A tous ceux qui pensent que "le monde est comme ça, on n’y peut rien". Rappel : si tout le monde avait toujours pensé comme vous, les Africains seraient encore des nègres en esclavage, les femmes ne voteraient toujours pas, et, à la limite, la Terre serait encore plate. Asséner "y’a toujours eu des pauvres", c’est un non argument qui ne démontre que du je-m’en-foutisme de bien logé.

Sur le sujet de l’article, maintenant. Un produit proche de la DLC n’est plus mauvais (ni meilleur d’ailleurs) qu’un produit loin de la même DLC. Vendre ces produits n’est donc pas un drame. Par contre, ce qui l’est, comme souligné par plusieurs commentateurs ici, c’est la qualité ignoble des produits agros-industriels à bas prix. Vendre une telle merde, quelle que soit sa durée de consommation prévue, c’est honteux. Et que penser des prix grimpants en flèches sur les produits de base ? "On" nous dit, c’est à cause du prix du pétrole, qui augmente les prix des producteurs, transformateurs, transporteurs. Mon oeil, ouais. Ce qui fait augmenter les prix de la bouffe, c’est la spéculation sur les denrées végétales (base de l’alimentation humaine, directement = pâtes, farine, etc, ou indirectement = soja, maïs pour l’élevage). Et pourquoi y a-t-il spéculation sur les denrées végétale ? Pour satisfaire un futur marché du "bio" (mrphh, ça arrache de dire ça !)-éthanol.

En clair, les pauvres, vous bouffez la merde qu’on vous abandonne à très cher (plus que ce qu’elle vaut en tout cas), tout simplement parce que même les moteurs des bagnoles des riches n’en veulent pas. La bouffe prend du prix pour que les bobos en 4x4 puissent rouler à l’éthanol la conscience (environnementale) tranquille.

Le rapport de Jean Ziegler, rapporteur spécial auprès des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, établissait il y a un ou deux ans que l’humanité produit aujourd’hui assez de calories pour nourrir 12 milliards d’êtres humains. Même en admettant une certaine perte, même en admettant des chiffres un peu surestimés (y’a toujours une marge d’erreur), disons 10 milliards. Nous sommes 6,5 milliards, ou un peu plus maintenant, et il y en a encore 800 millions qui sont chroniquement sous-nourris. Cherchez l’erreur. Ou passe la différence ?

Ce qui est dégueulasse, ce n’est pas de chercher à vendre des produits qui sont proches de la date, c’est plutôt de continuer à se contenter de fabriquer de la bouffe de merde pour certains (colorants, additifs, pesticides, antibiotiques, sel, sucres, etc), tandis que d’autres se délectent de la super qualité, et font rouler leur caisse avec la bouffe des premiers. Il paraît que le Marché (loué soit Son nom) est la meilleure manière d’allouer les ressources pour une utilisation optimale. Eh bien moi, quand le Marché (hué soit Son nom) alloue les ressources alimentaires préférentiellement aux marchands de carburant, quand des centaines de millions d’humains crèvent de faim, j’appelle ça un crime.