Encore de la prose présidentielle : faut ce qu il faut
Pour autant, il n’est plus contesté par personne que le régime français
de la laïcité est aujourd’hui une liberté : la liberté de croire ou de
ne pas croire, la
liberté de pratiquer une religion et la liberté
d’en changer — de religion —, la liberté de ne pas être heurté dans sa
conscience par des pratiques ostentatoires, la
liberté pour les parents de faire donner à leurs
enfants une éducation conforme à leurs convictions, la liberté de ne
pas être discriminé par
l’administration en fonction de sa croyance.
La France a beaucoup changé. Les citoyens
français ont des convictions plus diverses qu’autrefois. Dès lors la
laïcité s’affirme comme une nécessité et, oserais-je le
dire, une chance. Elle est devenue une condition
de la paix civile. Et c’est pourquoi le peuple français a été aussi
ardent pour défendre la liberté scolaire que pour
souhaiter l’interdiction des signes
ostentatoires à l’école.
Cela étant, la laïcité ne saurait être la
négation du passé. La laïcité n’a pas le pouvoir de couper la France de
ses racines chrétiennes ; elle a tenté de le faire
: elle n’aurait pas dû. Comme BENOÎT XVI, je
considère qu’une Nation qui ignore l’héritage éthique, spirituel,
religieux de son histoire commet un crime contre sa
culture, contre ce mélange d’Histoire, de
patrimoine, d’art et de traditions populaires qui imprègne si
profondément notre manière de vivre et de penser. Arracher la
racine, c’est perdre la signification, c’est
affaiblir le ciment de l’identité nationale, c’est dessécher davantage
encore les rapports sociaux qui ont tant besoin de
symboles de mémoire.
C’est pourquoi nous devons tenir ensemble les
deux bouts de la chaîne : assumer les racines chrétiennes de la France,
et même les valoriser, tout en défendant la
laïcité, enfin parvenue à maturité. Voilà le
sens de la démarche que j’ai voulu accomplir ce soir à
Saint-Jean-de-Latran.
Le temps est désormais venu que, dans un même
esprit, les religions, en particulier la religion catholique qui est
notre religion majoritaire, et toutes les forces vives de
la Nation regardent ensemble les enjeux de
l’avenir et non plus seulement les blessures du passé.
Je partage l’avis du pape quand il considère,
dans sa dernière encyclique, que l’espérance est l’une des questions les
plus importantes de notre temps. Depuis le siècle
des Lumières, l’Europe a expérimenté tant
d’idéologies ! Elle a mis successivement ses espoirs dans l’émancipation
des individus, dans la démocratie, dans le progrès
technique, dans l’amélioration des conditions
économiques et sociales, dans la morale laïque. Elle s’est fourvoyée
gravement dans le communisme et dans le nazisme. Aucune
de ces différentes perspectives, que je ne mets
évidemment pas sur le même plan, n’a été en mesure de combler le besoin
profond des hommes et des femmes de trouver un
sens à l’existence.
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