à Wuyilu. Merci pour votre témoignage sensible qui m’a touché par sa tonalité assez rare ici où, le plus souvent, sont brandis et revendiqués le Savoir, la Raison, l’Intelligence, et oubliée l’intelligence du coeur sans laquelle rien d’humain ne peut advenir.
Quelques remarques au fil de la lecture de votre beau texte :
"Mr. Polackzyc sentait mauvais comme sentent mauvais les gens qui n’ont pas de douche..." dites-vous avec une certaine imprudence. Je peux témoigner sur ce point que mes grands parents, mes parents, mes voisins dont aucun ne possédait de douche sentaient bon, car ils se lavaient tous les jours avec très peu d’eau. Par contre ils n’étaient pas en désarroi psychique comme Mr. Polackzyc qui semble avoir souffert de problèmes psychologiques certainement agravés par la coupure du lien avec son entourage (de la part de son entourage ?)
Puis vous évoquez un parcours "kafkaïen" dans une administration qui semble totalement dépourvue de la plus élémentaire sensibilité (à une époque on disait "d’âme") Ceci n’est pas pour m’étonner : c’est le propre de toute administration ; non que les individus fonctionnaires soient insensibles, mais la machine bureaucratique avec ses règles et procédures ne peut que l’être.
Vous évoquez également les comportements des locataires dépourvus de la plus élémentaire humanité pour certains, et manifestant pour les autres une franche hostilité envers ce pauvre Mr. Polackzyc . N’oublions pas que ces locataires ne sont pas des propriétaires, ni des capitalistes (auquel cas tout s’expliquerait) mais des bénéficiaires d’aide sociale.
En résumé un dispositif publique d’aide sociale au logement assez développé pour que la situation soit kafkaïenne et déshumanisée, un voisinage de bénéficiaires de ce dispositif d’aide sociale qui ne peut être taxé d’appartenir à la classe des "privilégiés exploiteurs" et pourtant ...
La triste histoire de Mr. Polackzyc me rappelle la fameuse canicule pendant laquelle, en France, des milliers de Polacksic moururent dans l’isolement et l’indifférence. Aussitôt des voix scandalisées s’élevèrent pour accuser l’Etat de n’avoir pas prévu, de n’avoir pas mis plus de moyens, bref pour réclamer plus d’Etat. Ces voix revendicatrices ne furent pas étonnées le moins du monde par le fait que nos voisins italiens, espagnols, grecs, tout autant touchés que nous par cette canicule exceptionnelle, eurent nettement moins de victimes que la France. Pourquoi ? Grâce à l’importance et l’efficience de leurs Pouvoirs Publics ? Pas du tout ! Ceux-ci étant au contraire notoirement moins développés qu’ici.
Alors pourquoi ? Il se trouve que le "lien social" n’a pas disparu, n’a pas abdiqué, comme en France, devant la prétention d’un Etat et d’une Administration qui se veulent tout puissants. Les citoyens italiens, espagnols, grecs, sont encore arriérés par rapport aux français : ils ne se sentent pas déresponsabilisés, ils n’attentent pas TOUT de l’Etat, ils n’ont pas une confiance aveugle en l’Administration, ils pensent encore que la famille (cette institution bourgeoise) et le voisinage (ce style de vie affectif pouah ! )sont des valeurs sociales. Il est vrai que leur Histoire n’est pa même que la notre, pendant des siècles ils furent le plus souvent à l’abri du Centralisme d’Etat et ignorèrent le Jacobinisme. Leur façon, que j’appellerai "citoyenne" de faire face à des problèmes, me parait plus honnorable et plus efficace.
Bien à vous.
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