Il ne faut jamais céder à la tentation d’une explication simpliste d’un
conflit qu’elle qu’il soit. Résumer ce conflit à la juste lutte d’un
Etat démocratique contre le terrorisme, comme nous invite à le faire les
autorités et les médias, c’est passer à côté de tout début de
compréhension.
Pourquoi l’organisation ETA existe-t-elle toujours malgré les coups que lui porte la lutte anti-terroriste ?
Pourquoi un tiers de la jeunesse basque soutient ETA ?
Pourquoi la gauche abertzale n’a jamais dénoncé ETA ?
Pourquoi environ 150 000 Basques votaient régulièrement pour cette gauche abertzale du temps où elle était légale ?
Toutes ces questions ne peuvent que laisser circonspect quelqu’un qui n’a qu’entendu la version offcielle diffusée par les autorités françaises et espagnoles. Certains invoqueront le fanatisme, l’extrémisme, voire le racisme, pour tenter d’expliquer cette « anomalie » : un groupe armé qui continue de bénéficier d’un soutien populaire important.
Derrière la version officielle des autorités, si simple, si évidente,
il y a le lourd passé de répression qu’a connu le Pays basque sous le
franquisme puis sous la transition démocratique (avec les fameux GAL),
et la situation actuelle d’exception que vivent maintenant les Basques.
Pelle-mêle : dispersion sans cesse croissante des 750 prisonniers
basques sur tout le territoire espagnol et français, acharnement
judiciaire contre les prisonniers, brimades en tout genre dans les
prisons, rafles fréquentes de jeunes ou de militants politiques
appartenant à des partis ou organisations illégalisés, tortures et
mauvais traitements presque systématiques en garde-à-vue, interdiction
de partis, d’organisations, fermeture de bars, de médias, manifestations
interdites, violences policières régulières, arrestations et
perquisitions par centaines tous les ans, enlèvement régulier de
militants politiques que la police essaye d’intimider et d’acheter (et
qui décède en cours de séquestration comme Jon Anza), etc., etc. . C’est
ça le quotidien des Basques.
Tu veux savoir comment est perçue la Guardia Civil là-bas ? Les gens
(n’ayant pourtant rien à voir avec ETA ou la gauche abertzale) en ont
peur, les exècrent et les considèrent comme une force d’occupation
(témoignage entendu). L’an dernier, j’étais aux fêtes de Gernika. Le
jour où j’y étais j’avais remarqué la présence pas très discrète de
forces anti-émeutes. Le lendemain, un rassemblement de soutien aux
prisonniers était prévu et les forces anti-émeutes ont chargé la foule,
sous les quolibets. Résultats : des femmes et des anciens bousculés, des
ados matraqués, de nombreux blessés, la population et le maire de
Gernika outrés. Tant que la situation répressive perdurera, avec son lot
de violences des autorités espagnoles et françaises, on trouvera
facilement des jeunes pour grossir les rangs d’ETA. C’est ça la réalité
du Pays basque : une violence loin d’être l’apanage d’ETA. Seulement on
ne parle que de la violence d’ETA, et l’on tait toutes ces violences
quotidiennes, cette répression omniprésente dont le but est de maintenir la population basque dans la
crainte et de l’éloigner de l’indépendantisme.
La lutte anti-terroriste ne justifiera jamais l’inacceptable. Au nom de l’anti-terrorisme, on s’attaque partout aux libertés fondamentales. Au Pays basque, c’est pire parce que l’Espagne et la France en font un laboratoire de mise en place de mesures répressives, où est criminalisé quiconque affiche des convictions indépendantistes.
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