• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Un mort tellement prévisible

Un mort tellement prévisible

M. Polaczick est mort cette nuit. Ça ne vous dira rien. M. Polaczick était un homme de peu, un homme de rien diraient certains, sans doute parmi ses voisins signant des pétitions à tour de bras pour son éviction du 68 boulevard Soult. Oui, M. Polaczick ne sentait pas bon et ne tournait pas rond. A l’exception d’une sœur, à qui j’adresse toutes mes condoléances ici, personne ne voulait entendre parler de son existence. Oui, M. Polaczick ne sentait pas bon, comme tous ces gens qui n’ont pas de douche pour se laver, comme tous ces gens qui sont enfermés dans des surfaces qui n’ont rien à envier aux cellules de Fresnes, tout là-haut, dans ses Babel de solitude que sont les derniers étages de nos logements sociaux. M. Polaczick est mort et si je cite son nom avec force, c’est dans la certitude que les journalistes et autres friands de faits-divers parleront à foison de la question de l’hygiène, des drames de l’insalubrité et des responsabilités politiques avant de se rappeler que l’homme qui est mort carbonisé cette nuit en compagnie de son gentil chien dans l’incendie du huitième étage du 68 boulevard Soult, géré par la Régie immobilière de la ville de Paris, était un être humain, un de nos frères, même si la société avait décidé, comme elle le fait avec tant d’autres, de fermer les yeux sur son destin, attendant cet accident si prévisible pour reproduire à l’envi le geste de Ponce Pilate, droit devant sa bassine d’eau, sans doute pas devant sa glace.

Et M. Polaczick n’était pas seul là-haut. Je pense à V... et à A…, autres parias de cet étage de misère, l’une gravement frappée par un déséquilibre psychologique, l’autre lourdement handicapée, ne devant leur salut qu’à la bravoure et la rapide intervention des Sapeurs-Pompiers de Paris. Et à cette liste aurait pu, aurait dû s’ajouter le nom de la personne qui partage ma vie, la mère de ma toute neuve petite fille, cette même enfant dont toute ma vie je n’ai pas souhaité la venue et qui, sans le savoir, nous a sauvé la vie. Il y a encore un mois à peine, la porte de M. Polaczick faisait face à la nôtre. Il y a encore un mois, ma compagne se battait contre les services techniques de la RIVP, pour dénoncer l’imminence d’un drame à venir, sachant qu’il viendrait de là. M. Polackzyc était un écrivain d’origine polonaise, rongé par la solitude, la tristesse, dont le déséquilibre, combiné aux médicaments et à l’alcool ne pouvait pas conduire à d’autre issue dans ces conditions. Il était l’un de ceux qui, parqués à l’abri des regards, sont oubliés par la République, celle-là même qui doit assistance et protection aux plus faibles et plus démunis d’entre nous.

Parce qu’enfin, quelle est objectivement la situation ? Un étage où se retrouva mon amie pendant onze ans où cas sociaux et intermittents du spectacle – la même engeance selon notre président – sont abandonnés et jetés en pâture à la promiscuité et au manque d’hygiène sans l’assistance sociale indispensable, en proie à des services techniques déshumanisés, se contentant de demander aux services sociaux de ramasser les déchets tous les trois mois. Comme elle et moi avons les moyens de nous exprimer, de dénoncer et de nous défendre, nous avons pu sensibiliser les élus et être relogés. M. Polaczick n’avait pas cette chance. Et comme je ne veux pas entrer dans les polémiques partisanes, je dois ici rendre grâce au premier adjoint de Mme Blumenthal – elle-même relativement indifférente à ces questions, tout comme ce maire de Paris, fier d’annoncer dans son dernier meeting de campagne qu’il avait résolu ces questions durant son premier mandat… Et après tout, je peux aussi remercier Mme Blumenthal finalement et plusieurs personnes de la RIVP qui se sont battus contre les lourdeurs administratives de leur propre institution et l’indifférence de nombre de leurs collègues. Car il a fallu ferrailler sec pour faire comprendre qu’une jeune femme enceinte ne pouvait faire vivre son bébé dans un étage totalement exempt des plus élémentaires règles d’hygiène et de sécurité (dix ans pour faire installer l’eau chaude... Non pas une douche ou des toilettes, juste l’eau chaude...), où les déchets et WC de palier bouchés se disputent la palme du risque avec des portes et plinthes en bois d’allumette. Et il a fallu la conscience professionnelle de l’exceptionnel personnel de la maternité des Bluets pour nous interdire de rentrer chez ma compagne après l’accouchement et contribuer à alerter les services concernés, accélérant le fait que nous soyons relogés. Cette même maternité des Bluets qui est aujourd’hui menacée gravement par la logique ultralibérale qui, au nom d’une scandaleuse volonté de rentabilisation de l’hôpital, lui intime l’ordre de devenir une usine à bébés, tout en la délestant d’une partie de son personnel...

Je sais ce qu’il y a de confusion dans ces lignes dictées par une irrépressible colère ; celle d’entendre les « bon débarras » dans la bouche des nobles samaritains alentours, encore ceux qui pétitionnaient pour mettre le bon – car il était tout en gentillesse – M. Polaczick dans je ne sais quel mouroir, celle de voir, devant les caméras, se presser aux chevets de ceux qui ont tout perdu, politiques et autres édiles qui n’ignorent rien de ces drames en suspens et se refusent à agir comme leurs mandats le leur commande, celle enfin, et surtout en ce jour, de ces robots des services techniques, maintes et maintes fois alertés, qui se gobergent avec indécence sur les lieux du drame et se permettent même à la fraîche une pointe d’humour, venant voir mon amie pour lui signaler que, même s’il ne reste rien de l’étage, ils lui factureront quand même la vitre fendue qu’elle a laissé en déménageant. Et puisqu’on ne peut rester dans le vague, je tiens à citer ce Monsieur G., responsable technique de la RIVP qui est l’auteur de cette sortie dont le caractère macabre le dispute à l’indécence la plus inconcevable. Car tandis que le portable vissé à l’oreille, gonflé de son importance, ce sinistre personnage se pavane, il nous revient en mémoire qu’il y a peu un incendie de même nature avait été circonscrit de justesse, dans le même appartement hautement inflammable, sans que les services compétents n’interviennent. Parce qu’au moment où sans doute les journaux titreront sur la question de l’hygiène et du logement insalubre et chercheront des responsables directs parmi les hautes sphères politiques, il est nécessaire de rappeler que ce sont aussi dans les rouages anonymes de la machine que les coupables se dissimulent, protégés par la dilution des prises de décision et la fuite en avant de notre société.

Et là où ensuite il serait facile d’incriminer directement le personnel politique, il faut avant tout s’interroger encore et toujours sur une logique de société normalisée ultralibérale et individualiste qui, de pseudo-politique de gauche en vraie politique de droite, ne parle plus à l’homme, mais au consommateur qui s’agite en lui, et déclare définitivement hors-jeu celui qui n’entre plus dans les canons des niches marketing, comme M. Polaczick. Et pour rester dans la politique, puisqu’elle me prend une bonne partie de mon temps, je voudrais naïvement rappeler quelques fondamentaux. Au moment où notre Mouvement démocrate se laisse aller à quelques querelles internes au prétexte d’élire ses directions départementales ; au moment où le Parti socialiste achève de se faire hara-kiri dans la plus grande indécence à l’orée du Congrès de Reims ; au moment où l’extrême gauche fait preuve de tout son archaïsme sur le bûcher des promesses de son NPA, au moment où l’UMP se déchire, entre les courbettes de ceux qui veulent les faveurs du prince et les cris d’orfraie de ceux qui se réveillent du cauchemar de l’avoir porté si haut, il serait bon de se souvenir que la politique a pour but d’organiser la vie des citoyens, de la reformer pour le meilleur et non le pire et d’adapter tous les types de structures aux enjeux et problèmes de l’avenir. Il y est question de vies humaines, que ce soit en Afghanistan ou dans le 12e arrondissement et non pas d’un simple jeu au profit d’ambitions personnelles.

Aujourd’hui 22 septembre 2008, M. Polaczick est mort, son chien auprès de lui, et je ne l’oublierai jamais.

 

Wuyilu

(Crédit photo : LCI)


Moyenne des avis sur cet article :  4.67/5   (482 votes)




Réagissez à l'article

33 réactions à cet article    


  • pino69 pino69 23 septembre 2008 10:53

    Merci Monsieur pour ce très bel article.
    Attention toutefois à M.G. (dit « le porc ») qui pourrait vous poursuivre en diffamation pour vos propos, avec, naturellement, le soutien de son administration, financièrement mieux préparée que vous et donc moins justiciable ...


    • Prêtresse Prêtresse 23 septembre 2008 17:29

      Marie-France Fleuret, ma mère.


    • Yohan Yohan 23 septembre 2008 11:10

      L’immeuble étant de bon rapport et largement amorti et vu les loyers entre 800 et 1.200 pour les appartements, on peut effectivement se poser des questions sur la vetusté de certains équipements et le manque de volonté de la RIVP à traiter les problèmes les plus urgents. Comme souvent ce sont ceux qui ont les moyens de s’exprimer qui parviennent à faire bouger les bailleurs.
      Pour autant, c’est aussi un phénomène de société. Les voisins ne sont pas tous des sans coeur et pourtant, ils ont baissé les bras, souhaitant plutôt le départ de ce monsieur, apparemment. Certains ont l’eau, des toilettes, tout ce qu’il faut ou presque et ils ne se lavent pas et se laissent aller. On peut toujours chercher à trouver des responsables. On peut être pauvre et avoir aussi sa dignité. Pardonnez, le propos peut-être cru, mais je me méfie des coups de gueules poussés un jour de détresse, car au fond, nous avons tous nos propres limites. Paix à son âme


      • Elson Elson 24 septembre 2008 12:35

        Ce qui est regrettable, c’est que l’inégale répartition des richesses du monde aboutit à la mort de quarante millions de personnes par an par manque de nourriture, sans compter celles qui meurent faute de soins alors que cela pourrait être évité... Ce qui est indigne, c’est que des gens pensent comme vous le faites !


      • rocla (haddock) rocla (haddock) 23 septembre 2008 13:59

        Triste histoire .

        Pourquoi la vie est-elle si con pour certains ?


        • Christoff_M Christoff_M 23 septembre 2008 14:57

           visiblement vu le peu de réaction ici, on peut imaginer la fin de cet homme dans l’anonymat,terrible...


          • polic 23 septembre 2008 15:45

             Je comprends ce drame, mais la société civile ne fait rien. Il n’y a pas de logement et les ministres du "Logement" quel beau titre ll y a quelques années les concierges d’immeuble aurait pu le porter, oui ces ministres n’ont encore jamais trouvé de solutions. Et pourtant des personnes seules occupent des appartements de 200 m2, et plus quelque fois sans compter les résidences secondaires Je suggère que dans le calclul de la taxe d’habitation un ratio surface habitée par le nombre d’occupant, soit pris en compte, meme si cela ne rédoudra pas ce problème du logement cela pourrait au moins atténuer les injustices.


            • Relka Wuyilu 23 septembre 2008 15:56

              Bonjour Je ne tiens pas à commenter plus que ça les réactions à cet article que j’aurais préféré ne pas écrire. Il est d’ailleurs (comme souvent en ce qui me concerne), quelque peu confus parce que dicté par l’émotion. Pourtant, si je peux resituer le problème, ce n’est pas tant celui du logement qui est en cause que mais bien la situation des gens connaissant des problèmes psychologiques lourds et qui sont logés par la Mairie de Paris dans les étages honteux de ses logements sociaux, à l’abri de toute intervention. Dans ce fameux 8ème qui n’existe plus aujourd’hui, tous les habitants avaient de gros problèmes, rendant leur autonomie des plus dangereuses pour eux comme pour les autres, comme le drame survenu en témoigne. C’est à l’image de toute la politique psychiatrique française qui est véritablement en train de se déliter. Et j’avoue que de lire le journal de la mairie du 12ème qui se gargarise de son soutien aux déficients mentaux en partenariat avec les bailleurs sociaux, me fait assez mal... Voilà tout. J’en resterai là. Bonne journée à tous. Wuyilu


              • Yohan Yohan 23 septembre 2008 18:03

                Je me permet une petite rectification destiné à montrer que les baileurs sociaux cherchent, depuis quelques années, à supprimer ces chambres de bonne en les reconvertissant en appartements standing. Aurapravant, ces chambres étaient destnées à des étudiants ou à des personnes plus ou moins précaires. Ainsi, au bât 195 où je réside, le 8 ème étage parti en fumée n’était plus composé de chambres de bonnes, mais bien d’appartements de près de 70m2, loués entre 800 et 1100 euros, à des personnes à revenus moyens, sinon corrects. Je croyais d’ailleurs qu’il avaient reconverti l’ensemble sur les 8ème étages. 


              • Relka Wuyilu 23 septembre 2008 18:12

                . (Remise du commentaire au bon endroit) Exact. Le but est effectivement d’attendre que tous "ces gens" partent pour en faire des logements de standing à l’usage des plus riches parmi ceux qui peuvent bénéficier de logements "sociaux". Et dans le 192 incriminé, le projet était nettement avancé. Bonne remarque, mais en tant que locataire de l’immeuble, vous êtes bien placé pour la faire (- :


              • chmoll chmoll 23 septembre 2008 16:26

                aussi dramatique qu’il soit, aussi invisible qu’il est pour la société


                • Bof 23 septembre 2008 17:29
                  Bonjour Monsieur, je connais votre colère et certainement mauvaise conseillère pour permettre d’analyser correctement ce fait. Vous au moins, vous l’écrivez donc vous la re-connaissez..
                   Permettez de vous signalez que j’en suis arrivé puisque des pédagogues grassement payés et oh combien nombreux permettent de faire une sélection dans les élèves et étudiants des plus critiquables si j’en crois les chiffres désastreux que ces êtres permettent de nous faire obtenir comme ces 30% d’enfermés dans les zup et les 22% d’ illétrés ramenés à 10% la semaine dernière ici même dans agoravox.
                   Quand on constate le niveau d’étude de certains de ceux qui vendent leurs très grosses et puissantes entreprises dans yahoo , coté ’finance’ avec plutôt le niveau apprenti que le diplôme d’apprentis...c’est donc que ce sont les pédagogues qui sont cons et non ceux qui ont réussi dans la vie bien que chassés de France par les impôts comme l’isf : seconde injustice pour eux. La première étant d’avoir eu des parents qui avait confiance en l’école.
                   Alors, si 30% ou plus des Français ne peuvent parvenir aux décisions et aux " affaires " comme ils disent...et que le sort de très nombreux Français est dégueulasse...c’est que nos énarques et technocrates sont des êtres à virer comme ils ont viré les trois millions de petits cultivateurs comme s’en est venté un ancien président de la République qui avait une bonne réputation pour son potentiel mental...et on voit où il a mis la France qu’il souhaitait ’moderne’.....il a viré également et amené sur nos trottoirs les petits épiciers dans les années 1977 toujours....je ne parlerai pas des années qui ont suivis avec l’origine de notre ruine causée par la "perte", l’égarement comme nous l’a dit notre Justice, de nos très puissantes entreprises nationalisées à crédit et achetées à prix d’or !

                   Il n’est pas du tout possible à un zupien de réussir à tenir une petite entreprise en France car sans savoir lire et écrire les rapports et autres papiers , des inspecteurs viennent vous invectiver....il faut une plus grosse entreprise pour pouvoir payer des secrétaires et comptables qui s’occuperont de ces détails vitaux pour l’entreprise. Alors, nous assistons à ces spectacles désolants et les plus ’riches’ peuvent habiter dans vos logements que vous décrivez...les autres sont dans des " cartons-villes " étalés dans les terrains vagues. Le passage des socialistes au pouvoir et ’décisions’ n’a fait qu’empirer le nombre....et depuis...la "crise" arrive .

                  • dupual 23 septembre 2008 17:33

                    Naître n’est pas une promesse du tout-est-dû et du paradis sur terre pour tous ! Vivre est un combat et pour certains c’est plus dure que pour d’autres !
                    Dans mon enfance on m’appris à survivre ! et surtout inculquer le fameux "aide-toi et le ciel t’aidera".
                    Hélas nos sociétés cocons d’assistanat tout au long de la vie fragilisent, fénéantisent au lieu de développer le courage, la tenacité et l’autonomie propres à chaque individu pour peu qu’on s’en donne la peine !

                    Je n’ai aucune compassion pour les SDF de France ! L’Etat y consacre des centaines de milliards d’euros chaque année sans compter des dizaines de milliers de bénévoles qui leur tournent autour... Ils sont dans la rue parce qu’ils le veulent ! Ne se lavent pas parce qu’ils le veulent bien, la seule façon qu’ils croient avoir trouvé pour emmerder le monde !
                    Bon débarras !


                    • Battement d’elle 23 septembre 2008 21:00

                       @ du pus al

                      Vos propos sont infectes !

                      Si vous inversiez plutôt le problème : parlons plutôt de ses ’’ milliers de bénévoles’’ et de toutes ces flopées d’associations ou de fondations (n’est-ce pas Bernadette !) qui prennent comme prétexte de ’’vouloir aider les plus faibles’’ et qui en réalité ne sont là que pour s’en mettre plein les fouilles !
                      Nul n’est à l’abri de rencontrer des difficultés de vie, et lorsque vous dites "aide-toi et le ciel t’aidera".... j’aimerais vous rappeler qu’en des temps pas si reculés.... les personnes dans le désarroi étaient accueillies dans nos églises : aujourd’hui, ces mêmes églises ont perdu l’essence...ciel de leur utilité.... elles n’ouvrent plus leurs portes que pour faire la quête !
                      Vous devriez apprendre à regarder " l’autre" en vous départissant de votre égoïsme !


                    • Deadlikeme Deadlikeme 24 septembre 2008 11:59

                      dupual

                      Vous êtes largement "puant" de tous vos pauvres neurones. Je vous souhaite d’être obligé de vivre dans cet enfer. La vie effectivement n’est pas toujours rose, et vous pourriez bien un de ces jours vous aussi passer à la trappe !

                      Merci pour cet article tout à fait édifiant. Le mal-logement, le sans-abrisme, le désintéressement total de la misère et désormais même de la précarité en général, par crainte que cela ne nous arrive à nous, ou bien parce qu’on trouve cela peu ragoûtant est bien la preuve que notre société tourne de plus en plus mal...

                      Heureusement malgré tout qu’il existe certaines associations qui s’occupent réellement de ces problèmes, et je parle ici par exemple d’ATD Quart Monde, ou autres du genre, en tentant de traiter les maux à la racine et non avec des pansements gluants sur des jambes de bois...

                      Sauf que, avec la crise mondiale qui nous tombe sur la tronche à une vitesse de comète, le yoyo des grandes banques, le soutien des états pour renflouer ces assassins de l’économie sur le dos des citoyens, la preuve étant ainsi faite que le capitalisme effréné a ses limites... on pourrait bien avoir quelques surprises sous peu, dans les "meilleures familles"....


                    • Relka Wuyilu 23 septembre 2008 18:11

                      Exact. Le but est effectivement d’attendre que tous "ces gens" partent pour en faire des logements de standing à l’usage des plus riches parmi ceux qui peuvent bénéficier de logements "sociaux". Et dans le 192 incriminé, le projet était nettement avancé. Bonne remarque, mais en tant que locataire de l’immeuble, vous êtes bien placé pour la faire (- :


                      • Relka Wuyilu 23 septembre 2008 18:14

                        A Dupual. Commentaire simplement abject.


                      • Sandro Ferretti SANDRO 23 septembre 2008 18:52

                        "Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

                        Et leurs baisers, au loin, les suivent".

                        Aragon


                        • jaja jaja 23 septembre 2008 18:56

                          à l’auteur : "sont abandonnés et jetés en pâture à la promiscuité et au manque d’hygiène sans l’assistance sociale indispensable"...

                          Cette assistance sociale "indispensable" n’existe pas en France quoi qu’en dise un Dupual dont le commentaire abject autant qu’idiot me hérisse le poil...

                          Les malades psychiatriques sont de plus en plus laissés à eux-mêmes. Les handicapés physiques en fauteuil roulant qui sont à la rue sont très difficilement "plaçables", au mieux en foyer spécialisé, par les travailleurs sociaux...

                          La pauvreté et la précarité explosent... De plus en plus de gens qui travaillent hantent les services sociaux et viennent retirer des bons ou des colis alimentaires pour survivre...

                          Le drame de cet homme vous touche et c’est tout à votre honneur d’humain même si je ne suis pas d’accord avec votre conclusion lorsque vous affirmez :
                          "au moment où l’extrême gauche fait preuve de tout son archaïsme sur le bûcher des promesses de son NPA"...

                          L’archaïsme c’est plutôt celui de cette société capitaliste où certains ont tout et d’autres rien ce qui mène inexorablement à ce type de drame dont se contrefout évidemment notre ami Dupual... La suprématie de la petite caste des exploiteurs doit être renversée, y compris par la révolution, si nécessaire, et c’est bien ce que propose le NPA...


                          • Relka Wuyilu 24 septembre 2008 12:25

                            @ Jaja
                            Merci pour votre commentaire.
                            Concernant ma phrase sur le NPA. Ce que j’entends par là tient dans le fait que les difficultés de mise en place actuel du NPA sont liées à la résurgences de gros conflits internes entre ceux qui prônent une ligne trotskyste pure et les autres composantes de la gauche anti-capitaliste. C’est pour cela que je parle de promesses et de déceptions. Etant membre actif d’une autre formation politique, le MoDem, avec lequel je ne suis pas toujours tendre par ailleurs, je ne peux bien sur partager les idées du NPA, mais je suis très favorable à son émergence, sachant qu’il me semble nécessaire qu’une formation véritablement à gauche puisse réveiller les consciences sur nombre de sujets et faire avancer les choses. Je constate, mais je ne suis pas assez informé pour en tirer des conclusions définitives, que les promesseds sont un peu en traind e se déliter dans les conflits internes, finalement comme dans tous les autres partis, rendant l’idée de politique partisane de plus en plus difficile à accepter.


                          • clostra 23 septembre 2008 19:57

                            Quelques réflexions sur ce magma informe en attente d’un nouveau paradigme tant il fait appel aux idées de gauche et de droite, au point qu’on ne sait plus mais plus du tout :

                            Revenons en arrière : des années en arrière : une société moins policée, moins contrôlée, payant moins d’impôts, pas de services sociaux ou autre référent incontournable. Une société d’humains, sans degrés supplémentaires. Une société à taille humaine.

                            Aurait-elle laissée ces personnes sans aide ?

                            Avons-nous le droit aujourd’hui, d’aider ces personnes ?

                            L’Etat français : est-ce nous ?

                            On l’a vu reconnaître des erreurs, longtemps après. On a eu le sentiment que nous n’étions pas concernés, ni l’Etat actuel non plus d’ailleurs. Reconnaître des horreurs, en fait.

                            Je reviens aux 5500 irradiés (sans compter les autres) : qui va s’excuser ?

                            Alors : libéralisme avec un très petit impôt pour pouvoir agir et aider son voisin avec l’argent actuellement destiné aux services sociaux, sans ce degré supplémentaire ?

                            Les fous du 8ème... Quels fous ? Vous avez vu des fous, des vrais fous, des irresponsables ? cherchez bien !


                            • Elson Elson 24 septembre 2008 12:47

                              @ clostra

                              Si ce que vous disiez était vrai, il n’y aurait plus de misère aux Etats-Unis...


                            • furio furio 23 septembre 2008 21:11

                              Dans cette société d’individualistes les pauvres Polaczick n’ont malheureusement pas leur place. songez que 53% des français ont voté sarkosy le tsar du chacun pour sa gueule ! le prince de l’argent roi, le jean foutre de la misère humaine, l’idole des grands argentiers, .... Alors vous imaginez le pauvre pays.


                              • rocla (haddock) rocla (haddock) 23 septembre 2008 21:30

                                C ’est sûr c ’est lui qui a mis le feu ...


                              • aequopulsatpede 23 septembre 2008 22:59

                                Oui Haddock, c’est lui qui a mis le feu.

                                En augmentant tous les jours un peu plus la "fracture sociale".


                              • rocla (haddock) rocla (haddock) 24 septembre 2008 07:27

                                toi t ’as pas l’ feu dans ton cerveau rétréci...


                              • aequopulsatpede 24 septembre 2008 10:14

                                Retréci, peut-être.................... ;

                                Mais au moins j’en ai un

                                Je vous verrais mieux en Dupond-Dupont qu’en Haddock..............sauf pour smiley


                              • Annie 23 septembre 2008 21:24

                                Vous écrivez très bien et je suis heureuse que vous ayez mis votre talent au service d’un homme qui semble avoir été bien seul ; il n’y a pas toujours eu un état providence, mais il existait des réseaux sociaux qui faisaient que des gens comme Mr Polaczick n’était pas totalement abandonné. Aujourd’hui les réseaux sociaux sont démantelés et l’état providence est privatisé. Et ce sont les plus faibles, les plus vieux, les plus pauvres, les plus vulnérables en un mot qui sont les victimes d’un système totalement deshumanisé.


                                • Voltaire Voltaire 23 septembre 2008 21:39

                                  Article puissant.

                                  Au delà de l’émotion, il pointe deux éléments majeurs d’échec du politique : la question du logement des plus faibles, et celle de leur désocialisation. Même s’il n’existe pas de réponse simple à ces problèmes, surtout au sein d’une très grande villle, cela n’exonère pas le politique de ses responsabilités. Et le fonctionnaire est aux ordres du politique.


                                  • Relka Wuyilu 24 septembre 2008 12:30

                                    Merci pour votre commentaire Voltaire.
                                    Il se trouve néanmoins que tous les politiques savent bien que l’une des solutions évidentes réside dans les maisons médicalisées qui panachent autonomie et aide à la personne. Seulement voilà, cela demanderait des moyens considérables qui ne peuvent être mis à disposition que si l’on considéère cette question comme une priorité poilitique et sociale. Or, comme ce sujet n’est pas forcément très rentable électoralement...


                                  • Atlantis Atlantis 23 septembre 2008 23:34

                                    la conclusion amène la question du fond : <i>Il y est question de vies humaines et non pas d’un simple jeu au profit d’ambitions personnelles.</i>
                                    Que reçoit-on quand on se préoccupe du premier et que reçoit-on quand on se préoccupe du second. Je vous laisse méditer, avec pour ami le temps pour gommer les émotions et votre intuition pour guider vos yeux...


                                    • JJ il muratore JJ il muratore 24 septembre 2008 09:28

                                      à Wuyilu. Merci pour votre témoignage sensible qui m’a touché par sa tonalité assez rare ici où, le plus souvent, sont brandis et revendiqués le Savoir, la Raison, l’Intelligence, et oubliée l’intelligence du coeur sans laquelle rien d’humain ne peut advenir. 
                                      Quelques remarques au fil de la lecture de votre beau texte : 
                                      "Mr. Polackzyc sentait mauvais comme sentent mauvais les gens qui n’ont pas de douche..." dites-vous avec une certaine imprudenceJe peux témoigner sur ce point que mes grands parents, mes parents, mes voisins dont aucun ne possédait de douche sentaient bon, car ils se lavaient tous les jours avec très peu d’eau. Par contre ils n’étaient pas en désarroi psychique comme Mr. Polackzyc qui semble avoir souffert de problèmes psychologiques certainement agravés par la coupure du lien avec son entourage (de la part de son entourage ?)
                                      Puis vous évoquez un parcours "kafkaïen" dans une administration qui semble totalement dépourvue de la plus élémentaire sensibilité (à une époque on disait "d’âme") Ceci n’est pas pour m’étonner : c’est le propre de toute administration ; non que les individus fonctionnaires soient insensibles, mais la machine bureaucratique avec ses règles et procédures ne peut que l’être.
                                      Vous évoquez également les comportements des locataires dépourvus de la plus élémentaire humanité pour certains, et manifestant pour les autres une franche hostilité envers ce pauvre Mr. Polackzyc . N’oublions pas que ces locataires ne sont pas des propriétaires, ni des capitalistes (auquel cas tout s’expliquerait) mais des bénéficiaires d’aide sociale.
                                      En résumé un dispositif publique d’aide sociale au logement assez développé pour que la situation soit kafkaïenne et déshumanisée, un voisinage de bénéficiaires de ce dispositif d’aide sociale qui ne peut être taxé d’appartenir à la classe des "privilégiés exploiteurs" et pourtant ... 
                                      La triste histoire de Mr. Polackzyc me rappelle la fameuse canicule pendant laquelle, en France, des milliers de Polacksic moururent dans l’isolement et l’indifférence. Aussitôt des voix scandalisées s’élevèrent pour accuser l’Etat de n’avoir pas prévu, de n’avoir pas mis plus de moyens, bref pour réclamer plus d’Etat. Ces voix revendicatrices ne furent pas étonnées le moins du monde par le fait que nos voisins italiens, espagnols, grecs, tout autant touchés que nous par cette canicule exceptionnelle, eurent nettement moins de victimes que la France. Pourquoi ? Grâce à l’importance et l’efficience de leurs Pouvoirs Publics ? Pas du tout ! Ceux-ci étant au contraire notoirement moins développés qu’ici.
                                      Alors pourquoi ? Il se trouve que le "lien social" n’a pas disparu, n’a pas abdiqué, comme en France, devant la prétention d’un Etat et d’une Administration qui se veulent tout puissants. Les citoyens italiens, espagnols, grecs, sont encore arriérés par rapport aux français : ils ne se sentent pas déresponsabilisés, ils n’attentent pas TOUT de l’Etat, ils n’ont pas une confiance aveugle en l’Administration, ils pensent encore que la famille (cette institution bourgeoise) et le voisinage (ce style de vie affectif pouah ! )sont des valeurs sociales. Il est vrai que leur Histoire n’est pa même que la notre, pendant des siècles ils furent le plus souvent à l’abri du Centralisme d’Etat et ignorèrent le Jacobinisme. Leur façon, que j’appellerai "citoyenne" de faire face à des problèmes, me parait plus honnorable et plus efficace.
                                      Bien à vous.


                                      • Céphale Céphale 24 septembre 2008 11:23

                                        Le nombre de réactions (28 dans le cas présent) n’est pas un signe de qualité pour un article. Je pense même que c’est souvent le contraire.

                                        Cet article fait l’honneur d’AgoraVox. Un grand merci à l’auteur.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès