En quelques messages, nous avons la diversité des opinions sur le sujet des langues, c’est assez représentatif.
Tonio :
« et ce n’est pas en attaquant Erasmus mundus que la défense de la langue française se fera. »
Pourtant, les petits ruisseaux font les grandes rivières, et ce n’est pas non plus en en faisant rien, en ne protestant contre rien que l’anglais reculera. Par exemple, si le logo « together since 1957 » a été décliné dans toutes les langues, c’est bien parce que ça a choqué certains européens. Mais un symbole comme ce logo n’est rien, il faut s’attaquer aux problèmes structurels, au fond du problème : la communication, l’égalité des langues dans l’UE, la préservation de la diversité linguistique.
Jojo2 :
"D’où l’importance de maîtriser cette langue si on veut faire carrière en sciences. La pratique de l’anglais est banale lors de ces études dans les pays scandinaves. Je crois même que l’enseignement de la médecine au Danemark est fait en anglais, et qu’il n’existe pas de livres médicaux en danois. C’est peut-être triste, mais c’est comme ça et c’est irréversible. "
Le latin est la langue de l’Empire romain, c’est irréversible. L’esclavage dure depuis des siècles, c’est comme ça (il existe malheureusement toujours sous une forme ou une autre), les femmes n’auront jamais le droit de vote., etc.
Ces pays nordiques qui font une partie de l’enseignement médical en anglais (et que les médias nous citent en exemple...) ont vu leur vocabulaire scientifique dépérir, et leur langue avec. Qui aurait l’idée d’apprendre sérieusement le suédois (sans y habiter ou y travailler) ? Le suédois, pourtant une des langues officielles de la Finlande, y est de moins en moins parlé, au bénéfice de l’anglais.
Cette situation hégémonique dans certaines sciences (pas toutes) n’ a rien d’irréversible : le journal JAMA ( journal of the american medical association) vient d’annoncer le lancement d’une édition française (déjà sur la toile), ne me demandez pas pourquoi je n’en sais rien. HAL, (hyper-article en ligne), système d’archivage gratuit en ligne d’articles scientifiques a été lancé il y a 8 mois par une association de grandes écoles et centres français, l’archivage s’y fera beaucoup en anglais certes, mais il sera plurilingue donc possible en français ou dans les deux langues, au bon vouloir des chercheurs.. Les syndicats ont récemment obtenu en justice confirmation du droit de travailler en français e France. A la suite des accidents de radiothérapie où l’usage d’un logiciel en anglais a joué un rôle (partiel), le ministre de la santé a annoncé leur interdiction sur tous les sites. L’injustice est-elle irréversible ?
Helios :
« (...)toutes les chaînes de télévisions francophones sont payantes sur les satellites alors que les chaînes anglophones sont libres... la diffusion de la langue passe aussi par là. Nous avons abdiqué grâce à quelques entreprises voraces et bien introduites » Merci de votre soutien. Mais l’Etat lui-même et pas seulement les entreprises privées se rend complice du déclin du français dans l’UE : par exemple cette aberration de France 24, une chaîne d’infos en anglais moitié privée, financée donc pour moitié par nos impôts ! par exmple, la récente réforme « des » langues à l’école primaire qui n’aboutit qu’à impose r l’anglais sans aucun choix dans la majorité des cas (parfois un choix allemand ou langue régionale), dérive qu’avait pourtant anticipée le rapport sénatorial Legendre (dispo en ligne).
Gnarf :
« Vous voulez defendre la langue Francaise par des mesures...alors qu’une langue doit se defendre toute seule. » « Concernant les etudes et la science, la France est absolument hors-jeu depuis belle lurette. » l’idée que l’influence des langues et leur diffusion résulte d’un processus naturel revient souvent, et souvent sous la plume des défenseurs de l’anglais... Je trouve ça assez naïf au vu des sommes énormes dépensées par les Usa pour la promotion de leur langue et leur culture depuis 1945 (voir l’émission hier sur Arte et le débat), de l’intensité du lobbying (oups) à Bruxelles et en France même. Vous avez une opinion de la science en France qui ne correspond pas à la réalité : il suffit de voir le TGV, l’airbus européen, les maths, la médecine. Le classement récemment publié qui était défavorable aux universités françaises est très suspect : les facs parisiennes sont éclatées en de multiples unités, il suffirait qu’elles soient regroupées en trois ou quatre grandes entités genre campus américains pour remonter ipso facto de plusieurs rangs en terme de publications. Quand l’Institut Pasteur a eu un long procès avec les américains au sujet du Sida (Pr. Montagner) ils ont gagné. Malheureusement, ils publient en anglais maintenant... Probablement que les avocats américains ne leur ont pas demandé assez ! Mais c’était tout de même l’équipe américaine qui avait triché, non l’inverse. Eh oui, la concurrence acharnée, la triche, les publications bidons, la rétention d’articles non-anglophones, tout ça existe dans le monde pas toujours moral de la recherche. C’est donc bien une guerre linguistique avec des enjeux énormes à la clé.
Fab :
Bien d’accord avec vous sur la « CNN » à la française. Pour le reste, je rappelle que j’attirais l’attention sur Erasmus mundus, et non sur Erasmus.
Véronique :
Une nouvelle fois, je rappelle que je parle du volet Erasmus mundus, jamais cité par les médias, on se demande pourquoi, et dont plus de 80% des programmes sont en anglais y compris dans les universités françaises (j’ai indiqué le lien si vous voulez vérifier les programmes agréés pour 2007). Quand des universités françaises organisent des cours en anglais, quel message font-elles passer au monde entier ? Que la modernité, la science sont en anglais. On troque deux avantages à court terme (présence d’étudiants étrangers hors UE et subventions européennes) contre un déclin à moyen terme alors que la science française se porte honorablement eu égard à ses difficultés financières. Quand à savoir comment on peut se faire une opinion sur Erasmus sans avoir rencontré un étudiant y ayant participé, je vous retourne la question : comment un scientifique peut-il se faire une idée de mars ou de l’univers sans y être allé ? Quel physicien a vu de ses yeux un quark ? J’ai lu les différents témoignages (dont les déçus ou exclus), les divers documents disponibles en ligne, le détail des programmes - la mention que les cours en France seront en anglais n’est pas facile à trouver, on se demande pourquoi.
Quant à mon titre, il était évidemment destiné à choquer, ainsi que le texte de présentation, comment dit-on en français déjà ? Ah oui : le pitch.
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