Monsieur Bilger, avec une certaine délectation propre à votre vocabulaire et au personnage de référence que vous représentez à mes yeux par l’admiration que je vous porte, je trouve votre lettre très éloquente, et très précise sur les différents points de réforme retenus. Premier soutien de notre Garde des Sceaux, je considère toutefois que ses apparitions publiques et mondaines n’entachent en rien les qualités qu’elle détient et la conception nouvelle qu’elle apporte. La force de notre garde des Sceaux réside surtout dans cette différence avec ces précédents, avec des qualités plus humaines et plus proches des besoins du justiciable. Notre ministre au parcours atypique amène un souffle nouveau, rompant avec le caractère austère et technocratique des gens des ministères, surtout des gens qui loins du terrain n’arrivent plus à considérer la réalité des situations. Ce style nouveau peut se définir comme une reconsidération de l’autorité judiciaire si longtemps stigmatisé par nos concitoyens. Très appréciée par une grande partie de la population, je ne pense pas toutefois que certaines apparitions dans une certaine presse décriée puisse avoir un impact profond sur la qualité de son action, car comme vous le savez la vie privée des personnes publiques est malheureusement « exposable » à merci. Je comprends totalement vos inquiétudes, mais je ne n’arrive pas à penser que chaque sortie plus ou moins publique de sa part puisse nuire autant au domaine de l’exercice du corps judiciaire. En restant grand admirateur de vos écrits et de votre puissante sagacité, je voulais juste vous faire parvenir mon humble avis de jeune juriste.
Cordialement.