J’ai entendu, et lu, plusieurs fois Maurice G.Dantec affirmer qu’il ne fait aucun plan de ses romans, qu’il n’a aucune idée de la fin d’une de ses histoires lorsqu’il en commence l’écriture. Sachant cela, j’ai souvent été fasciné en entendant son argumentation lorsqu’il répond aux journalistes qui l’interrogent sur ses oeuvres. Hors, c’est justement grâce à son mode d’écriture que MGD a une telle argumentation au sujet de ses romans. En plus d’un QI et de connaissances qui ne sont pas moindre, il faut le dire.
Dans l’interview ci dessus, il dit au journaliste, en parlant de son dernier livre, que « l’idée de trois récits singuliers formant un roman unique s’est imposée, comme image de la Trinité ». Je suppose donc que cette idée ne s’est pas imposée dans une phase préalable de construction du roman avant la phase d’écriture mais pendant et, je suppose, au début de cette phase. Et elle ne s’est certainement pas non plus imposée d’un coup, elle est sans doute survenue après un certain temps de réflexion, d’analyse. C’est cette réflexion continuelle à laquelle il doit se soumettre pendant la construction de ses romans qui lui permet de construire l’argumentation qu’il va servir aux journalistes lors de la promotion de ces derniers. Et puisque à travers n’importe lequel de ses romans, un écrivain parle avant tout de lui-même, Monsieur Dantec procède ainsi à une sorte d’analyse de lui-même en même temps qu’a une auto-suggestion concernant la forme de son roman.
J’aimerais pouvoir lire à nouveau des romans de Maurice G Dantec de la première à la dernière page. J’avais beaucoup apprécié La Sirène Rouge, Les Racines du Mal, Babylon Babies. Je pense même pouvoir les apprécier encore. J’avais également apprécié Le Théâtre des Opérations, Laboratoire de Catastrophe Général. Bien que mon manque de culture et mon coté nihiliste de l’époque on fait que je ne maîtrisais pas tous les sujets abordés, surtout dans le Laboratoire.
Au jour d’aujourd’hui, je crois que je pourrais me faire à la sauce hyper catho dans laquelle beigne la littérature de MGD malgré le fait que ça ne soit pas ma tasse de thé (tout le monde l’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes) si seulement celui-ci écrivait en prenant conscience et en mettant un frein à son amour/haine de lui-même. Un peu de modestie, merde !
Encore faudrait-il aussi qu’il réflechisse à nouveau à la structure narrative de ses romans avant d’entrer tout à fait dans la phase d’écriture, qu’il construise un plan. Cela lui permettrait sans doute de faire des romans beaucoup moins indigestes que les derniers.
Si un ou des architectes n’avaient pas fait un plan des deux Tours du World-Trade-Center et que leurs constructions avaient débutés sans réflexions ni décisions préalables à propos de la structure et des matériaux à utiliser, et s’ils avaient pu aller au bout, je n’aurais pas de mal à croire que deux avions les percuttant à leur sommet puissent les faire tomber en poussière sur leur base. Mais les choses ne se passent pas ainsi et c’est la même chose pour un roman. Surtout lorsqu’il fait plus de 700 pages ...
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