côté pratique, j’émerge, depuis peu.
avant, la persécution, seul réel peut-être, avait fait son oeuvre, des décennies, coriaces, voraces.
je vois l’argent là, des miettes, qu’importe,
il passe, mais c’est chose à jamais étrange.
je ne sais pas ce que c’est qu’une banque, c’est pour les grands, et les morts.
je ne saurais jamais, tant mieux.
mais là c’est un peu plus drôle,
à partir du moment où vraiment on s’en fout, du rien de rien de rien, qu’ils sont tous morts,
bon, la persécution désespère, elle s’absurde peut-être, elle renonce, ça revient tout seul.
quant tout ce qu’il y a à regretter, on en a si bien fait le tour
qu’on en arrive à cette acrobatie de pouvoir même regretter... en avant !
alors ça reprend.
le jour, j’en croise de toutes les couleurs, mais le même.
depuis celui qui survit de justesse son repas du jour,
jusqu’aux palaces des millionnaires où je me promène dans la même lumière,
comme en défi à tout l’aveuglement,
& nul des deux ne se doute de l’autre,
moi, le pion, la pute, le silencieux.
j’en vois d’autres, encore, qui déboursent des sommes impayables sur des riens,
une balustrade, de la coke, des bouteilles, une robe, un noeud-pap, morts.
puis plus lucide, je regarde dedans, qu’est-ce qui me tient ? un espoir ?
non, attention, même plus, piège à con, laisser venir.
mais le pire alors ?
ah mais pas du tout, c’est là que le futé doit bien s’éveiller :
le pire est toujours, partout, autour, bien des formes...
le meilleur toujours à côté, d’autres formes, parfois les mêmes.
tout va donc dépendre de moi, de combien j’aime ma douleur ou pas,
de how much je me fouette ou pas.
la même main, le même oeil, le même bras, la même oreille.
l’ennui, c’est que là y’a deux muscles attention :
l’un facile, énergique, fier, il frappe, il me frappe, il sait y faire, on lui appris depuis si longtemps ;
en plus, il sait combiner, les suites de coups c’est pas un coup, ça fait orchestre !
et l’autre muscle, bien plus petit, un autre mouvement, beaucoup plus doux, subtil, plus puissant,
le poète,
lui ne gagne pas la partie dans tous les cas, il est d’emblée le toujours-gagnant,
il refuse même la langue, en amont de la logique du premier grand muscle qui frappe
et fabrique de toute pièce le cadre, le récit, détaillé, enchaîné surtout, d’un malheur même réel.
le poète décide, bon, j’ai le sourire ? dedans, dehors quelque part, un brin ?
voilà le sol - tout le reste lutte avec.
le second lui a le vertige, toujours, ce con, il se soucie des mélanges,
comment combiner à noircir, en complet, tout l’horizon,
comme l’enfant soucieux d’obscurcir toute l’a page,
c’est comme ça kill faulx ? non ?
non.
en vous lisant, et les commentaires, bon...
y’a donc oui, un problème réel.
moi j’ai pas, sinon, j’y serais quoi...
comme si y’avait beaucoup d’ailleurs réels...
mais même là j’hésiterai, avant.
pourquoi ?
parce que même si huissiers et copains, le problème n’est pas là.
je sais insultes, protestations etc., minute, minute...
en vous lisant, j’ai choisi ce texte, cette auteure, pourquoi ?
ici la vie !
tout le monde le sait, tout le monde est venu lire, ici, pour cela, d’abord...
et elle le sait.........
alinea la vie, dont je ne sais ni le nom
et si peu,
mais si peut aussi, celle-là.
alors elle dit quoi ?
le sublime mélange, sa grande spécialité, pas de concurrence là, tous écrasés.
donc la poésie est là, mais détournée,
une somme de petits riens, de réelles misères indéniables, de tous horizons
se sont rassemblées pour faire tout, un récit, une logique, une équation ;
tu m’étonnes qu’alors seulement le mot « issue » vienne couronner ce déroulement,
qu’elle serait dedans ! dans sa vie, dans cette vie,
que voilà c’est ça ton récit d’aujourd’hui rien que ça toi...
et si tu protestes, eh bien on va te relier tout ça à plein plein de souvenirs
pour que ça tienne,
et tu bouges plus, compris ?
alors bon, pas le genre à se laisser ligotter,
même si grande auto-ligotteuse avec l’ennemi parfois, sommeil ? lassitude ?
bref donc, elle bouge... mais non ! je veux la sortie, faut crever ?
et la sortie qu’elle cherche n’était que... sortie de la légende.
mais comme entre temps elle est capable de faire d’une sérieuse souris une remarquable montagne
(le grand muscle, le premier) et qu’en plus cette énergie, bon...
donc ça tourne en rond, elle y revient, y repense, pourtant elle était là pour l’écrire,
ni dans la situation, difficile, mais désormais établie, reçue,
ni même dans les souvenirs qui reviennent,
pleurer sur soi qui ne le fait, qui d’humain ?
donc elle fait, c’est aussi une oeuvre, un choix, un travail.
elle a endormi la poète pour un temps, sinon détournée,
et elle se consacre à cette lamentation, justifiée, un travail.
la légende.
tout y passe, tout le décor, toute l’histoire ancienne, des visages, hier, avant même,
puis tout de suite, demain, le cercle.
dans tout cela millions de bribes du paradis pur !!!
combiné savamment sous l’horizon de ? l’enfer...
elle est fidèle, elle ne trahirait pas cela ?
j’ai pas honte de lui écrie, seulement parce que je reviens de pire.
le matin, une avalanche de bad news peut-être, des ruminations à la pelle, que sais-je,
puis rien, une bêtise, un papillon, un oiseau qui dit encore une connerie.
ici alors, comme pour le muscle, deux :
l’adulte sérieux, sourcils froncés... mais le réel voyons, les réalités !
ton récit, ta légende ! broie ton noir, et sans sucre avale...
tu penses non ?
à côté, alinea l’enfant, même pas jeune, bien pire, genre 3 ans, 7 ans, celle qui s’en fout quoi, total,
mais vraiment, qui regarde même pas l’autre, qui comprendrait pas, pourquoi qu’elle rit pas, tout ça.
qui a toujours été là, quand on lui tend un siège en paille à la cuisine, timide, mais là.
à chaque fois que je vais tuer l’enfant, quel que soit le récit, le malheur est assuré, je me suis trahie.
l’enfant mangera,
le même chien sera beau, le même cheval aussi,
on ne s’assermente pas aux animaux, ils pigent pas le temps,
on dit demain sans savoir, pour soi.
on n’en perds pas une goutte de cette liberté hors du mythe en cours, du malheur de tout ça,
il y a les élements : feu, laine, eau, thé, etc.
ça suffit pour l’immensité.
une fois que ça suffit, plus rien, rien ne manque,
et alors, comme on s’en fout vraiment de la légende déferlante du réel qui insiste, il se dissipe,
il change de stratégie, le fric se met à débarquer,
il change de stratégie, tu veux pas essayer d’y croire un peu à moi ?
ptêt que si tu rattaches un peu, allez sérieux, à nouveau, on aura mal ?
moui, mais non, pas trop.
le paradis est si proche de l’enfer qu’il faut bien mesurer ses mouvements,
question de vie ou de mort.
question d’issue justement.
oui, la mort est bien la seule issue alinea, la mort à un récit ;
non pas qu’il ne soit réel, mais putain qu’est-ce qui est réel ?
mais simplement que tous les récits sont possibles et que, elle, fait partie des « à la plume »,
elle écrit, elle est cri,
depuis toujours, et pour longtemps.
alors il s’agit pas de crever mais d’être : infidèle ;
dernier obstacle : j’ai su être fidèle au choix, et infidèles aux pires.
mais quand je m’asseois, fatiguée, avec les pires,
comment être infidèle à moi-même ?
demandez à l’enfant.