La question de l’enfant qui viendrait à terme dans une telle situation est bien une question majeure.
Mais il est la conséquence de choix divergents. Deux positions coexistent sur ce sujet :
"Me Hélène Poivey-Leclercq, avocate : « Un enfant comme on prend un animal de compagnie ? »
« Quand une femme tombe enceinte, de nos jours, c’est qu’elle a décidé de
l’être. Autrefois, le risque d’enfant était fort lors d’une relation
sexuelle et les hommes souvent responsables d’un comportement
désinvolte. Mais, aujourd’hui, avec huit moyens de contraception
différents, le rapport de force s’est inversé. On frôle l’abus de
confiance ou l’escroquerie de la part des femmes. Est-ce une façon de se
comporter que de “faire un bébé toute seule” ? Avoir un enfant comme on
prend un animal de compagnie ? Désormais, les hommes ne sont pères que
quand les femmes le décident. Pourtant, le droit n’évolue pas. Le
législateur est à côté de la plaque et aucun politique ne s’empare du
sujet.
La solution serait peut-être de continuer à rechercher la filiation
biologique mais à la détacher de ses conséquences civiles en termes de
pension alimentaire et de droits patrimoniaux.
À tous mes clients, j’explique qu’ils sont hyperexposés à ce genre de
pièges. Au début, ils s’imaginent que je leur raconte des horreurs mais
ils comprennent vite qu’ils vont devoir être prudents s’ils ne veulent
pas rejoindre l’amicale des victimes du canapé ! »
Adeline Gouttenoire, professeur de droit : « Aux hommes d’assumer »
Spécialiste du droit de la famille, Adeline Gouttenoire, enseigne à la faculté de Bordeaux-IV.
« Le principe est que l’enfant a besoin de connaître ses origines. Le
législateur considère donc qu’il est dans l’intérêt de l’enfant d’avoir
la possibilité de rechercher sa filiation et que, lorsqu’il est mineur,
c’est sa mère qui décide. Le droit est fait pour ériger des normes, pas
pour traiter des cas particuliers. On ne peut pas modifier la loi parce
que certains hommes sont naïfs ou ont pris le risque d’avoir une
relation sexuelle non protégée. Le message aux hommes est clair : si vous
prenez le risque de faire un enfant, vous l’assumez. Il ne serait pas
imaginable d’interdire une recherche de paternité au seul prétexte que
l’homme ne serait pas d’accord. Même s’il est vrai que des femmes
abusent et se débrouillent pour avoir un “enfant portefeuille” avec un
homme riche. De la même manière qu’au XIXe siècle des femmes tombaient
enceintes dans l’espoir de se faire épouser…"
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/01/28/01016-20130128ARTFIG00717-paternite-imposee.php
Pour ce qui est le la filiation, ne pas la reconnaître serait contraire à
la tendance actuelle qui veut qu’un enfant puisse connaître ses
origines biologiques, et c’est légitime. La loi pourrait procéder a
minima : si l’un des deux ne veut pas d’enfant (pas de consentement),
c’est lui qui l’emporte. On peut mettre des conditions : dans le cas d’un
couple formé, durable, on pourrait considérer que la venue d’un enfant
est dans les probabilités normales. Mais le problème du contentement est
toujours là.
Je rejoins Talion sur le fait que l’égalité absolue, dogmatique, comme on voudrait l’appliquer aujourd’hui, est un concept erroné. Ce qui concerne la grossesse, la parentalité et nombre de choses qui en découlent montrent la dissymétrie femmes-hommes. L’égalité de droits n’est pas possible ici si les deux volontés sont divergentes. De toutes façons, même si l’on accorde à l’homme un droit d’abandon moral (comme aux femmes pour la naissance sous X), l’enfant restera dans sa conscience.
La meilleure façon d’éviter une situation de paternité imposée ou de grossesse non désirée est d’abord la chasteté... en effet. Mais à notre époque cela a de la peine à passer...Et je ne suis pas certain d’y souscrire...
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