Si chacun définissait les mots à sa manière,
comment une communication serait-elle possible ?
Il n’y a pas le choix : il convient d’utiliser les mots dans leur acception usuelle.
Ce n’est pas au locuteur de donner le sens des mots de la langue, il doit se plier au sens existant.
Et si jamais l’on veut désigner une nouvelle notion, alors autant inventer un nouveau mot plutôt que de rendre ambigu un mot qui existe déjà.
La notion de matière telle que l’utilise Bakounine ne fait pas partie de la langue.
S’il ne parle pas correctement français, qu’il ne s’étonne pas des malentendus.
En logique, selon le modèle de Leibniz, Dieu n’est pas un signe qui désigne l’inconnaissable,
mais un signe qui désigne toutes les raisons antérieures inconnues qui ont aboutit à ce qui est aujourd’hui connu.
Ces raisons inconnues ne sont pas nécessairement inconnaissables, et l’on peut discourir à l’infini dessus, ce dont les gens ne se privent pas, y compris en science.
Si vous aviez réellement lu ma réflexion, vous l’auriez compris :
une théorie induite ne peut prétendre qu’à une certaine probabilité de vérité, par conséquent, il faut compenser la trop grande rigueur des définitions posées en prémisse par un terme indéfini, de manière à ce que cette approximativité des principes soit gardée en mémoire au cours des déductions qu’on en tirerait, et ce terme indéfini, Leibniz le nomme Dieu.
Comme ce terme est indéfini, il recouvre donc toutes les possibilités :
Ce n’est donc pas qu’on ne peut rien en dire, mais plutôt qu’on peut Tout en dire...
Quant au rasoir d’Ockham, c’est un principe de connaissance, c’est donc une idéologie, et le réel n’en a que faire de nos idéologies. Ce principe ne prévient nullement la multiplication des entités explicatives, en particulier lorsque la nécessité qui guide le chercheur est la sauvegarde de sa théorie erronée.
Prenez pour exemple la fin de l’Alchimie, où toute matière (qui contient de l’intelligence n’est-ce pas ?), est composée de 4 éléments seulement. Une vaine tentative de sauvegarder cette théorie est l’invention du phlogistique, entité logique supplémentaire. La chimie qui remplacera l’Alchimie contiendra pourtant beaucoup plus d’éléments que l’Alchimie : l’idée qui nous semblait à priori logique de minimiser le nombre d’entités était dans ce cas fausse.
Si j’évoque l’Alchimie, c’est à dessein :
En mélangeant tout dans son concept de matière, Bakounine en revient à l’Alchimie.
Il pose un principe nébuleux de matière, où rien n’est distinct, tout s’y mélange, choses inertes, choses animées, choses intelligentes... Comment voulez-vous parvenir à des déductions précises avec des principes aussi fumeux et imprécisément définis ?
L’utilisation de Dieu, selon la logique Leibnizienne, permet au contraire de définir aussi précisément que possible les principes, donc de parvenir aux déductions les plus précises possibles, l’indéfini étant versé intégralement en Dieu.
Bakounine nous bricole ainsi un principe de matière flou où il mélange tout : corps, lois, intelligence, mouvement... Mais comment peut-il alors espérer faire des déductions précises à partir d’une telle soupe ?
Comment ses continuateurs ne pourraient-ils pas sombrer à leur tour dans la confusion ?
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