général, les communications orales. Est-il, enfin, concevable pour un locuteur, dans le cadre d’une communication courante avec un autre locuteur, de dire systématiquement « courriel » à la place de « email », « bouteur » à la place de « bulldozer », « serveur au comptoir » à la place de « barman », « meilleure vente » à la place de « best-seller », « bougette » (de l’ancien français, petite bourse portée à la ceinture) à la place de « budget », « fair-play » à la place de « loyauté » ou « bonne foi »… Et la liste est longue. Par conséquent, que l’on ne se méprenne pas : le caractère illusoire, dénoncé ici, concerne essentiellement le contrôle permanent des échanges verbaux et non la communication écrite. D’ailleurs, allez savoir pourquoi le français –langue diplomatique par excellence au XIXème siècle- a cédé ce terrain en faveur de l’anglais.

Les inquiétudes exprimées par l’auteur sont tout à fait compréhensibles eu égard au contexte sociopolitique où elle vit. Toutefois, le fait de ne pas avoir mis en perspective cette réalité et la portée universelle caractérisant le ton de ses inquiétudes constituent les fondements qui sous-tendent le principal grief qu’on pourrait lui opposer.

L’amour d’une langue, quelque louable que soit ce sentiment, ne saurait faire l’économie de cette lucidité qui nous contraint de tenir compte des réalités objectives.


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