jeudi 15 novembre 2007, par HistoireDuMonde.net
(La terreur de masse (1937-1940)
L’année suivante (1938), il est promu premier secrétaire en Ukraine. Comme à Moscou et dans le reste de l’URSS, il y met en œuvre les épurations sanglantes des Grandes Purges.
Ainsi, alors que le Bureau Politique avait fixé à 50 000 le nombre de gens à condamner à mort à Moscou, Khrouchtchev fait procéder à 55 741 exécutions, et le 10 juillet 1937, demande à Staline le « droit » de fusiller 2 000 ex-koulaks de plus pour remplir le quota pré-fixé.
Au printemps 1938, il est avec son ami proche Nikolaï Iejov le principal artisan de la Grande Terreur en Ukraine, où il fait arrêter 35 des 38 secrétaires des comités du Parti de la province et des villes. Il va souvent à Moscou apporter les listes collectives de condamnés directement à Staline et Molotov. À Kiev, la terreur conduite par Khrouchtchev et Iejov se conclut par 30 000 arrestations. Au total, la terreur qu’il orchestre en Ukraine aurait fait 106 119 victimes sur l’année 1938. Il soutient par ailleurs la tenue des procès de Moscou.
Parallèlement, comme tous les responsables staliniens, Khrouchtchev doit instaurer son propre culte de la personnalité dans son fief : ainsi les Ukraniens doivent-ils entonner un « chant pour Khrouchtchev » ou couvrir leurs murs de son portrait.
Lorsque l’URSS annexe une bonne partie de la Pologne grâce au pacte germano-soviétique, Khrouchtchev joue un rôle-clé à la soviétisation forcée des régions rattachées à l’Ukraine. On compte en un an 1 117 000 habitants déportés au Goulag, soit 10 % de la population. 30 % des déportés seront décédés un an plus tard. On compte aussi 60 000 arrestations et 50 000 fusillés[3].
La Grande Guerre patriotique et l’après-guerrePendant la Seconde Guerre Mondiale, il est commissaire politique au front, en particulier durant la bataille de Stalingrad où il joue un rôle important pour surveiller et galvaniser le commandement militaire. Lui-même doit rendre compte auprès de Staline qui lui fait plusieurs fois sentir la possibilité d’une disgrâce, surtout pendant l’offensive allemande du printemps 1942 en Ukraine.
Son fils Léonid Khrouchtchev, engagé dans l’aviation militaire, se tue en vol le 11 mars 1943. Son corps n’étant pas retrouvé, il est accusé de passage à l’ennemi. Sa veuve Lioubov est alors arrêtée et condamnée à 5 ans de camp de travail suivis de 5 ans d’exil. Elle ne reviendra à Moscou qu’en 1954. Nikita Khrouchtchev, qui a entre-temps élevé sa petite-fille Julia refusera alors de la revoir - Julia elle-même la verra en 1956, mais les deux femmes ne seront plus que des étrangère l’une à l’autre[4].
Après la guerre, Khrouchtchev est témoin privilégié des luttes de
clan qui se livrent autour d’un Staline vieillissant, qui lui-même
terrorise et humilie régulièrement son propre entourage. Khrouchtchev
développe en particulier une solide inimitié avec le chef de l’appareil
policier, Beria. Rappelé à Moscou, il est en charge des questions
agricoles. Il est régulièrement victime de sarcasmes et d’humiliations
de la part de Staline, envers qui ses doutes et sa répulsion augmentent,
même s’il affirmera dans ses Mémoires avoir pleuré sincèrement sa mort,
survenue le 5 mars 1953. )
Il va sans dire un homme qui a su tiré son épingle du jeux, pour un Stalinien pur jus, sa carrière est exemplaire... !
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