Ce sont les organisations terroristes qui se marrent quand elles lisent dans nos journaux les tentatives maladroites de certains à essayer d’intellectualiser des comportements abjectes pour mieux s’auto flagéler ... voila ce qu’en pense les jihadistes eux même (comme l’article est payant je le copie/colle en entier) :
"Obsédés par ce monde de mécréants
Plus que la politique étrangère de l’Occident, c’est le désir d’islamiser la planète qui anime les extrémistes, explique un ancien djihadiste.
Quand j’étais encore membre de ce que l’on peut peut-être désigner comme le Réseau des djihadistes britanniques (British Jihadi Network, BJN), un éventail de groupes terroristes britanniques semi-autonomes unis par la seule idéologie, je me souviens à quel point nous nous félicitions chaque fois que des gens affirmaient à la télévision que la politique étrangère de l’Occident était l’unique cause d’attentats islamistes comme ceux du 11 septembre 2001, de Madrid et de Londres.
En faisant porter au gouvernement la responsabilité de nos actes, ceux qui défendaient la théorie des “bombes de Blair” se chargeaient de notre propagande à notre place. Surtout, ils empêchaient toute analyse critique du véritable moteur de notre violence : la théologie islamique.
Comme lors des attaques précédentes, les gens reprennent leur antienne et soutiennent que les violences commises par les musulmans sont indissociables de la politique étrangère. Ainsi, le 30 juin, le maire de Londres, Ken Livingstone, a déclaré sur Radio 4 : “Toutes les informations dont nous disposons sur l’opinion de la jeunesse musulmane désenchantée le montrent : le principal moteur, ce n’est pas l’Afghanistan, mais essentiellement l’Irak.” Puis il a refusé de reconnaître le rôle de l’idéologie islamiste dans le terrorisme et a ajouté que les Frères musulmans et ceux qui apportent une caution religieuse aux attentats suicides en Palestine sont d’authentiques représentants de l’islam.
J’ai quitté le BJN en février 2006. Mais, si je me battais encore pour sa cause, je me féliciterais une fois encore. Mohamed Sidique Khan, le principal responsable des attentats du 7 juillet 2005, et moi faisions tous deux partie du BJN. Je l’ai rencontré à deux reprises. Et même si beaucoup d’extrémistes britanniques sont exaspérés par la mort d’autres musulmans sur la planète, ce qui nous poussait à préparer des actions terroristes extrêmes en Grande-Bretagne, notre propre patrie, et à l’étranger, c’était le sentiment que nous combattions pour la création d’un Etat révolutionnaire qui finirait par apporter la justice islamique au monde.
Aujourd’hui, la théologie islamique, contrairement à son équivalent chrétien, n’envisage pas la séparation de la religion et de l’Etat. Etat et religion sont considérés comme étant une seule et même chose. La réflexion des juristes musulmans, qui remonte à plusieurs siècles, s’étend également à la scène internationale, où les règles de l’interaction entre le dar ul-islam (la terre d’islam) et le dar ul-kufr (la terre des incroyants) couvrent presque tout ce qui concerne le commerce, la paix et la guerre.
Les radicaux et les extrémistes franchissent deux étapes supplémentaires dans l’application de ces principes. Dans une première étape, ils concluent que, puisqu’il n’y a aucun Etat islamique, alors le monde entier est dar ul-kufr. Deuxième étape : puisque l’islam doit faire la guerre aux mécréants, ils déclarent la guerre au monde entier. Plusieurs de mes anciens camarades et moi avons appris auprès de prédicateurs radicaux pakistanais et britanniques que, grâce à cette redéfinition du globe en tant que terre de la guerre (dar ul-harb), tout musulman est autorisé à fouler aux pieds le caractère sacré des cinq droits que l’islam accorde à tous les êtres humains : la vie, la prospérité, la terre, l’esprit et la foi. Dans le dar ul-harb, tout est bon, y compris la traîtrise et la lâcheté que constituent les attaques contre des civils.
Cette vision d’un champ de bataille planétaire a suscité des frictions parmi les musulmans de Grande-Bretagne. Depuis des décennies, les extrémistes exploitent à leur profit ces tensions entre théologie et Etat laïc moderne, généralement en lançant le débat avec la question : “Etes-vous britannique ou musulman ?” Mais la principale raison pour laquelle les radicaux ont pu élargir leur base de recrutement tient au fait que la plupart des institutions musulmanes de Grande-Bretagne ne veulent tout bonnement pas parler de théologie. Elles refusent d’aborder le sujet ardu et souvent complexe de la violence au sein de l’islam et se contentent de répéter l’incantation selon laquelle l’islam est une religion de paix. Elles se concentrent sur le vécu personnel de leur foi tout en priant pour que tout ce débat disparaisse de lui-même. Ce qui a laissé le champ des idées aux radicaux. En tant qu’ancien recruteur extrémiste, je suis bien placé pour le savoir, car chaque fois que les autorités d’une mosquée nous excluaient, cela ressemblait à une victoire morale et religieuse.
Par ce refus de confronter des arguments théologiques vieux de plusieurs siècles, les tensions entre la théologie musulmane et le monde moderne ne cessent de croître. C’est peut-être difficile à avaler, mais si Abou Qatada [considéré comme le chef spirituel d’Al-Qaida en Europe, emprisonné en Grande-Bretagne depuis 2005] trouve des gens pour le suivre, c’est parce qu’il possède une formidable érudition et que ses décrets religieux sont soigneusement étayés. Ses opinions, que je désapprouve désormais sans réserve, sont valides dans le contexte général des règles de l’islam.
Si notre pays veut s’attaquer aux extrémistes, les érudits musulmans doivent se replonger dans les textes et proposer un canon repensé, une nouvelle interprétation des droits et des responsabilités des musulmans. Peut-être alors découvrirons-nous que le concept du meurtre au nom de l’islam n’est rien d’autre qu’un anachronisme.
* Ancien membre du groupe radical Al-Mouhajiroun, fondé par Omar Bakri Mohammed, Butt a longtemps défendu les “actions martyres” dans les médias. Il a aujourd’hui renoncé à la violence.
Hassan Butt* , The Observer
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