LetUsComment : « on a fait du mariage
une question “d’adultes qui s’aiment”,
alors qu’il est selon moi un pilier
sociétale en vue des enfants »
Selon moi : tout est dit…
Selon vous, mais pas selon la constitution, ni le code civil (si oui, quels articles SVP ?) ni aucune autre règle de droit.
La loi ne prescrit aucune finalité particulière au mariage.
Pour certains il s’agira de fonder une famille avec enfants, pour d’autres il s’agira de la consécration d’un amour, pour d’autres la reconnaissance sociale et officielle de leur vie de famille ou amoureuse, pour d’autres encore il s’agira de raisons patrimoniales, pour d’autres — plus rares — il pourra s’agir de l’alliance de deux familles (aristocratie, mariages arrangés…). Souvent plusieurs de ces raisons coexisteront, mais le code civil les accueille toutes sans en privilégier aucune.
(Par ailleurs, mariage & procréation ont cessé depuis longtemps de coincider : on se marie sans procréer mais, plus encore, on procrée sans se marier : en 2013 ce sont
57 % des enfants qui sont — en France — nés hors mariage ; et ces enfants n’ont pas moins de droits, vis-à-vis de leurs parents, que les enfants de couples mariés, et ils ne sont pas plus mal élevés non plus.)
Vous vous offusquez par ailleurs que l’on vous soupçonne bassement d’homophobie alors que — bien au contraire ! — vous n’auriez que de nobles & désintéressées préoccupations : l’intérêt des enfants.
Alors mettez-vous un instant à la place de ceux (dont je fais partie) qui sont favorables aux mariage & adoption par les couples de même sexe : nous avons la vive impression de voir des énergumènes qui, ne sachant pas comment dissimuler leur profonde et viscérale motivation (qui ne fait plus guère recette au XXIe siècle), se sont forgé de toutes pièces une cause élevée et qui n’aurait rien — mais alors rien de rien ! — à voir avec de l’homophobie.
Du temps qu’elle en était encore l’égérie, Frigide Barjot avait férocement interdit à tous ses suiveurs la moindre extériorisation de trace d’homophobie ; on a vu ce que ça a duré, et comment — accusée de mollesse, voire de traîtrise à la cause — elle a fini par être éjectée par le mouvement même qu’elle avait organisé.
Ce qui est fâcheux c’est que ce goût pour l’intérêt des enfants vous est venu, comment dire… sur le tard, tout subitement. Auparavant, que des parents élèvent seuls leur enfant, que des célibataires puissent adopter, cela n’avait pas suscité le moindre haussement de sourcils ; mais alors… que des homos puissent devenir parents, et là on déboule dans les rues par centaines de milliers !
Quant à votre couplet sur la nécessaire altérité, la complémentarité, dont un enfant de couple homo serait privé, c’est juste… du flan.
Vous avez beau chercher de quoi habiller un peu et rendre respectable ce semblant de préoccupation altruiste, il n’empêche que vos craintes & tergiversations embarrassées ne reposent sur… rien.
Comment voulez-vous donc, qui n’avez à opposer qu’une espèce de sentimentalité évaporée & irrationnelle — rien de concret ou d’objectif — que l’on ne vous soupçonne pas d’agir en réalité par ordinaire & banale homophobie ?
Et j’ajouterai même : une homophobie qui s’ignore, pour certains, tout convaincus qu’ils sont (par l’effet d’une sorte de méthode Coué) qu’ils n’en veulent pas du tout aux homosexuels (alors que jeter à la face des gens qu’ils nuiront — à cause même de ce qu’ils sont — à leurs enfants est, en soi, d’une violence inouïe).
Comment voulez-vous que l’on croie — alors même que des éléments concrets existent pour se forger un avis — à la sincérité de vos doutes sur l’intérêt des enfants ?
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« LES FACTEURS QUI INFLUENCENT L’AJUSTEMENT DES
ENFANTS NE SONT PAS DÉPENDANTS DU SEXE OU DE
L’ORIENTATION SEXUELLE DES PARENTS
Des centaines d’études ces 30 dernières années
ont élucidé les facteurs qui sont associés à un
ajustement sain des enfants & adolescents
— i. e. les influences qui permettent aux
enfants & adolescents de bien fonctionner dans
leur vie quotidienne.
Les trois plus importants sont :
(1) la qualité des relations parents-enfants ;
(2) la qualité des relations entre les adultes
qui comptent dans la vie des enfants & adolescents ;
(3) la disponibilité de ressources,
économiques et autres.
[…]
la vaste majorité des études scientifiques qui ont
comparé directement les parents gays & lesbiens
avec les parents hétérosexuels ont démontré avec
constance que les premiers sont des parents aussi
compétents & capables que les seconds, et que
leurs enfants sont tout aussi sains
psychologiquement, et aussi bien ajustés. »
La suite à lire (en anglais, p. 18 à 36) dans le
rapport de synthèse co-signé en 2013 par l’
American Psychiatric Association, l’
American Psychological Association, l’
American Medical Association, et quelques autres sociétés savantes d’importance comparable.
J’ai beau chercher, je ne vois décidément aucune autre raison in fine que l’homophobie.
Qui plus est… honteuse.