Quelques remarques sur votre message à Skirlet :
« Je n’ai pas la prétention de changer le monde, effectivement, et trouve cela déjà assez difficile de s’y adapter. L’entêtement ne me semble pas une vertu non plus. »
Gandhi trouverait ça contestable ! Sans être un Gandhi, on peut néanmoins suivre la voie de ceux qui tentent de le changer, et pacifiquement, par le dialogue.
« Mais si vous allez jusqu’au bout de vos pensées, poussez vos enfants à apprendre l’EO et surtout ne leur enseignez pas l’anglais... on verra plus tard ce qu’ils en penseront. Prendriez-vous une telle responsabilité ? Voilà, bonsoir et à demain peut-être. »
Effectivement, ils font un peu d’espéranto. Mais, comme je l’explique, ils sont obligés de faire de l’anglais car celui-ci est devenu obligatoire en France, en toute hypocrisie (dans les faits mais pas dans les règles, subtilement, par exemple dans certaines 6e, le « choix » n’est qu’entre anglais ou bilingue anglais/allemand !). Une incroyable campagne vise à nous faire croire qu’on ne peut vivre sans anglais ! Celui-ci n’est indispensable que pour certains métiers bien précis. Et parfois une fraction de certains métiers. Même si un gosse devient chercheur, il pourra assez facilement apprendre le vocabulaire technique nécessaire à la compréhension de ses articles, qui contiennent peu d’idiotismes et essaient d’être clairs et directs, ils sont déjà assez compliqués naturellement. Aucune étude n’a montré de supériorité à l’apprentissage précoce des langues (hormis l’apprentissage des sons différents), on peut très bien commencer plus tard. Personnellement, je pense plus utile une initiation large et basique aux différentes langues européennes, aux différents sons et alphabets, et plus tard au lycée, selon le métier envisagé ou les traditions familiales, un système de modules de langues plus souple. Votre situation personnelle est particulière et ne peut être généralisée à tout l’enseignement.
De toute manière, les enfants peuvent-ils tout faire ? Violon, piano, tennis, foot, ski, danse, équitation, rugby, dessin, chant, ordinateur, russe, chinois, arabe, espagnol, théâtre, et dieu sait quoi encore chaque semaine ? Il faut aussi jouer, rêver.
« Les emprunts de mots étrangers existent dans toutes les langues... et c’est tant mieux. Cela aide aux évolutions linguistiques... et personne ne décide de rien, encore une fois. »
Evidemment que les langues échangent des mots, nous sommes au courant, mais point trop n’en faut. Et que personne ne décide rien, non, au contraire : chacun est libre de décider. Personnellement, je n’ai rien contre « boycott » par exemple, mais si je décide d’utiliser courriel plutôt que mail ou email, c’est mon choix, encore faut-il qu’une commission de terminologie comme celle du Québec nous aide en proposant des équivalents, et que les médias ne gavent pas d’anglicismes jusqu’à la nausée ; ensuite aux usagers de suivre ou pas. De même pour « intelligence économique » (veille ou espionnage), ou think tank (cercle de réflexion), etc. Est-ce que vous cliquez sur votre « mouse » comme les Italiens ?
« Il faudrait développer votre conception de « qualité linguistique ». Y a-t-il ainsi de bonnes langues et de mauvaises langues ? Je ne dis pas que l’anglais soit simple mais qu’on peut en tirer un moyen de communication simplifié. Le français n’est pas plus logique que l’anglais, voire encore moins à l’écrit »
L’idée de base n’est pas bonne ou mauvaise langue, mais les qualités que doit avoir une langue auxiliaire internationale. En premier lieu, la simplicité qui permet un apprentissage plus rapide pour le plus grand nombre, loin de l’élitisme des langues difficiles comme l’anglais ou le français. Car si faire un match anglais/français sur le plan de la difficulté n’a pas de sens, l’espéranto, lui, est très largement plus facile, il suffit de connaître ses principes pour comprendre pourquoi (1 heure de lecture et de curiosité suffit), et de se rappeler qu’on parle de simplicité non de simplisme ou de pauvreté de la langue. Bon nombre des difficultés des langues n’apportent strictement rien sur le plan sémantique.
« Je maintiens donc, une langue, contrairement à ce qu’a pu faire Zamenhof avec l’EO, ne se décide pas arbitrairement, comme on assemble des pièces d’un jeu de Lego (la comparaison n’est pas de moi). » « (pas de décisions arbitraires possibles concernant les langues). »
En gros, vous dites qu’une chose qui existe n’existe pas. D’autre part, l’Eo est à peine plus artificiel que le français, puisque tous les mots et toutes les idées structurelles sont issues de diverses autres langues, donc de l’esprit humain, de histoire. Zamenhof en a fait une synthèse assez géniale, mais comme pour les langues dites naturelles, ce sont les centaines de générations passées qui ont créé tout ça. De plus, nombre de langues « naturelles » ont fait l’objet de remaniements en profondeur (russe, italien, indonésien, hébreu, maltais, entre autres). Où est la différence ? Vous voyez bien que de nombreuses décisions arbitraires ont concerné diverses langues, pourquoi soutenir le contraire contre toute évidence ?
« En traduisant on doit intégrer une donnée très difficile, pas mesurable, qui s’appelle l’usage de la langue cible. C’est tellement difficile que seuls les natifs d’une langue peuvent l’utiliser comme langue cible. C’est ce qui fait qu’une traduction est bonne ou non. Aucun traducteur (littéraire j’entends) ne traduit dans les deux sens. Il doit bien y avoir une raison. L’EO n’ayant pas de passif n’obéit bien sûr pas à cette règle de l’acquis, de l’usage qui est la caractéristique d’une langue. »
Ce thème de la traduction est intéressant ; là encore, comme pour le temps d’étude, l’espéranto est une exception puisque effectivement les traducteurs le font vers une langue seconde. La plus grande facilité permet à chacun d’arriver à un meilleur niveau que celui qu’il aurait en anglais ou allemand ou autre avec le même temps d’étude, et donc les plus mordus ou les plus doués pourront se permettre de traduire non pas vers leur langue native mais seconde. Vous le pensez impossible ? Pourtant, lorsque les médias encensent tel ou tel grand représentant de la francophonie qui écrit en français alors que ce n’est pas sa première langue, tout le monde trouve ça bien et naturel, un exemple à suivre, et personne n’oserait critiquer le français de cet écrivain (à juste titre) qui est arrivé à des sommets dans une langue seconde. Et s’il fait de la traduction vers le français, personne non plus ne le critiquera. C’est pareil.
Qui plus est, c’est une chose facile à tester, les qualités comparatives des langues comme langues pont dans la traduction : faire traduire un texte par des traducteurs reconnus, puis une retraduction inverse par un traducteur différent, et comparer la version d’origine avec la version de rétro-traduction. Puis comparer les variations obtenues dans les différentes langues. Je crois que cela a déjà été fait, et que l’eo s’en est sorti avec les honneurs, devant les autres langues du fait de sa précision. Que cela soit difficile à croire est normal. Mais pourquoi l’UE, qui claque des millions d’euros dans des projets absurdes ou pour soutenir l’anglais (Erasmus mundus), ne dépenserait-elle pas quelques milliers d’euros dans de telles études ? Ils répondent qu’il ne leur appartient pas de favoriser ni d’étudier l’idée d’une langue auxiliaire puisque l’idée européenne est la diversité linguistique, cette même diversité qu’ils massacrent allègrement !
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