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Slashbin 31 juillet 2006 00:10

@ropib

En résumé, le problème qui se pose si je te suis est l’articulation entre la recherche scientifique et la société en général, ce dont pourraient s’occuper les philosophes, mais qu’ils ne font guère en général. T’ai-je compris ? Et ce manque de dialogue expliquerait l’émergence des pseudo-sciences comme l’I.D., ou le succès des autres croyances comme l’astrologie ?

Par conséquent, il y a deux axes qui posent question :
- la vulgarisation de la science ;
- l’articulation de celle-ci au niveau philosophique pour réfléchir sur les conséquences de celle-ci, au délà des simples avancées techniques.

Ces questions ne sont pas neuves et sont complexes, et je ne vais prétendre y répondre si ce n’est via quelques pistes de réflexion.

Que les scientifiques ne s’intéressent en général pas à la vie quotidienne, c’est que leur travail, indépendemment des subventions, a tendance à s’en détacher. Comment par exemple faire le lien conceptuel entre l’unité astronomique et les quelques km que nous parcourons pour aller du domicile au boulot ? Comment appliquer la théorie des prédicats (puisque tu parles de Bourbaki) à la vie de Monsieur Lambda ? Quant aux philosophes, nombre se sont engagés dans un discours ou les tournures de phrases semblent indiquer que la rhétorique a souvent pris le pas sur le contenu, de sorte que la philosophie moderne s’est êgalement coupé du grand public, ainsi que des scientifiques. Et puis, combien d’étudiants en philosophie trouve un intérêt à la science (trop compliquée) ?

D’autre part, la science, même vulgarisée, ne semble pas recevoir bonne presse auprès du grand public. Elle manque d’un côté ésotérique présent dans les autres propositions. D’autre part, la présentation qui en est faite est criticable, car on masque souvent la crise perpétuelle de la science, et pour le grand public, la science est faites de découvertes plutôt que d’inventions, aussi c’est soit faux, soit vrai. Les publicitaires l’ont bien compris, avec le slogan « scientifiquement prouvé ». Maintenant, laisser le doute existant risquent de ne pas satisfaire certains, qui veulent des réponses fiables et garanties... ce que la science ne peut faire complètement.

Il faudrait donc, selon moi, favoriser la diffusion de la science vulgarisée, sans omettre les débats sous-jacents aux avancées scientifiques, tant philosophiques que les pures controverses scientifique, afin de permettre aux gens de se la réapproprier. Quand au débat philosophique qui pourrait s’en suivre, il ne peut se construire sans débat interdisciplinaire, ce qui signifie le renforcement des structures « sciences et société » qui existe dans plusieurs institutions universitaires, mais la aussi, il convient de garder un vocabulaire abordable, un peu à la manière d’un Albert Jacquard ou d’un Hubert Reeves, si on veut pouvoir transmettre le message dans la sociéte civile.

Peut-être qu’effectivement alors, le besoin de s’attacher à des machins comme l’I.D. disparaîtrait, mais même alors, le besoin de magique que ressentent nombre de personnnes me laisse penser qu’on diminuerait peut-être leur importance, le scientifique et la science en général redevenant humain, donc accessible et acceptable, mais de là à les éradiquer...



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