L’article aurait pu tenir la route sans cette diabolisation systématique du féminisme. Marrant, cette diabolisation, d’ailleurs : assumez-vous ce genre de prise de position devant votre copine/femme/concubine ?
Revenons à nos moutons : les prostitués. Notez que j’ai accordé au masculin car quand un terme désigne un groupe de personnes composé d’hommes et de femmes, c’est le masculin qui l’emporte dans notre belle langue égalitaire.
La prostitution serait donc le plus vieux métier du monde.... Hummm. Cette affirmation me laisse rêveuse.
En principe, c’est vrai : la dernière chose qui reste à un être humain quand il n’a plus rien, c’est son corps. Ça vaut pour les femmes, pour les hommes et pour les enfants. Ces derniers peuvent très bien être volontaires aussi, figurez-vous : dans certains pays c’est naturel pour eux d’y penser.
Ceci étant dit, en théorie, toutes contraintes économiques mises à part, en France, tout le monde est libre de quitter son job : il suffit de déposer une lettre de démission à son employeur ou, si on est habile, de négocier son licenciement. Si c’est un job au black, il suffit d’attendre sa dernière paie et de ne
plus venir.
Donc, si la prostitution est un « métier », que se passe-t-il quand un prostitué donne sa démission à son mac ? Sachant que 90% des prostitués parisiens sont issus d’Afrique ou des pays de l’Est, est-ce qu’on leur rend leur passeport qu’on leur a piqué juste avant de les « former » ? Si ce prostitué compte faire carrière dans le « métier », est-ce que son employeur le sponsorise pour obtenir une carte de séjour ? C’est comme ça qu’il faut faire, normalement, pour s’établir dans un pays...
Nan parce qu’il faut quand même être sérieux deux secondes. Je suis bien d’accord que les prostitués indépendants existent, mais faut pas se leurrer, la majorité est sous le joug d’un mac. Dans ces conditions, la « bien-pensance » bourgeoise n’est-elle pas justement l’attitude qui consiste à se réfugier derrière les 1% de prostitués indépendants pour tolérer l’esclavage dont les 99% restant sont l’objet - et qui arrangent bien ces hommes bourgeois qui comptent continuer à en profiter ?
Pour en revenir aux féministes, puisqu’elles sont l’objet de cet article. Par définition, s’il existe des prostituées (cette fois je mets au féminin) volontaires, les féministes ne vont certainement pas les condamner : figurez-vous que leur combat est justement le droit de la femme à disposer de son corps. En revanche, le proxénétisme ou le trafic de femmes organisé ne respecte pas ce droit fondamental. Faut-il taper sur les quelques militants qui ont le courage de s’insurger contre ces pratiques ?
Je me permets aussi de demander un peu de respect vis-à-vis de vos mères ou grand-mères qui se sont peut-être battues pour avoir le droit de vote, le droit de travailler, de posséder un compte en banque. Eh oui, c’est très récent, tout ça. Alors, si les féministes font parfois « fausse route », pour reprendre le terme de Mme Badinter, n’est-ce pas tout simplement le lot de toutes les idéologies ? D’ailleurs, avec ce « Fausse Route », Mme Badinter en est l’exemple. Pour ma part je ne suis pas à 100% d’accord avec elle et c’est justement l’intérêt. D’ailleurs, elle aborde le chapitre de la prostitution dans cet ouvrage.
A ce titre, je me permets une autre précision. Le féminisme est un courant dynamique dans lequel il existe plusieurs courants de pensée. Un test : connaissez-vous la différence entre féministe essentialiste et féministe universaliste ? Si vous ne maîtrisez pas ces notions, alors vous ne connaissez rien au féminisme et vous ne devriez pas manier des notions que vous ne connaissez pas.
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