Je suis directement concerné par ce projet de restriction de la liberté d’installation, puisque je suis un jeune médecin, pour l’instant hospitalier, mais qui envisage de m’installer en libéral. En plus, je suis sur la Côte d’Azur, donc dans une zone dite « surdotée » en médecins.
Cette mesure, c’est une mauvaise réponse à un vrai problème.
Le problème, c’est le manque de médecins en zone rurale, ET PAS L’EXCES DE MEDECINS EN ZONES « SURDOTEES ». La nuance est importante.
Ceux qui ont pondu cette loi, et une partie des contributeurs, semblent penser qu’il va de soi que les médecins qui se heurteront à l’impossibilité de s’installer où ils le veulent iront s’installer par défaut « à la campagne », dans la Creuse ou dans la Meuse.
Rien n’est moins sûr.
Car le choix n’est pas binaire entre s’installer en zone surdotée et en zone sous dotée. Par exemple, en ce qui me concerne, les choix sont, en vrac, les suivants :
1-rester à l’hôpital où je suis, sur la Côte
2-changer d’hôpital en restant à proximité
3-changer d’hôpital en changeant de région
4-m’installer en libéral à proximité (ce qui serait impossible avec la nouvelle loi)
5-m’installer en libéral à proximité en étant non conventionné (c’est-à-dire que mes patients ne seraient pas remboursés de leurs consultations)
6-m’installer en libéral en zone normalement dotée
7-m’installer en libéral en zone sous-dotée, loin d’ici
8-m’installer comme médecin remplaçant à temps plein
9-rechercher du côté de la médecine salariée : dans l’industrie pharmaceutique, ou comme « consultant » d’entreprises
10-m’installer dans un autre pays de l’Union Européenne, voire ailleurs
11-trouver du boulot dans une autre branche
12-devenir « homme au foyer »
Et j’en oublie peut-être. Pour que cette loi atteigne le but recherché, il faudrait que, dans la hiérarchie de leurs choix, la plupart des médecins placent en n°1 « s’installer en libéral en zone surdotée » et en n°2 « s’installer en libéral en zone sous-dotée », ce qui, croyez-moi, n’est pas le cas.
Ce n’est pas à coups de bâton qu’on incitera les médecins à aller dans les déserts médicaux.
En ce qui me concerne, si on veut m’empêcher de m’installer en libéral là où je vis actuellement, soit je resterai à l’hôpital, soit je prospecterai du côté du « consulting » en entreprise, à moins que je tente l’aventure de l’installation non conventionné.
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