Les experts de l’œuvre de René Descartes doivent se compter sur quelques poignées de doigts.
Prétendre enterrer Descartes sur une pige, vous ne manquez pas d’air Bernard Dugué !!
L’immense majorité des gens aura retenu ce qu’on en a dit en cours de philo, au mieux certains se seront aventurés à lire son fameux texte philosophique Discours de la méthode (sous-titré Pour bien conduire sa raison, et chercher la vérité dans les sciences)
si je m’en tiens à Wikipedia, le Cogito, ergo sum (Je pense, donc je suis) exprime la première certitude qui résiste à un doute méthodique. Cherchant à refonder entièrement la connaissance, Descartes souhaite lui trouver un fondement solide, absolument certain. Cette recherche l’amène à la conclusion que seule sa propre existence, en tant que « chose qui pense », est certaine au départ. C’est cette découverte qu’exprime le « cogito ».
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cogito_ergo_sum
René Descartes, est considéré comme l’un des fondateurs de la philosophie moderne, en atteste cette phrase volontairement provocatrice : « Enfin Descartes vint ». Il formule en latin le cogito « je pense, donc je suis » – fondant ainsi le système des sciences sur le sujet connaissant face au monde qu’il se représente.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Descartes
Il est important de préciser que cette citation « je pense, donc je suis » est à replacer dans son contexte pour en apprécier justement la portée, mais aussi dans la phrase intégrale d’où elle a été extraite, pour en apprécier la conclusion et connaître le principe qu’il en déduit.
Son Discours livre une expérience, la sienne, son cheminement spirituel, ses méditations qu’il s’efforce de rendre simples et lisibles par tous en un petit livret « Ainsi mon dessein n’est pas d’enseigner ici la méthode que chacun doit suivre pour bien conduire sa raison ; mais de faire voir en quelle sorte j’ai tâché de conduire la mienne ».
Il exprime clairement ses pérégrinations, sa démarche, son but, « je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité » et après avoir reconsidéré toutes choses et rejeté ce qui ne lui paraissait pas entièrement indubitable, il arrive donc à cette conclusion ... qui le place complétement dépouillé au bord de son être, sans autres richesses (puisqu’il en est venu à tout rejeter pensant que tout pouvait être faux), que celle de cette solide certitude qu’il ne peut « le » nier sauf à renier ce « je » qui « est » , sentiment qui vaut son pesant d’or philosophal. Principe opposable à tous, inébranlable, et charpente telle un squelette sur laquelle s’édifie « son être ».
la phrase complète :
« Mais aussitôt après que je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse aussi quelque chose : et remarquant que cette vérité, je pense donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les extravagantes suppositions des sceptiques n’étaient pas capables d’ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchais. » (Discours de la méthode).
Nous sommes hors du champ intellectuel, cette assurance soudaine ne sort d’aucune pensée, c’est un ressenti sans équivoque, et, ce qu’il dit exprime ( d’après moi) le vécu d’une réalité métaphysique, qu’on caractérise sous le vocable d’ « ontologie » qui affirme autant « l’ être » que le sujet « je ».
On peut noter par ailleurs que dans l’expression latine exprimée « cogito, ergo sum », le latin comme pour d’autres langues ne connaissant pas le pronom personnel, le « sum » ne distingue pas le sujet du verbe, le « je » du « suis ».
La nuance publiée directement en latin était elle voulue par Descartes, la langue française ne pouvant rendre cette subtilité ?
J’ai si souvent eu l’impression que cette citation outrageusement tronquée, ce « je pense, donc je suis », ne faisait que réduire et torpiller sa pensée philosophique, car, pour avoir connu une expérience assez analogue, « je » lis dans son court témoignage une expérience clairement « mystique » qui « résultait » de la sincérité impeccable et désintéressée qui l’habitait (là est l’ingrédient indispensable sans lequel une grâce ne saurait apparaître éventuellement) dans sa démarche philosophique dont lui-même fût le premier surpris, au point qu’il ne ne pût s’empêcher de rendre compte de cette expérience personnelle.
Enterrer Descartes, pourquoi pas, mais qui viendrait remplacer ?
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