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Tristan Valmour 27 octobre 2007 14:08

Dans l’état actuel de nos connaissances sur la théorie des organisations comme de la psychologie collective, toute communauté qui comprend plusieurs centaines de millions de membres ne peut être gérée que par un empire autocratique. Et c’est bien un empire mondial qui s’installe inévitablement dans tous les pays, et modifie profondément les coutumes et lois nationales. Cet empire s’est bâti au nom d’une discipline parmi les autres, l’Economie. Et nous avons effectivement oublié que la vie d’homme n’est pas faite que d’Economie.

Habitués à ce que cette discipline prime sur toutes les autres, nous acceptons de n’être que des outils, des producteurs comme des consommateurs. Nous acceptons la concurrence forcenée qui consiste à dresser les uns contre les autres au lieu d’associer les uns avec les autres. On ne nous demande rien d’autre. La situation précaire de nos proches comme les crédits qui les emprisonnent ou les promesses auxquelles ils croient encore, achèvent de les conditionner à n’être que des automates. C’est pourquoi la plupart d’entre nous se résigne

Les organisations internationales les plus influentes sont toutes basées autour de l’activité économique. Aucune n’est soumise à un contrôle citoyen et elles fonctionnent dans l’opacité la plus totale. Les organisations internationales aux fonctions réparatrices (Unicef, etc.) ont pour objet de faire croire que l’on traite les problèmes. En réalité, on ne traite que les conséquences. Les organisations internationales d’importance sont soumises aux multinationales qui ont acquis un pouvoir exorbitant. Nombre d’entre elles pèsent aujourd’hui plus que des Etats. Or, ces multinationales n’agissent pas pour le bien commun mais poursuivent des intérêts propres. Fait assez récent, elles ont acquis des pouvoirs régaliens. La sécurité et la défense en sont deux. En effet, il existe des entreprises légales de mercenaires, qui oeuvrent en Irak, par exemple. Ces sociétés comptent des milliers de soldats lourdement armés et peuvent être mobilisés pour les intérêts des multinationales. Les mercenaires, on le sait, ont par le passé participé à des coups d’Etat en Afrique, dans le but de garantir les intérêts de ces multinationales. De même, chaque compagnie transnationale dispose aujourd’hui d’une force de sécurité capable de faire du renseignement, de la propagande (lobbying), et de protéger ses intérêts. Une véritable police privée. Et tout cela s’est constitué hors de tout contrôle démocratique.

Parallèlement, le citoyen perd de son influence car le vote a été vidé de son sens. Nous élisons des parlementaires dont 70% de l’activité consiste à transposer des directives européennes. Nous nous exprimons lors d’un référendum dont le résultat est remis en cause. Le citoyen n’est plus important et la démocratie est effectivement morte et enterrée. Il n’y a pas de différence entre Sarkozy et Royal sur ce sujet. Pour Royal, la démocratie, c’est « cause toujours » quand pour Sarkozy, c’est « ferme ta gueule ».

Que faire ? Une révolution n’est pas un moyen acceptable. Je suis profondément légaliste et jamais je ne participerai à un tel mouvement. En plus, toute révolution s’accompagne d’une période de flottement dont on ne sait ce qui peut ressortir.

Je ne crois pas non plus à l’action politique car cet univers est sclérosé. On nous sort un personnage deus ex-machina dont le rôle est de maintenir l’espérance. Mais rien ne change en profondeur, et avec le système actuel, ce n’est pas possible. Les hommes politiques « non extrémistes » se fréquentent dans des cercles privés et en public, nous font croire à une bipolarisation de la vie publique. Quant aux hommes politiques « extrémistes » qui ne participent pas à ces entrevues secrètes, ils n’ont aucune solution saine ou concrète à apporter. Depuis la fin des gaulliens, c’est l’intérêt général qui a perdu.

Je ne vois donc qu’une solution : enlever aux multinationales leurs moyens, c’est-à-dire l’argent. Ce, de la façon suivante :
-  Constituer une association qui aura pour objectifs de faire du renseignement (nature et provenance des capitaux) et des procès (toutes les multinationales emploient des moyens maffieux pour asseoir leur position car il est impossible de faire des affaires à ce niveau sans tricher).
-  Créer d’autres associations qui vendront les produits et services nécessaires à une vie digne afin de remplacer les multinationales. Mais des associations qui ne magouilleront pas, qui plafonneront les rémunérations et dont l’activité, les comptes et le mode de fonctionnement seront rigoureusement contrôlés . La mise en place de ce système aura un coût mais conduira à des économies majeures. La majorité du prix d’un produit est tributaire des dividendes (un impôt consenti par le consommateur), de la communication (publicité, marketing et conditionnement), des ententes (comme dans la téléphonie mobile), etc. C’est-à-dire que le coût salarial comme le coût des matières premières ne représentent plus l’essentiel du prix. Le consommateur achète essentiellement du vent, la prestation d’intermédiaires. Des associations éthiques qui s’adresseront à leurs membres pourront vendre des produits et services à un prix défiant toute concurrence.
-  Boycotter les produits et services vendus par les multinationales, secteur après secteur. Si plusieurs dizaines de milliers de consommateurs font savoir qu’ils ne consommeront plus les produits x de la société y, le cours de celles-ci chutera. Rien que le fait d’informer peut provoquer des dégâts considérables. Dans certains cas, il sera même envisageable de racheter les actions à bas prix pour s’emparer du contrôle de ces entreprises et en faire des entreprises citoyennes.
-  Ne pas travailler pour ces multinationales.

Tout cela nécessitera du temps, de l’argent et surtout du courage. C’est un acte de résistance pacifique et citoyen. Pendant la seconde guerre mondiale, certains de nos ancêtres se sont levés contre la tyrannie et l’oppression. Ils ont accepté de se mettre en situation d’inconfort pour notre bien à tous.



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