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Fergus Fergus 22 novembre 2013 14:04

Bonjour, Jean.

Je riais de bon cœur au soir des élections allemandes en entendant les journalistes, tous unanimes, parler ici d’une « victoire éclatante », là d’un « triomphe » de Merkel. C’était, à ce niveau de responsabilité médiatique, méconnaître de manière ahurissante le fonctionnement des institutions allemandes et les mentalités qui prévalent dans la vie politique de ce pays. Dès lors que Merkel n’avait pas la majorité, elle était contrainte à une coalition, sauf à retourner devant les électeurs pour un résultat des plus aléatoires et en donnant de surcroît une image brouillée de son pays. Une coalition qui, compte tenu des résultats et du contexte politique, passait par le SPD. Un SPD dont il était évident qu’il monnaierait très cher sa participation, notamment en imposant l’instauration de ce salaire minimum qui avait été au cœur de ses engagements.

Et ce qui devait arriver s’est bel et bien produit : bien que gagnante auréolée de sa « victoire éclatante », Merkel a dû céder sur ce point capital contre son gré. Belle illustration du pragmatisme allemand.

Cette nouvelle est, comme tu l’as souligné, excellente pour notre économie, l’Allemagne étant placée dans l’obligation de réévaluer de manière parfois importante (jusqu’à 3 euros de plus par heure de travail) des centaines de milliers de salaires, notamment dans des secteurs où nos activités industrielles ou agroalimentaires étaient en grand danger en raison du différentiel important du coût du travail entre les deux pays. Nous verrons ce qui en sortira, mais si le patronat allemand fait la gueule, le patronat français a, quant à lui, de bonnes raisons de se réjouir, et avec lui les ouvriers qui verront leurs emplois préservés.

Cet épisode de la vie politique allemande ouvre d’ailleurs des perspectives au niveau de l’Union européenne. Merkel ayant démontré qu’elle pouvait, dans l’adversité, faire preuve de pragmatisme, cela ouvre potentiellement des perspectives à une coalition des pays du sud de l’Europe, unis, sous peine d’éclatement de l’UE, pour tenter d’imposer à la chancelière une renégociation des traités en vue notamment de les assouplir et de modifier le fonctionnement de la BCE. Qui sait si Merkel ne montrerait pas alors le même pragmatisme ? Car une chose est sûre : un effondrement de l’Union serait une catastrophe économique pour tous, y compris son propre pays.

Cordialement.


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