@ l’auteur,
Vous faites l’effort d’essayer de comprendre ce qui se passe dans
l’éducation et, donc, en soi, votre tentative est louable car
révélatrice d’un sens des responsabilité. Mais elle apparaît néanmoins
candide à celui qui a depuis longtemps fait le travail de s’éloigner des
normes de pensée afin de mieux en juger. Il est clair que vous resté
enfermé dans votre cercle épistémologique et que chacun des points de
votre argumentation pourrait être mis dans une perspective révélatrice
de ses faiblesses sans parler des points que vous n’abordez pas.
Ou, plutôt si, parlons-en, juste un seul, que vous avez complètement
manqué alors qu’il est essentiel ; je vois le tous les jours, partout,
ça se généralise complètement : les enseignants savent de moins en moins
tenir leur classe, ils ne savent plus éduquer, ils sont de moins en
moins capables de gérer les comportements individuels et collectifs, ils
sont de plus en plus en souffrance sous ce rapport et de moins en moins
disponibles pour les apprentissages et, surtout pour la nécessaire
différenciation pédagogique de sorte que de plus en plus d’élèves, les
plus fragiles, sont laissés sur le bord du chemin dans un état proche du
handicap social et psychologique tellement l’incapacité à s’adapter à
leurs besoins engendre chez eux une incapacité à penser, à s’exprimer, à
agir de manière adaptée.
En disant cela, je ne jette pas la pierre aux enseignants car vous avez
raison sur la plupart des points que vous avez soulevé mais, encore une
fois, il faut pointer cette incapacité actuelle de l’enseignant sous le
rapport de l’éducation (opposé ici à la seule instruction). Il y a
absence DRAMATIQUE de formation à ce sujet. Les enseignants ne savent
pas ce qu’est un cadre éducatif, ils n’ont que de vieux réflexe imités
d’ici ou là et chacun se débrouille comme il peut avec toujours ce
principe du « pas de vague » qui garantit l’absence de tout soutien de la
part de la hiérarchie.
Bref, tout cela est dramatique, misérable et se perpétue par
l’incapacité des enseignants à reconnaître qu’ils sont défaillants. Ce
qui veut dire que le « pas de vague » a aussi été intériosé par
l’enseignant lui-même qui est dans une défense narcissique jusqu’au
boutiste car il ne veut pas se reconnaître en échec.
C’est pourtant ce que tout bon professionnel est capable de faire :
reconnaître ses limites et demander de l’aide, passer le relais à des
spécialistes.
Faute de reconnaître le tableau que je décris, les enseignants jettent
les pierres à droite et à gauche, incriminent qui les élèves, qui les
parents, qui la hiérarchie de sorte que tout le système est doucement en
train de s’effondrer et de rouler vers le chaos sans que personne ne
parvienne à s’accorder sur la cause efficiente.
Permettez moi de la formuler : le premier devoir de l’autorité, c’est la
sécurité. Il n’y en a quasiment aucune dans les établissements
scolaires. La violence est reine et ne fait que croître. Il manque un
cadre éducatif qui permette à chacun d’être à sa place, de se sentir
protégé et aussi contenu par des sanctions JUSTES, ce qui veut dire
CONVENUES PAR TOUS, de manière démocratique.
En fait il manque à l’école une forme d’éducation qui soit pleinement et
entièrement démocratique plutôt fonctionnant encore et toujours dans
l’Ancien Régime, dans lequel les sanctions sont laissées à l’arbitraire
d’un pouvoir adulte qui se croit aussi tout-puissant qu’il s’imagine
bienveillant et JUSTE.
La régulation du comportement est le problème n°1 dans l’éducation comme
il l’est dans la société, ainsi que nos gouvernants le savent bien. Le
constant d’absence de démocratie au plan de la société dans son ensemble
explique que le même constat doive être fait dans l’éducation et que la
solution dans l’un et l’autre cas soit d’arriver à une démocratie réelle.
Voilà la cause des causes, celle sur laquelle nous pouvons agir car elle
est susceptible de faire consensus et, par conséquent, d’amener une
action résolue et énergique sans laquelle aucun changement véritable ne
peut avoir lieu.