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Renaud Bouchard 7 mars 2012 23:19
Renaud Bouchard

Bonjour Bernard et bravo pour la clarté de votre analyse !


Campagne ennuyeuse, certes, à l’image de la médiocrité des acteurs politiques qui tentent de l’animer.

« On ne voit pas, écrivez-vous, ce qui peut troubler le long déroulement de cette campagne ennuyeuse dont l’issue est certaine. » Pour ma part je vois parfaitement ce qui pourrait bien troubler cet endormissement politique : un évènement inattendu qui viendra, comme tout ce qui résulte de signaux faibles auxquels on ne veut prêter attention, exploser dans le ciel politique, économique et social du pays.

Au moment où deux géants économiques s’apprêtent à développer des orientations politiques et économiques majeures en se dotant de nouveaux dirigeants dont la détermination n’a d’égale que la conscience du pouvoir qui leur échoit (Russie et Chine), la France se débat dans des discussions ineptes sur les interdits alimentaires, nourrissant une campagne électorale inepte où tentent de se mesurer deux candidats que tout condamne dans leurs manières d’être, leurs actions passées et à venir, leurs bilans et leurs programmes, et en un mot, leur absence totale de crédibilité. 

Il est surprenant qu’à moins de cinquante jours d’un changement électoral qui va conditionner la vie de chacun pour les cinq ans à venir personne n’ait décidé de renvoyer ces deux vedettes obsolètes qui envisagent la magistrature suprême là d’où elles n’auraient jamais dû sortir : le néant. 

Les périodes électorales se suivent et se ressemblent, comme l’écrit fort justement S. Accardo, dont je cite ici les propos. Celle où nous entrons voit refleurir la rhétorique creuse et hypocrite des barons de la droite et de leurs comparses socialistes qui, tels les automates solidaires d’un ancien jacquemart, viennent alter nativement asséner aux citoyens les coups de maillet de l’évangile libéral : la « crise », la « dette », « au-dessus de nos moyens », « la nécessaire rigueur », l’unité des Français », etc. 

Et si ces mêmes Français pouvaient un jour décider d’asséner un bon coup de maillet à ces figures politiques insensées qu’ils ne cessent de révérer au nom d’une fidélité partisane inexplicable ?

Faudra-t-il que le réel saute à la gorge de chacun pour comprendre qu’il est des choix qu’il faut effectuer et des décisions qu’il faut prendre tant qu’il en est encore temps ? 

Voici pour ma part ce que je crois , ce que j’écrivais déjà le 19 septembre 2011, et qui demeure plus que jamais valable pour 2017 :

 

« Election présidentielle 2012 : sortir de la pétrification des consciences ou la nécessaire investiture nationale d’un président de haut parage, d’un président de combat, d’un président visionnaire.

Madame, Monsieur, prêtez-moi votre attention en me consentant votre réflexion après lecture de cette lettre que je prends la liberté de vous adresser en tant que citoyen.

« Les périodes électorales se suivent et se ressemblent. Celle où nous entrons voit refleurir sans retard la rhétorique creuse et hypocrite des barons de la droite et de leurs comparses socialistes qui, tels les automates solidaires d’un ancien jacquemart, viennent alternativement asséner aux citoyens les coups de maillet de l’évangile libéral : « la crise », « la dette », "au-dessus de nos moyens« , »la nécessaire rigueur« , »l’unité des Français", etc.

Alain Accardo, La Décroissance, septembre 2011.

Le paquebot mondial est en train de chasser sur ses ancres.

La blogosphère étincelle de millions de commentaires qui décrivent ce monde en devenir, un monde dont les dirigeants actuels ne peuvent pas ne pas voir les transformations profondes et irréversibles.

Tectonique politique, économique et sociale, des révolutions arabes aux démocraties qui naissent dans la douleur, réfléchissent à leur destinée et tentent de se recomposer en de multiples interrogations de part et d’autre de la Méditerranée, en Afrique, en Europe, en Asie, dans les Amériques, l’accélération de cette nouvelle Grande Transformation laisse derrière elle les vestiges dinosauriens d’élites totalement déconnectées des préoccupations et aspirations citoyennes et qui se cramponnent de manière pathétique à des structures obsolètes, s’essayant à surmonter le bruit de ces craquements qu’ils n’ont pas plus vu venir qu’ils n’en ont compris les causes.

Crise systémique globale, catastrophes nucléaires, jeux politiques éreintés, personnel politique hors d’âge, autant d’ingrédients qui me conduisent à entrer en lice.

J’ai pour cela besoin d’une investiture qui émane de ceux-là seuls qui sont, avec leurs concitoyens, leurs administrés, leurs voisins, collègues, amis, parents, familles, la première manifestation de la nation : vous, Maires de France.

La seule investiture qui compte n’est pas celle consentie par un parti, quel qu’il soit, qui ne rassemble qu’une minorité, ne met en avant que des gens qui ne représentent qu’eux-mêmes et qui osent encore prétendre parler au nom d’un pays tout entier.

La seule et unique investiture qui compte, en effet, est celle de la Nation toute entière, désireuse de transcender et court-circuiter des partis politiques éreintés animés par le dur désir de durer et dont les vedettes sont déjà en train de moisir dans la poubelle de l’histoire.

Nous assistons aux derniers soubresauts du PS et de l’UMP, tous deux en état de mort clinique imminente. Le spectacle d’ombres chinoises ou d’automates déglingués (le choix est ouvert) qui se déroule depuis plusieurs mois au sein du PS et de l’UMP démontre que c’est l’oligarchie institutionnalisée (phénomène constaté dans toutes les formations politiques sans exception) qui prétend en assurer le renouvellement qui conduit en réalité ce type de structure au dépérissement puis à sa disparition pure et simple.

Où l’on voit que la phylogenèse est implacable puisqu’après trois présidentielles perdues coup sur coup, le Parti socialiste écartelé entre six programmes politiques ne réussira pas la rénovation après laquelle il court pour retrouver une voix et un poids face à ses adversaires avant l’élection présidentielle de 2012. La comédie des «  Primaires » aseptisées, privées du soutien de l’Oncle d’Amérique désormais hors jeu et attendu comme le Messie cosmoplanétaire, n’aura fait que retarder l’échéance d’un affrontement inéluctable entre les candidats de cette formation.

Le constat est identique à droite avec un suzerain délégitimé, parti se refaire une santé politique en Libye avec l’espoir d’un retour sur investissement, mais dont les feudataires guettent la fin de règne.

Les dissensions qui agitent l’UMP ont en définitivement lézardé le bâtiment dont l’effondrement est inéluctable dès lors que la coalition d’intérêts qui a présidé à sa naissance explose face à la réalité d’une actualité sur laquelle elle n’a plus prise et qui la dépasse.

Programme opportuniste, velléitaire, candidats ou thuriféraires dont l’inconsistance n’a d’égale que leur prétention, chef de l’Etat ou chef de parti en fin de course, scandales à répétition de part et d’autre (affaires Clearstream, Woerth, Bettancourt, Guerini), compromissions inadmissibles (Alliot-Marie/ Ben Ali), intermédiations occultes et nauséabondes (affaires Bourgi, Djouhri, Takieddine) et retournements de veste (Sarkozy/Libye), autant d’éléments qui ne sauraient sérieusement soutenir plus longtemps encore une prétention à un quelconque suffrage aux prochaines consultations électorales, présidentielle et législative.

Le Ðien Biên Phu probable des sénatoriales, le 25 septembre prochain, ouvre la saison politique 2011/2012.

Nombreux sont ceux qui sont en train de comprendre au regard d’une réalité impitoyable que les perspectives d’évolution des organisations partisanes vers le modèle du parti cartel, véritable plaie institutionnelle, loin de prédisposer à une mixité des mobilisations politiques et sociales, suggèrent au contraire une institutionnalisation accrue, une moindre prise en compte des intérêts de la société civile, des pratiques militantes appauvries par une professionnalisation politique, et une dépendance financière et institutionnelle accrue à l’égard de l’Etat.

A ce stade, qui touche tous les partis sans exception, le ver est donc dans le fruit.

Quels que soient les unités programmatiques, proposées ou mises en place pour assurer la pérennité des formations partisanes (soit pour se maintenir au pouvoir, soit pour le conquérir), les rénovations nationales, les ralliements, toutes ces actions sont vouées à l’échec parce que menées par des têtes de listes usées, fatiguées, démonétisées, qui n’ont que faire des soucis, des difficultés, des inquiétudes que vivent les gens.

Chacun perçoit bien, pour peu qu’il réfléchisse un instant, que les scissions politiques en cours et les verrouillages partisans ouvrent un immense espace de reconstruction à des forces nouvelles transdiciplinaires qui ne sont ni de Droite, ni de Gauche, ni Centristes - catégories politiques devenues ineptes - mais tout simplement...politiquement, économiquement et socialement nouvelles.

Un nouveau paradigme est en effet en train de se mettre en place qui va conduire les simulacres qui s’agitent encore et s’évertuent à tenter de maintenir à flot leurs formations politiques actuelles dans leur ensemble à rejoindre enfin la place qui les attend inéluctablement : le musée.

Nombreux sont ceux qui, pour l’élection présidentielle de 2012, aimeraient pouvoir voter pour un homme intègre, mais sont sans illusions sur ses chances de succès, ce en quoi ils ont tort. Nombreux sont ceux qui vont fonder leurs espoirs sur les élections législatives, ce en quoi ils ont raison. Encore plus nombreux sont ceux qui, désireux d’instituer un contre pouvoir, voir même réellement changer le régime en place, aimeraient se reconnaître dans un candidat qui n’aurait pas l’investiture des mandarins politiques actuels et serait véritablement nouveau en étant vierge de toute compromission. Ceux-là auront amplement raison.

Voici ce que je crois :

La perte de légitimité politique étant devenue générale, c’est en réalité l’ensemble du gouvernement qui n’est plus opérationnel. Le premier Ministre devrait remettre sa démission au président de la République. Au moment où la crise économique et financière génère une onde politique qui réduit de facto à néant une équipe gouvernementale et un système partisan obsolètes, devenus synonyme d’un passé révolu ; au moment où il s’agit de vraiment réformer le système monétaire international ; au moment où un monde est en train de basculer, il ne s’agit plus simplement de rapetasser un système politique, économique et social en perdition avec des gouvernants naufragés, délégitimés et qui ne savent plus quoi faire.

Il ne faut pas craindre, pour user d’une métaphore informatique, de redémarrer et de réinitialiser le système tout entier.
Mieux : pourquoi ne pas changer tout simplement de logiciel et de machine ?
La grande interrogation est de savoir comment faire pour que les élections de 2012 ne se résument pas à une caricature électorale.

Fort heureusement, la solution est très simple. Elle consiste à sortir de la pétrification des consciences.

Il s’agit en effet d’établir un processus de sélection démocratique basée sur la qualité éthique comportementale des candidats et non pas sur les seules capacités de bateleur dont ils font preuve chaque jour. Il est évident que le temps est venu d’agir.

Il s’agit sans plus tarder de concrétiser cette dynamique à laquelle tout un monde citoyen aspire en profondeur. Il faut désormais une élection présidentielle anticipée afin de prendre dès maintenant les décisions qu’appellent l’intérêt supérieur de la Nation et celui des Français afin d’empêcher la réédition d’un jeu de dupes mené par des dirigeants usés qui ne sont plus animés que par le dur désir de durer.

Cette élection anticipée, il convient d’en initier le processus dès à présent, hors partis institutionnels, en comprenant que ce Spectacle Politique que tout le monde rejette tient plus d’un régime de sevrage aux idées nouvelles, à la domestication électorale par réflexe démocratique, que d’une réelle participation à un changement.

Se séparer de la clique actuellement aux affaires est devenu une obligation majeure. Eviter l’arrivée aux affaires d’une autre clique qui n’offrira qu’un programme réchauffé est encore plus important.

Bien à vous, Renaud Bouchard



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