@Mohamed Pascal Hilout
Bonjour,
Il y tout de même quelque chose de paradoxal dans votre rhétorique au
sujet de la dignité. D’un côté vous affirmez qu’"un musulman est un
être humain, digne de respect" et, de l’autre, vous estimez que les
musulmans sont « vecteurs malgré eux d’une réelle maladie » que serait
l’Islam.
Que vous puissiez assimiler la foi musulmane à une forme d’aliénation
ne me heurte pas. En revanche, il me paraît contraire à l’idée de
dignité humaine de décréter que cette « aliénation » ne serait pas
librement consentie par une majorité de musulmans. Critiquer le dogme
est une chose, dénier toute autonomie personnelle à ceux qui peuvent
s’en réclamer en est une autre.
Car si l’on considère que la dignité humaine, c’est-à-dire ce qui fait
l’essence de l’humanité et qui distingue l’homme de la chose ou de
l’animal, c’est sa capacité à vouloir ce qu’il fait (par opposition à
un animal essentiellement dominé par ses instincts), il me semble que
votre assimilation du musulman à un malade subissant une sorte
d’affection mentale constitue en soi une négation de cette capacité à
vouloir des citoyens musulmans, et donc un déni leur dignité. Or, dans
votre propos, les musulmans sont assimilés à des êtres incapables de
faire usage de leur liberté à bon escient, réduits au statut d’objets
dénués de volonté individuelle, bref à des accessoires d’un dogme
nécessairement suspect. Sous prétexte de défendre la dignité humaine,
vous commencer donc par décréter l’infériorité de certains individus.
Pour preuve, si j’ai bonne mémoire, les actions de Riposte Laïque ne se
limitent pas à faire œuvre de pédagogie, mais consistent également à
réclamer des lois censées interdire certaines pratiques de l’Islam. Il
me semble ainsi avoir lu sur votre site une demande d’interdiction pure
et simple du voile - et non de la seule burqa - dans l’espace public...
Or, ces appels au législateur visent clairement à faire restreindre
l’autonomie personnelle des musulmans, et à leur imposer « la bonne
pratique » de l’Islam. C’est oublier que la loi de 1905 a précisément
marqué la rupture avec la tradition gallicane, et que l’Etat n’a pas à
intervenir dans l’élaboration des doctrines religieuses, et moins
encore dans la réglementation des pratiques religieuses tant que
celles-ci ne sont pas constitutives d’un délit ou qu’elle ne sont pas
invoquées pour déroger au droit commun.
En somme, on est donc à mon sens bien loin de l’idée de laïcité,
laquelle n’est pas censée conduire à la pénalisation des religions mais
au contraire à permettre leur coexistence. Bref, chez « Riposte laïque
», la laïcité me semble surtout être un prétexte à la répression du
sentiment religieux.
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