Je suis medecin, je ne suis ni infectiologue, ni pneumologue, ni reanimateur. J’ai aidé ces spécialités en me mettant à leur service auprès des patients pendant le mois au cours duquel mon établissement à du s’arreter pour faire face à l’epidemie Covid. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi le traitement par hydroxychloroquine n’arrivera pas à être testé dans les conditions que vous souhaitez.
A chaque fois qu’un essais est publié, les tenants de ce traitement objectent deux arguments forts, l’hydroxychloroquine n’aurait pas été associée à un macrolide ( dont l’azIthromycine ) et l’étude a porté sur des patients hospitalisés, donc en phase de gène respiratoire. L’ étude devrait donc se porter sur les patients à domicile avec ces deux traitements.
Je vais rappeler quelques hypothèses de base concernant le COVID et ces traitements. Le Covid tue en très grande majorité des patients âgés ou fragile sur la sphère cardio-vasculaire ( diabétique, coronarien, hypertendu mal contrôlés). L’hydroxychloroquine a peu d’effet secondaire, un d’eux, rare, est le trouble du rythme cardiaque. Les macrolides ont peu d’effet secondaire, l’un d’eux rare est le trouble du rythme cardiaque.
On propose donc un traitement qui associe deux médicaments dont les effets secondaires se croisent sur une population qui sera le plus sensible à cet effet secondaire. Ceci est possible, mais vous imaginez bien que cela ne peut se faire sans surveillance. Une étude portant sur des patients n’ayant pas ces facteurs de risques prouvera que le traitement n’a pas d’effet secondaire mais ce traitement a il alors un intérêt. Les études sur les patients hospitalisés qui ont ces facteurs de risques ont été réalisés et montrent que ce traitement est morbide en augmentant leur mortalité.
Maintenant, je vais essayer de vous représenter ce qu’est une étude par tirage au sort. C’est super, super, super pénible. C’est un tombereau de paperasse que vous n’imaginez pas. La plupart de ces études n’arrivent pas à terme parce qu’un traitement plus prometteur est proposé pendant la phase d’inclusion des patients. En medecine de ville, pour une pathologie benigne dans la très grande majorité des cas, vous aurez un nombre de perdu de vue extrêmement élevés qui rendra l’interprétation de vos résultats impossibles. En hospitalisation, alors que le patient est à votre disposition, que beaucoup de médecins sont disponibles parce que mis au chômage forcé par l’épidémie, vous pouvez inclure les patients, surveiller les effets secondaires, la prise effective du traitement et noter son efficacité. A domicile ou en cabinet de consultation, ce n’est pas plus dur, c’est impossible. Seul un regime totalitaire, sequestrant ces patients bien portant, leur administrant le traitement ou son placebo sans leur consentement et avec une surveillance policière quotidienne de leur prise effective et de leur résultats pourrait arriver à réaliser cette étude chez des patients bien portants sans perdus de vue.
Comment juger l’efficacité de ce traitement ? On peut reprélever les patients à la fin du traitement pour juger du taux de portage du coronavirus, on peut quantifier le taux d’hospitalisation et le taux de passage en reanimation ainsi que le taux de mortalité.
Pour le taux de portage du virus, l’etude a déjà été faite pour l’hydroxychloroquine seule ( sans le macrolide) en double aveugle sans montrer d’éfficacité. Une étude a été initié en double aveugle parmi les soignants pour déterminer si la prise d’hydroxychloroquine diminuait leur risque d’etre infecté, malheureusement il s’est révélé que les soignants sensibilisés, se protégaient très bien et n’étaient pas infectés, l’etude a donc peu de chance de conclure à quoi que ce soit
Pour le taux d’hospitalisation et de passage en reanimation, il s’agit de critere subjectif dependant de l’observateur et du patient, l’étude doit alors être non seulement randomisé mais surtout double aveugle. Alors que vous savez qu’ un des groupes a plus de chance de mourir de toxicité cardiaque, une fois hospitalisé, ce double aveugle n’est pas tenable. Il vous reste comme critere objectif le taux de mortalité.
Vous programmez donc une étude associant hydroxychloroquine et azIthromycine chez des patients bien portant sans facteurs de risques cardio-vasculaire, capables de comprendre les tenants et aboutissants du traitement, de lire ses kilos de papiers en y apposant leur signature avec pour critère d’efficacité la mortalité. Cette population a un taux de mortalité très faible, elle ressemble à celle du Charles de Gaulle, 1100 contaminés, zero mort, un passage en rea. Il va vous falloir énormément, énormément de patient pour prouver une efficacité. L’etude programmée à Poitier tablait sur 1300 patients nécessaires. Aujourd’hui alors que doivent être exclu les patients avec des facteurs de risques de trouble du rythme cardiaque, ce chiffre me semble extrêmement faible car dans cette population le taux de mortalité est plus proche du un pour mille que du un pour cent. Même si l’hydroxychloroquine divisait par deux la mortalité, il vous faudrait 10 000 patients pour le prouver.
A nouveau, seul un regime totalitaire pourra réaliser cette étude, évidemment si ces résultats sont négatifs, ils ne seront pas publiés…Je vous assure, il y a plus méchant que vos bigpharma.
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