bonjour julien
Déceler la cause de nos maux permet d’adapter une solution, et pour ce faire nous ne disposons que de la pauvreté d’une réflexion linéaire.
J’ai sélectionné comme théorie sur la rareté celle de Jean-Marie ALBERTINI dont je rapportons ci- dessous quelques extraits.
« La rareté est une invention géniale.
Si la production crée les besoins et si la satisfaction des besoins incite à la production à créer de nouveaux besoins, ce n’est pas demain que l’on viendra à bout de la rareté.
La rareté n’a rien de « naturel ». Dans le règne animal elle n’a pas de sens. L’animal s’adapte à son milieu ou il meurt. La rareté économique a une toute autre signification. Elle naît de la volonté de posséder ce que l’autre possède, afin de mieux l’imiter. L’autre nous incite à désirer un bien car il craint de voir notre désir se porter directement sur lui, avec quelques conséquences fort désagréables. Il accroît notre désir des choses, qu’il nous présente en faisant semblant de nous les refuser. Nous l’avons dit, c’est cette relation qui crée la rareté, et non une simple relation aux choses. Son « invention » complétée par celle de la monnaie, s’inscrit dans la quête d’une violence non supprimée mais détournée. Elle est un acte de paix au même titre que l’invention de la monnaie, du travail, et fonde l’activité économique.
La monnaie rend les biens échangeables, le désir ne débouche plus sur le vol et la capture, mais sur la production qui permet de se procurer de la monnaie. La nécessité de produire des biens pour accumuler la monnaie institue le travail et développe la rationalité instrumentale, la technique. La production suscite de nouveaux désirs, les excite et accroît le sentiment de rareté par le désir contrarié de ce que possède l’autre (les « locomotives »). Pour vaincre la rareté, de nouvelles techniques sont mises au point. Nos vieux démons de la violence à l’état plus ou moins brut, qui nous jettent dans la guerre (ou sa préparation, activent cette évolution. La technique et son application à la transformation du monde élargissent le champ des productions possibles. A chaque élargissement du possible, la rareté ne recule pas, elle progresse.
Tout progrès technique, toute nouvelle production fait apparaître de nouveaux besoins et exige de nouvelles ressources. La rareté précédente est remplacée par une rareté nouvelle, encore plus contraignante. Les imbrications, entre l’organisation des hommes et l’organisation des choses, multiplient les accaparements, les inégalités, les désirs et les raretés. »
Dans cette définition de la rareté qui commande notre organisation économique, nous voyons que Jean-Marie Albertini explique un scénario comportemental des individus qui semble inéluctable, et qu’ils vont reproduire sans cesse.
L’individu a pour mission de produire des biens pour satisfaire ses besoins de telle manière que la « violence » dont il est porteur se focalise sur le désir des choses et non pas sur les individus.
D’une certaine manière nous pouvons en déduire que l’activité économique va servir d’exutoire à la violence, et que dans les structures mises en place pour la production des biens et services, chaque individu va pouvoir en fonction de son caractère et des capacités qu’il en ressort y avoir un rôle, ou plusieurs rôles.
Un leurre pour un esprit clairvoyant.
Jean-Marie Albertini poursuit : « nous sommes ainsi lancés dans une course sans fin qui condamne à la croissance et par-là même à la rareté. Dieu fasse que nous nous complaisions dans la poursuite de ces leurres, car aujourd’hui nos techniques sont si puissantes que le déchaînement de la violence « traditionnelle » signifierait, le suicide de l’humanité. »
Ainsi l’individu, en détournant sa violence vers les choses pour ne pas se confronter dans des luttes traditionnelles et avoir accès aux biens qu’il convoite dans le cadre de la rareté, a conçu de quoi exterminer l’humanité.
Sous plusieurs aspects : l’un en utilisant sa technologie à la production de ses besoins dans l’ignorance des pollutions qu’il découvre.
L’autre en disposant d’armements bactériologiques, chimiques, atomiques qui font fie des frontières des belligérants. (En ce sens se comprend l’entêtement de la vaccination comme expérience de stratégie)
Et enfin en réalisant les conditions d’un ralentissement de sa croissance démographique dans les pays riches. (Sans apport étranger le taux de natalité est en dessous du seuil de renouvellement)
Ralentissement dont nous pouvons tirer deux enseignements.
L’un, que tout comme d’autres espèces animales lorsque les individus perçoivent qu’il y a une réduction de la capacité nourricière ils prolifèrent moins, c’est à dire font moins d’enfants ou retardent l’événement. Pour nos sociétés cela revient à dire que lorsque les revenus du ménage sont insuffisants ou incertains les couples hésitent, voire ne procréent pas. Réactualisant inconsciemment par-là la pensée Malthusienne[1].
L’autre que si l’activité humaine des pays riches conduit sa population à ne pas croître, cela signifie au minimum que ce mode de vie concerné ne convient pas à notre espèce humaine. (Qu’elle risque de périr sous ses déchets, comme tous organismes en circuit fermé)
D’une certaine manière nous voyons clairement que l’individu est son propre opposant. Cela en maintenant une course à la croissance qui, si elle devait cesser conduirait les individus, par la concurrence aux armes dites de dissuasions auxquels ils se livrent, vers un suicide collectif dans le cadre de luttes communautaristes ou l’idéologie dogmatique.
C’est à dire de luttes guidées par la foi dans une conviction inébranlable, c’est à dire guider par le sacré et le nationalisme politique, soit par le suicide altruiste.
C’est le pas qui vient une X ième fois été franchi dans les récents conflits américano/irakien au Moyen Orient, plus tous les autres , lorsque les uns ou les autres se présentent, chacun son tour, comme « l’axe du bien et l’autre du mal ». (le débat identitaire trouve sa source à l’origine de ces affrontements).
Mais la course à la croissance n’est pas un événement incontournable, irréversible, une vérité, un absolu. L’activité de la planète nous a démontré qu’il n’y a rien de rigide même pas les roches qui se plient, et nous nous devrions croire que nous sommes condamnés à poursuivre une course à la croissance mortelle, poursuivre un leurre. Nous le sommes seulement parce que nous nous le répétons ou parce que nous ne voulons pas envisager d’autres formes de croissances. Cela au travers d’un conditionnement de base psychique culturel qui grave dans nos cerveaux des schèmes quasi immuables (modèles systémiques) qui rejetteront comme incongrus toutes nouvelles constructions. Par exemple aujourd’hui il ressort de notre mode de vie occidentale un accroissement de la pollution dont presque tout le monde en convient, néanmoins aucun progrès significatif, en dehors des faux-semblants populistes, n’est fait pour y apporter une solution durable. Car les bases de référence sur lesquelles on compte pour y apporter une solution sont celles qui ont justement créé ces pollutions, le modèle systémique marchand.
C’est à dire, les normes qui nous permettent de comptabiliser la richesse que nous nous gravons dans l’esprit et auquel le cerveau fera appel mécaniquement pour juger d’une situation en l’absence d’une réflexion innovante.
[1] « Un homme qui né dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir de ses parents la substance, et si la société n’a pas besoin de son travail, n’a aucun droit de réclamer la plus petite portion de nourriture, et en fait, il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n’y a pas de couverts mis pour lui. Elle lui commande de s’en aller, et elle met ses ordres à exécution, s’il ne peut recourir à la compassion de quelques convives du banquet ». « En partant simplement de l’observation de la nature si nous sommes bien convaincus des maux qu’entraînent un excès de population…. Je ne vois pas comment un homme qui base sa morale sur le principe de l’utilité peut échapper à la conclusion que la contrainte morale (ou abstention du mariage) est pour nous un devoir jusqu’au moment où nous sommes en mesure d’entretenir une famille ».
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