Rbj « J.GRAU ».
J’aimerais tant que la situation soit si « simplement complexe » que vous le dites.
Le paradoxe, c’est que la situation est... « complexement complexe » ! avec beaucoup de temps nécessaire pour le démontrer (difficile à la télé et même en réunion électorale) :
Des fils de riche vont parfois devenir gauchiste ou nihiliste.
Des fils de bobo soixantuitards attardés, écolos pétard au bec ont parfois des enfants devenant « hyper conventionnels ».
Des fils de prolos cocos peuvent se découvrir traders boursicotant à la baisse voire à la fermeture d’une entreprise nationale ou au profit d’une délocalisation sauvage.
Mais parents comme enfants, presque tous sans exception, auront des placements, des assurances vie, des caisses de retraites et fonds de pension complémentaires. Une complexité sociologique où les ennemis politiques potentiels s’avèrent paradoxalement soudés de facto par un système financier populaire, entré dans l’ordre des choses, dans les moeurs les plus courantes et acceptées quasiment par tous.
Caché derrière cette complexité socio-politique, le système financier alimente aveuglément et impunément la spéculation nationale et internationale. Les spéculations alimentées par des critères biaisés et des références de facto incomplètes, vont déstabiliser chaque secteur économique :
==> bulle immobilière, sans résoudre le problème du logement pour tous,
==> bulle agroalimentaire sans résoudre la faim dans le monde,
==> bulle énergétique sans assez soutenir les énergies alternatives,
==> bulle industrielle sectorielle sans empêcher les délocalisations.
Deuxième paradoxe qui démontre que toute la population, révolutionnaire ou non, gauchiste ou non, communiste ou non, membre du parti d’Arlette Laguiller ou non, participe et s’avère objectivement complice de l’actuelle « anarchie-dictatoriale financière ». Il n’y a pas besoin d’être salarié d’une banque pour être un complice objectif des spéculateurs « destructeurs d’emplois ».
Notre planète a expérimenté TOUS les systèmes et régimes politiques possibles et imaginables, de l’extrême droite nazie en passant par le fascisme, le populisme péroniste, le gaulisme, le libéralisme, la démocratie chrétienne, le centrisme, la sociale-démocratie, le populisme de gauche, le socialisme, le communisme, le maoïsme, le polpotisme, l’ayatolisme, le kadhafisme, etc.
Pourquoi ne pas expérimenter le « système sociétal », proposant une nouvelle manière de faire participer toute la société aux décisions fondamentales, avec l’orientation de l’économie au service de la société (et non la société au service de l’économie, et non l’économie au service quasi exclusif de la finance). Le refus des partis d’intégrer la société civile aux décisions parlementaires découle de ces multiples autismes idéologiques stratifiées dans le subconscient de chacun. Chaque parti (y compris d’extrême gauche) s’avère incroyablement... conservateur dans sa manière de réfléchir et par conséquent de gérer.
Le capitalisme industriel avait (et a encore) ses défauts. Mais, paradoxalement, il est progressivement rongé puis parfois détruit, non pas par des forces prolétariennes ou bobo-révolutionnaires, mais par notre véritable ennemi commun à tous : le capitalisme financier (dont je vous rappelle que nous sommes tous indirectement complices par nos placements, fonds de retraite, mutuelles et assurances). Et ce paradoxe consécutif à l’énorme capacité prédatrice de la spéculation, fait que des industriels, peuvent maintenant devenir (conditionnellement) de solides alliés. Même parmi les plus conservateurs (par instinct de survie).
A l’échelle d’un pays, d’un continent ou de la planète, le paradoxe connu (depuis l’ère Ford) veut que les ouvriers doivent être de mieux en mieux rémunérés afin de pouvoir consommer de plus en plus de produits de toutes les industries (qui tourneront donc à plein à cause de cette consommation). Mais au niveau local, l’entreprise ne se préoccupera que de la capacité intellectuelle et physique à produire, avec salaire pour une survivance au plus juste, éventuellement cours de gym, de yoga, restaurant, crèche, sorties, comités d’entreprise, mutuelles, logement de fonction, tennis, etc., Le premier et principal but de toutes ces « largesses » étant d’obtenir le meilleur rendement POUR l’entreprise (NB/ Pour l’entreprise intelligente).
Mais si l’on se place au niveau des financiers et spéculateurs, tout sera fait pour diminuer les charges, les salaires, les avantages sociaux. Jusqu’à l’externalisations de diverses tâches puis la délocalisation et la fermeture pan par pan du complexe industriel. VOTRE placement financier va VOUS rapporter PLUS d’argent parce qu’ayant délocalisé dans des pays pratiquant le dumping salarial, social et écologique.
Ainsi , l’intérêt de l’industriel sera donc de participer de plus en plus à la gestion sociale et politique commune, aux « tables rondes transversales » afin que il y ait de moins en moins de violation de lois économiques, sociales et écologiques dans les pays concurrents, notamment du Tiers-Monde.
Les difficiles tentatives de régulation face à la « voyoucratie internationale » risque de finir par mobiliser plus de militants chez les artisans et les industriels (y compris de type conservateurs exploiteur) que chez certains bobos au sein des Verts (favorables à la décroissance économique et au partage du temps de travail résiduel, à la drogue, avec yeux rivés sur le rendement de leurs caisses de retraite).
Non, la situation n’est pas simple. Et nous ne viendrons à bout de cette pagaille mondiale qu’en s’efforçant de TOUS s’asseoir autour de la table. Tant au niveau local, national qu’international. Un travail de patience, de communication, de pédagogie, de réseau, de recherche, de débat et de... construction progressive.
Mais c’est un travail trop ingrat et complexe pour les révolutionnaires du « ya ka faut qu’on simpliste ».
Pour un apparatchik sectaire au sein d’un parti, le danger principal de l’idéologie sociétale est de transformer un militant fanatisé obéissant (et perroquet intellectuel) en philosophe relativisant réfléchissant (et discutant avec... tous les partis ! Summum de la trahison !). Les militants d’extrême-centre seront des « philosophes actifs dans chaque parti », ne dépendant d’aucune direction centrale mais d’une logique de pensée se diffusant progressivement dans chaque famille politique. C’est cette utopie qui sauvera notre société et notre planète. Et c’est uniquement par vous-même, par votre autonomie de pensée et votre « action collective transversale », que cette utopie deviendra réalité dans chaque ville et quartier. Tenter de créer un appareil tentant de contrôler tous ces philosophes sera puéril et dépassé. Car chaque table ronde formera de facto un appareil autonome par la diversité de sa composition sociologique et politique. Là se trouve la véritable révolution intellectuelle et politique. Cette révolution sociétale ne pourra réussir qu’en étant conviviale, pacifique, constructive, systématiquement ouverte sur le monde et scrutant chaque recoin de la société. Une vigilance collective constante afin d’y extirper toute source d’exclusion, de sectarisme, de dogmatisme, d’aveuglement, d’erreur, ou de catastrophes en tous genre.
Depuis 20 ans, nous pensions que le parti sociétal ne pouvait qu’être décentralisé et trans-partis. Qu’il ne pouvait qu’échouer en devenant un parti comme les autres. (Un nouveau parti contre tous les autres aurait eu un bien moindre intérêt). Nous avons peut-être eu tort sur le plan structurel. Mais la multiplication de réseaux croisés sur internet donnera le moyen d’être plus efficace.
En attendant l’avènement ce cette chère « web-utopie organisationnelle », l’un d’entre vous peut trouver cette démarche trop ingrate et trop longue. Surtout après ces 20 longues années de faible écoute par les partis. Pour cette raison, vous pourriez décider qu’il vaut mieux, EN SUS créer une véritable structure de parti dans votre circonscription électorale. Tout en respectant la forme et le fond de la démarche économique et politique sociétale trans-partis, cette expérimentation vous est dorénavant possible localement.
(texte long et indigeste, je sais, mais qui peut être amélioré et raccourci par vos soins)
A+ Cordialement.