Dans son « retour au Meilleur des Mondes », en 1958, Aldous Huxley résume notre système ultra-libéral par cette simple phrase : « les gros mangent les petits ».
Peut-être votre situation d’éditeur doctorant plein aux as vous permet d’y croire, l’auteur ; et qui sait, peut-être même que ça vous arrange. Mais quand vous parlez de ces pauvres petits agriculteurs, dans votre article, on serait tenté d’en rire si ce n’était tragique.
Les gros mangent les petits.
Les gros sont libres de manger les petits.
Les roxxors de la grande distribution sont libres de vendre une baguette de pain 35cts, quand le petit boulanger les fait payer le double.
Je n’irai pas jusqu’à dire que tous les boulangers sont « pétris » de bonnes intentions ; mais tout de même, je doute qu’ils puissent concurrencer de tels rivaux. Le petit passe donc pour un escroc pratiquant des prix abusifs, et par conséquent, la clientèle le boude. Elle préfère s’approvisionner à l’hyper du coin, dont les tarifs sont nettement plus abordables (surtout en période de crise).
Peu leur importe la qualité du produit.
Peu leur importe la valeur humaine du pain « artisanal » (qui se fait bien rare), pour eux la machine fait tout aussi bien que l’homme.
Peu leur importent, globalement, les moyens de production de ces choses qu’ils consomment : Chine ou France, avec un salaire digne ou sous la contrainte, l’important pour eux, c’est qu’ils obtiennent le « produit ».
Ils engraissent donc encore le gros supermarché, cependant que le petit boulanger court à la ruine. Il en va de même de nos épiceries d’antan ; nos coordonniers ; nos matelassiers ; etc. — sans oublier notre pauvre petit agriculteur.
Je me fiche de savoir qui raflera le César 2012 du « meilleur éditeur doctorant ». Ce qui m’intéresse, et ce pourquoi je prends le temps d’écrire ces quelques lignes, c’est un monde dans lequel chacun aurait une chance de vivre dignement des fruits de son travail. Les petits comme les gros. Et le seul moyen qui me semble pouvoir éviter les dérives que nous connaissons actuellement, ce n’est certainement pas le libéralisme : c’est un gouvernement réellement démocratique, proche du peuple, et « sain » (pas corrompu comme le nôtre, ici comme à Bruxelles ou encore New-York).
Le pouvoir corrompt tous ceux qui s’emparent de lui ; le libéralisme donne à chacun les moyens de s’en emparer. Vous êtes, à vous lire, l’archétype de la prochaine génération d’oligarques, attendant sagement que les petits fassent leur révolution, pour ensuite les réconforter, leur faire plein de promesses, et remettre en place exactement le même système. Le pouvoir serait le même, il aurait simplement changé de mains... votre hypocrisie me donne, sincèrement, la nausée.
Je partage totalement la lecture de Traroth.
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