M.Luçon,
Je suis d’accord avec sur l’analyse globale que vous faites du « passage » aux 35 heures. Cela s’est fait à effectif constant voire moindre avec augmentation de la productivité. Pour bon nombre de filières, cela était infaisable et irréaliste au vu des contraintes (notamment dans les hôpitaux).
On peut gloser à l’envi sur les fonctionnaires, mais force est de constater que quel que soit le parti, on tient à ses fonctionnaires territoriaux (on embauche par vision électoraliste, népotisme et/ou clientélisme !).
Il faut aussi prendre en compte le marché de l’emploi interne au pays qui diffère d’une nation à l’autre. Travail des femmes, intérim, CDD, activité partielles, etc.
Les caractéristiques de la France sont que nous sommes un pays où le travailleur a une des plus grande productivité au monde (ce qui a d’ailleurs entravé en partie la création d’emploi au passage des 35 heures), un plus grand nombre de salariés en intérim, plus de femmes au travail (grâce à la protection sociale !).
Malgré ce qui est dit, le passage au 35 heures a était producteur d’emplois
Cependant, l’incurie des « décideurs politiques », le conservatisme des bureaucrates d’état et la forteresse patronal ne permettent pas à notre pays de construire une vision à long terme de baisse du temps de travail.
Il faut aussi prendre en considération : la durée affichée à la durée effective de travail, la durée d’utilisation des équipements notamment par une nouvelle organisation du travail (2x8, 3x8, etc.), le financement de la RTT. Un salarié est-il productif à plein régime pendant toute la journée ? Je ne crois pas. La productivité baisse à mesure que le temps passe. D’où, aussi, la question de la fatigue, de l’épuisement, du turn-over, de la casse du collectif, etc.
Le patronat joue sur plusieurs tableaux afin de limiter voire supprimer les effets d’une baisse de la durée du travail avec les dérogations fournies par les lois et l’ assentiment des décideurs sur des pratiques illégales.
La solution n’est pas de revenir aux 39 heures (payées 35 comme le voudrait M. DASSAULT qui profite allègrement des commandes de l’état). Dans une conjoncture de fort chômage entretenu par les décideurs et le patronat pour faire du chantage à l’emploi et casser les droits sociaux durement acquis, il faut une contestation forte pour généraliser les 35 heures voire moins (je rappelle que c’était une revendication en Allemagne, il y a quelques années). Le temps libre recouvré pouvant être utilisé selon le bon vouloir des salariés.
Pour une étude poussée et très bien documentée, vous pouvez lire le livre de Gilbert Cette (chef des études macroéconomiques pour le France à la banque de France) et Dominique TADDEI (expert auprès de la commission européenne et de différents gouvernements sur l’aménagement du temps de travail). Le livre s’intitule : « Réduire la durée de Travail, de la théorie à la pratique » 10/1997 au livre de poche. Vous y trouverez l’historique des aménagements de la duré du temps de travail, des études d’exemple par pays (USA, Angleterre, Belgique, Suède,etc. et tout une étude pour la France).
Ces auteurs sont pour une baisse de la duré de travail dans un cadre concerté et financé.
Dernier point : pour les profs, comme pour d’autres professions, il na faut pas oublier la nouvelle politique de management issue des pratiques du privé qui font que beaucoup d’ activité chronophages sont venues alourdir le travail de coeur des ces professions, ex : évaluation, entretien avec les parents, mise en oeuvre de projet collectif, etc.
La question est trop complexe pour la résumé à quelques préjugés hâtivement lancés !