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remiaufrere 30 juin 2009 16:13
remiaufrere

QUAND LES MOTS ONT LEUR IMPORTANCE !!!

En juillet 1940, le vote des parlementaires sonne clairement la fin de la République à qui est substitué le terme « Etat Français » par des « actes (dits) constitutionnels ».

Le régime républicain est mort ! 

Il n’y a donc pas de continuité de l’état républicain défini par le fonctionnement démocratique des deux chambres parlementaires.

C’est ainsi que lorsque l’on parle de continuité de « l’Etat » le terme est choquant car il y a confusion évidente entre « état »-pays et « Etat république française ».

Cetet confusion est bien entendu source d’expression politique forte et typiquement « anti-républicaine ».

En considérant qu’il y a « continuité de l’Etat » on pense seulement à la gouvernance (en l’occurence non-démocratique même si engagé par un seul vote parlementaire au Casino de Vichy le 4 juillet 1940).

C’est pour cela que l’expression « Président de la république » prend tout son sens et que « Chef de l’Etat » peut être utilisé par tous de Khadafi, en passant par Kim JONG-IL, Pinochet, et le président iranien récemment réélu. On peut être nommé « chef d’état » parce que monarque, président ou dictateur, peu importe !

Le terme de « République Française » est aussi clair et précis. Il renvoie à une définition juridique porté par un texte essentiel (Constitution) et un fonctionnement démocratique par la représentation nationale et l’organisation territoriale.

Subsidiairement, je considère donc que parler de « république gauloise » est impropre voire d’une ironie peu imaginative , la Gaule ayant cessée d’exister depuis ...une quinzaine de siècles (environ).


Alors pourquoi ce débat « continuité de l’Etat contre République Française » ?

Tout simplement parce que le régime dictatorial de Pétain avec son Etat Français (parfaitement anti-républicain), et la collaboration avec l’occupant allemand est utilisé pour remettre en cause à la fois la réalité historique et le mythe.

La réalité c’est que dans chaque grande entité SNCF de l’époque (gares, triages, bureaux appro etc...), il avait été mis en place un soldat ou fonctionnaire allemand, policier allemand, voire de troupes SS pour contrôler les principales activités ferroviaires et que le « gouvernement de l’Etat Français » s’était mis à la disposition de l’autorité allemande en zone occupée puis partout dès l’invasion de la zone dite « libre » en 1942.

En zone dite « libre », des cadres voire des policiers soumis, et favorables et/ou obéissant aux ordres du gouvernement pétainiste étaient clairement favorables à la « Révolution Nationale » du Maréchal et à la collaboration active avec les forces d’occupation.

Tous les ordres provenaient donc du gouvernement de Pétain et des autorités allemandes (celles-ci étant prioritaires sur les instructions gouvernementales).

D’où la non-responsabilité de la SNCF entreprise publique nationale soumis à l’autorité conjointe du gouvernement pétainiste et des autorités d’occupation. Et l’émission de factures de la part de la SNCF adressés à l’Etat (et non à la République Française - sic !) pour les transports de déportés est d’une logique imparable pour un prestataire de services. Même pour ce genre de transport « sans retour » ... je rappelle que des trains ont été sabotés lorsque cela était possible... Bien sûr , on peut toujours dire aujourd’hui que c’était trop peu... Qu’aurions-nous fait nous-même dans l’action, la peur, la crainte pour sa vie et celles des autres ?

C’est pourquoi, celles et ceux qui sont portés à attaquer la SNCF pour complicité de crime contre l’humanité se trompent de coupables !

Mais pire encore ... qu’un responsable d’association d’anciens combattants puisse déclarer que c’est l’Etat qui a distingué la SNCF est un faute de language éffarant pour qui connait l’Histoire et les mots qui l’accompagnent.

Enfin, remettre en cause le mythe de la SNCF combattante n’est pas très glorieux dans la mesure où c’est l’entreprise publique qui a connue le plus grand nombre de « résistants » actifs (et passifs) et vérifiables.

Certes, il n’y a pas eu que des cheminots tous résistants et/ou très actifs. Mais la plupart, par leur culture syndicale et ouvrière n’étaient pas partisans de la « Révolution Nationale » ni de la politique ouverte de collaboration définie par l’accord de Montoire ! Ils étaient souvent proches de la CGT confédérée indépendante de Léon JOUHAUX (SFIO, anarchistes etc...) et communistes (ex-CGTU rattachés au PC de l’URSS) ainsi que pour certains impliqués dans le syndicalisme chrétien ouvrier.

Remettre en cause des faits historiques (et aussi le mythe de la France résistante) pour critiquer aujourd’hui l’efficacité du transport public ferroviaire français et dénoncer les « grèves à répétition à la SNCF », c’est procéder à une manipulation nauséabonde.
 
Cela nous renvoie aux propos de Maurras et de ses amis qui, eux, savaient bien proclamer « l’Etat français » (où la république gauloise !) en lieu et place de la « République Française » pour mieux casser cette dernière !

Alors je ne sais pas encore si on peut parler « d’enculage de mouche » ou simplement de restituer les mots à leur juste place évitant ainsi de cracher sur la mémoire de ceux qui ont combattu pour la « République » dont on ne semble plus connaitre le sens et la définition.



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