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Accueil du site > Tribune Libre > Inch halal ! Dieu que cette campagne est ennuyeuse

Inch halal ! Dieu que cette campagne est ennuyeuse

 Les Français trouvent la campagne ennuyeuse. C’est ce que racontent les médias, sans disposer pour autant de sources fiables. Que les instituts de sondage fassent leur enquête ! Interroger les citoyens sur la campagne s’avère plus instructif que de refaire chaque semaine la photo du quinté où rien ne se passe puisque les candidats ne changent pas de position. N’ayant aucune légitimité ni prétention à représenter l’opinion des Français, je ne donne qu’un avis personnel. Je confirme en effet que la campagne est ennuyeuse. Les mêmes litanies, les prises de bec. Parfois, un événement inattendu vient troubler le sommeil politique et c’est un Sarkozy coincé dans un bar à Bayonne qui nous sort de la torpeur médiatique. Quant à François Hollande, il ne va pas nous refaire le coup de la farine. Le professeur de sciences politiques nous dira, depuis sa chaire, avec tout le sérieux que lui confère sa toge de docteur, que la campagne n’est pas celle qu’attendent les Français et surtout qu’elle n’est pas à la hauteur des enjeux contemporains. Mais au fait, il en sait quoi, ce professeur, de ce qu’attendent les Français. Et les enjeux, que peut-il en dire à part que la France est endettée avec un chômage massif ? Rien, car les Français il ne les fréquente pas beaucoup et les enjeux de l’avenir, il est bien incapable de les penser. A part quelques gloses sur d’éventuels rafistolages de la vie publique. Rien, le désert, le vide, l’ennui. Un peu comme les signaux envoyés depuis le marché de Talence. Pas beaucoup vu les militants dimanche dernier. Juste deux adhérents à l’UMP que je me suis amusé à snober en les ignorant et eux de m’ignorer ainsi, ce qui est logique vu que j’ai une gueule de gauche et que du reste, ils n’ont vraiment pas la fibre conquérante. Ce qu’on peut comprendre. L’inconscient parle souvent vrai. Quand Sarkozy nous refait le discours sur l’identité, l’immigration, le travail, le pouvoir d’achat, il se tire une balle dans le pied vu qu’il ne fait que trahir l’échec de cinq ans de gouvernance. Les militants en ont tellement honte qu’ils se cachent, pas comme les témoins de Jéhovah qui chaque dimanche matin, tiennent un maigre stand sur ce marché de Talence.

 Dieu que cette campagne est ennuyeuse, une bataille de chiffres. Et vas-y que je calcule combien va faire entrer le fric la mesure fiscale de Hollande ou bien celle de Bayrou. Vas-y que je prophétise le niveau de l’inflation produite par les taxes de Marine le Pen. Si ça continue, je vais me mettre au sudoku. Et comme on crie dans les manifs, oku, oku, okune hésitation. Aie ! Mon cerveau se ramollit. Je vais finir par me retrouver avec un Alzheimer et oublier d’aller voter si je ne reprends pas mes esprits. L’œil résolument critique, j’entends toutes ces petites phrases. On dirait une querelle de cour d’école. Je me souviens d’une anecdote. C’était vers 1980. On m’avait raconté le cas d’un élève tout droit sorti de Centrale qui, après une année passée au service militaire, n’avait plus aucune conversation. Je pense que c’était une boutade. Mais assez amusante. Et quand l’entends NKM sortir quelques méchantes vannes contre François Hollande, je me dis, merde alors, sortir de polytechnique pour finir à ce niveau là ! Si c’est ça la politique, je ne regrette pas d’être passé à côté d’une carrière de militant. Ni d’avoir échappé au service militaire. Un an après être sorti des Mines, j’avais encore de la conversation.

 Et cette campagne. Pas à la hauteur des enjeux ? Si, bien sûr que si. Tout dépend où l’on situe les enjeux. Si c’est réduire la dette, le chômage tout en conservant tous les avantages du modèle social, alors je crois bien que ce n’est pas un enjeu mais juste un rêve, une illusion, une impossibilité presque aussi ontologique que prouver l’existence de Dieu. Soyons réalistes et demandons le possible. Sur les pavés, Paris plage. Et à l’Elysée, une nouvelle page. Il faut donc réviser les enjeux et juste exiger qu’on tourne la page. Et là, rien de plus accessible que cet enjeu qui n’est autre que de signaler à Nicolas Sarkozy la fin de son contrat passé avec les Français. La vie politique aussi évidente qu’un CDI non renouvelé. C’est tout simple. Pas besoin d’une campagne virevoltante et fulgurante. Quand une entreprise veut se débarrasser d’un PDG, il suffit d’un conseil d’administration. Pas besoin de rester des heures à gloser, discutailler, négocier, analyser. L’entreprise se porte mal et on change la direction. Le bilan de Sarkozy est trop maigre pour qu’il soit renouvelé à son poste. Mais comme il faut tenir jusqu’au 6 mai et qu’il est impensable pour les médias de snober ce moment sacré dans la vie politique française que représente une présidentielle, alors les séquences de campagne se suivent et souvent se ressemblent. Et parfois, un moment comique saisit le spectateur, quand Madame le Pen joue la mijaurée en effeuillant quelques journaux alors que son adversaire d’un soir Jean-Luc Mélenchon tente de trouver une faille afin d’entamer un improbable débat. Dieu que cette campagne est ennuyeuse. A croire que les Français ne font plus crédit aux politiciens. Heureusement, les banques font encore crédit à l’Etat qui peut payer ses fonctionnaires et peut-être, dans dix ans, récupérer son triple A.

 Plus sérieusement, le véritable enjeu, c’est que la France puisse continuer à fonctionner. Soyons réalistes et ne demandons rien. C’est plus raisonnable. Soyons réalistes et n’ayons peur de rien, sur une musique de Noir désir. Le sort de l’économie n’est plus entre les mains de la France. Ce pays est mal géré disent les mal logés mais il est bien gouverné disent les bien lotis. Soyons réalistes et stoïques. La prochaine équipe gouvernementale ne peut pas faire pire que Sarkozy et c’est un bon argument laissant augurer d’un léger espoir. Quand tout est noir, la moindre étincelle illumine le ciel des espérances. Le petit journal de Canal est un piètre exutoire pour les déçus de la politique. Le grand journal est déprimant avec les litanies d’un Aphatie qui ne parvient pas à rendre les enjeux clairs ni à faire de la politique quelque chose qui parle à l’existence des gens. Les autres journalistes ne valent pas mieux et cette campagne ne vaut rien. Sarkozy a d’ailleurs été le président de l’ennui en ce super Tuesday médiatique face à Pujadas et Fabius.

 D’autres ont placé comme enjeu le halal qu’il eut été équitable d’associer au casher, ce que vient de faire François Fillon qui a surpris son monde en donnant l’impression de donner un coup de pied dans la fourmilière pour se distraire lui aussi de l’ennui galopant qui finit par anesthésier tout élan politique. Il faut bien sortir un gadget de temps en temps. Néanmoins, cette question de l’abattage des animaux, même si elle mérite un débat, n’a pas vraiment sa place dans la campagne. Faute d’enjeux déterminants, on se contente de petits détails d’ordre éthique mais sans aucune incidence avec les défis qui attendent la France et l’Europe. Inch halal, les dés semblent maintenant jetés. On ne voit pas ce qui peut troubler le long déroulement de cette campagne ennuyeuse dont l’issue et certaine. Le 6 mai une fumée blanche sortira de l’écran et les médias s’écrieront, messieurs et mesdames, habeam presidam ! 

 Et voilà, le show continue. Après une campagne ennuyeuse, bienvenue dans une France ennuyeuses. Intellectuels, journalistes, imprésarios, universitaires, sportifs, managers, communicants, célébrités, tous concourent à faire de ce pays le théâtre d’un ennui qui semble convenir au peuple et au marché. La médiocrité rassure et fait vendre.


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12 réactions à cet article    


  • chapoutier 7 mars 2012 09:17

    vous trouvez cette campagne ennuyeuse ?

    attendez le lendemain du 2eme tour, les choses sérieuses commenceront : quel que soit l’élu, il lui faudra mettre en application la règle d’or et là on verra les cocktails molotov illuminer les nuits parissiennes !


    • Fergus Fergus 7 mars 2012 09:34

      Bonjour, Chapoutier.

      La règle d’or ne sera évidemment pas respectée. D’ores et déjà, l’Espagnol Rajoy a, annoncé, sitôt après signé les nouveaux textes européens, qu’il s’en affranchissait en portant de 4,4 % (limite autorisée) à 5,8 % le déficit budgétaire 2012. D’autres pays suivront.

      C’est pourquoi tout cela devra être renégocié, quoi qu’en dise le couple Merkozy


    • le journal de personne le journal de personne 7 mars 2012 09:28

      Campagne Hallal ou Haram ?

      Quand on sait comment naissent les promesses,
      on cesse de faire des promesses sinon...
      C’est Haram...
       
      http://www.lejournaldepersonne.com/2012/03/campagne-hallal-ou-haram/


      • pendant qu’un gouvernement de fortune (17 millions d’euros 1 MINISTRE:AN...ils sont 35 calculez.

        pendant que ce fou de GUEANT s’occuppe d’un detail...hallal ou pas...la viande..

        LES MARCHANDS DE SOMMEIL CONTINUENT A SEVIR IMPUNEMENT.

        4enfants et un homme de 25 ans ont été brulés vifs dans un IMMEUBLE VETUSTE SOUS LES COMBLES A LANNION 22.
        LA MERE S EST JETE PAR LA FENETRE AVEC SON BEBE DE 6 MOIS DANS LES BRAS.ILS SONT SAUVES..

        65% DES FRANCAIS PENSENT QUE CETTE CAMPAGNE EST NULLE ET NE S OCCUPPE PAS DE VRAIS PROBLEMES...EN VOILA UN ..MR APPARU SECRETAIRE D ETAT AU NON LOGEMENT DEVRAIT ETRE POURSUIVI....IL A DIT SUR UN PLATEAU TELE...’« en province le problème est presque règlé »

        ce sont vos amis « apparu » de l ump qui font du fric avec des logements non sécurisés...
        ILs SONT AVOCATS D AFFAIRES OU GERANTS DE SCI.ET A L UMP ......ex bron- buchman 75016 paris..

        SI MR MELENCHON OU MR MONTEBOURG SONT SOIT A L INTERIEUR LOGEMENT COMPRIS EN MAI.

        NOUS DEMANDERONS DES POUrSUITES CONTRE MR APPARU (apparition a la télé...)

        ET UNE PEINE DE PRISON DE 20 ANS POUR LE BAILLEUR...pas 2750 euros COMME LE MINISTRE DE L INJUSTICE A DONNE POUR CHAQUE AFRICAIN MORT DANS UN HOTEL D HEBERGEMENT A PARIS......QUEL CYNISME ...UNE VIE AFRICAINE VAUT 2750 EUROS...ET UNE VIE DE BON BLANC BEAUF FRANCAIS VOUS LA FIXEZ A COMBIEN...MR GUEANT ?????


        • Fergus Fergus 7 mars 2012 09:38

          Bonjour, Bernard.

          Cette campagne n’est ni plus ni moins ennuyeuse que les précédentes. Le problème vient du fait que les campagnes présidentielles sont de plus en plus médiatisées et que, sous la pression des journalistes, elles commencent de plus en plus tôt. D’où les redites ert l’impression de tourner en rond que l’on peut avoir. Quand à s’étonner que trop de place soit donnée à des points de détail, c’était déjà largement le cas en 2007.


          • fanc 7 mars 2012 19:41

            Cette campagne est ennuyeuse car on ne parle JAMAIS des vrais sujets.

            Les précédentes étaient également ennuyeuse je suis d’accord, parcequ’on ne parlait déjà pas des vrais sujets.


          • Catart Catart 7 mars 2012 11:27

            Bonjour,

            oui la campagne est ennuyeuse et il n’y que l’UMPS qui compte aux yeux des journalistes.

            Les petits candidats n’ont pas le droit d’exister et plus ils ont interdiction de parler politique... ??? et de venir à Paris...
            je m’explique
            Hier nous avons téléphoné dans différentes mairies de Paris pour obtenir une salle pour notre conférence de presse du 17 afin d’éviter de la faire en extérieur comme prévu...ayant vent que nous allons avoir des problèmes...
            Réponse pour les mairies qui avaient des salles libres exemple celle du 10ème arron
            dissement « socialiste mais les autres c’est idem » par le chef de cabinet...je site...nous ne pouvons vous mettre à disposition une salle pour une conférence de presse politique...surtout en cette période d’élection... ??? et vous n’êtes pas de Paris... ???
            Scandaleux alors que depuis le début de l’année ils ont eux fait une multitude de réunions politiques...mais pour eux.

            http://www.indigne-je-propose.fr/


          • anarcococo 7 mars 2012 12:11

            " La prochaine équipe gouvernementale ne peut pas faire pire que Sarkozy et c’est un bon argument laissant augurer d’un léger espoir" ???

            On dirait que cela se calme avec l’euro et la Grèce ...

            Mais bientôt au pouvoir, les éléphants du PS vont nous faire un grand jeu de chamboule-tout avec l’économie européenne et mondiale ...

            Mais pas de panique, puisque on vous dit que c’est pour le bien des plus pauvres !


            • Bulgroz 7 mars 2012 12:24


              "...tous concourent à faire de ce pays le théâtre d’un ennui qui semble convenir au peuple et au marché. La médiocrité rassure et fait vendre."

              C’est vrai qu’il nous faudrait plus de Dugué pour avoir une campagne digne de son haut niveau d’exigence.


              • Nanar M Nanar M 7 mars 2012 12:37

                La vraie campagne ne se joue pas devant les médias.
                Allez assister à une des innombrables assemblées citoyennes du front de gauche et vous verrez l’immense intérêt des français pour cette campagne et que leurs préoccupations sont bien loin des buzz médiatiques.


                • Pie 3,14 7 mars 2012 19:52

                  La France s’ennuie, écrivait l’éditorialiste Pierre Viansson Ponté le 15 Mars 1968...

                  Deux mois plus tard, plus personne ne s’ennuyait...


                  • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 7 mars 2012 23:19

                    Bonjour Bernard et bravo pour la clarté de votre analyse !


                    Campagne ennuyeuse, certes, à l’image de la médiocrité des acteurs politiques qui tentent de l’animer.

                    « On ne voit pas, écrivez-vous, ce qui peut troubler le long déroulement de cette campagne ennuyeuse dont l’issue est certaine. » Pour ma part je vois parfaitement ce qui pourrait bien troubler cet endormissement politique : un évènement inattendu qui viendra, comme tout ce qui résulte de signaux faibles auxquels on ne veut prêter attention, exploser dans le ciel politique, économique et social du pays.

                    Au moment où deux géants économiques s’apprêtent à développer des orientations politiques et économiques majeures en se dotant de nouveaux dirigeants dont la détermination n’a d’égale que la conscience du pouvoir qui leur échoit (Russie et Chine), la France se débat dans des discussions ineptes sur les interdits alimentaires, nourrissant une campagne électorale inepte où tentent de se mesurer deux candidats que tout condamne dans leurs manières d’être, leurs actions passées et à venir, leurs bilans et leurs programmes, et en un mot, leur absence totale de crédibilité. 

                    Il est surprenant qu’à moins de cinquante jours d’un changement électoral qui va conditionner la vie de chacun pour les cinq ans à venir personne n’ait décidé de renvoyer ces deux vedettes obsolètes qui envisagent la magistrature suprême là d’où elles n’auraient jamais dû sortir : le néant. 

                    Les périodes électorales se suivent et se ressemblent, comme l’écrit fort justement S. Accardo, dont je cite ici les propos. Celle où nous entrons voit refleurir la rhétorique creuse et hypocrite des barons de la droite et de leurs comparses socialistes qui, tels les automates solidaires d’un ancien jacquemart, viennent alter nativement asséner aux citoyens les coups de maillet de l’évangile libéral : la « crise », la « dette », « au-dessus de nos moyens », « la nécessaire rigueur », l’unité des Français », etc. 

                    Et si ces mêmes Français pouvaient un jour décider d’asséner un bon coup de maillet à ces figures politiques insensées qu’ils ne cessent de révérer au nom d’une fidélité partisane inexplicable ?

                    Faudra-t-il que le réel saute à la gorge de chacun pour comprendre qu’il est des choix qu’il faut effectuer et des décisions qu’il faut prendre tant qu’il en est encore temps ? 

                    Voici pour ma part ce que je crois , ce que j’écrivais déjà le 19 septembre 2011, et qui demeure plus que jamais valable pour 2017 :

                     

                    « Election présidentielle 2012 : sortir de la pétrification des consciences ou la nécessaire investiture nationale d’un président de haut parage, d’un président de combat, d’un président visionnaire.

                    Madame, Monsieur, prêtez-moi votre attention en me consentant votre réflexion après lecture de cette lettre que je prends la liberté de vous adresser en tant que citoyen.

                    « Les périodes électorales se suivent et se ressemblent. Celle où nous entrons voit refleurir sans retard la rhétorique creuse et hypocrite des barons de la droite et de leurs comparses socialistes qui, tels les automates solidaires d’un ancien jacquemart, viennent alternativement asséner aux citoyens les coups de maillet de l’évangile libéral : « la crise », « la dette », "au-dessus de nos moyens« , »la nécessaire rigueur« , »l’unité des Français", etc.

                    Alain Accardo, La Décroissance, septembre 2011.

                    Le paquebot mondial est en train de chasser sur ses ancres.

                    La blogosphère étincelle de millions de commentaires qui décrivent ce monde en devenir, un monde dont les dirigeants actuels ne peuvent pas ne pas voir les transformations profondes et irréversibles.

                    Tectonique politique, économique et sociale, des révolutions arabes aux démocraties qui naissent dans la douleur, réfléchissent à leur destinée et tentent de se recomposer en de multiples interrogations de part et d’autre de la Méditerranée, en Afrique, en Europe, en Asie, dans les Amériques, l’accélération de cette nouvelle Grande Transformation laisse derrière elle les vestiges dinosauriens d’élites totalement déconnectées des préoccupations et aspirations citoyennes et qui se cramponnent de manière pathétique à des structures obsolètes, s’essayant à surmonter le bruit de ces craquements qu’ils n’ont pas plus vu venir qu’ils n’en ont compris les causes.

                    Crise systémique globale, catastrophes nucléaires, jeux politiques éreintés, personnel politique hors d’âge, autant d’ingrédients qui me conduisent à entrer en lice.

                    J’ai pour cela besoin d’une investiture qui émane de ceux-là seuls qui sont, avec leurs concitoyens, leurs administrés, leurs voisins, collègues, amis, parents, familles, la première manifestation de la nation : vous, Maires de France.

                    La seule investiture qui compte n’est pas celle consentie par un parti, quel qu’il soit, qui ne rassemble qu’une minorité, ne met en avant que des gens qui ne représentent qu’eux-mêmes et qui osent encore prétendre parler au nom d’un pays tout entier.

                    La seule et unique investiture qui compte, en effet, est celle de la Nation toute entière, désireuse de transcender et court-circuiter des partis politiques éreintés animés par le dur désir de durer et dont les vedettes sont déjà en train de moisir dans la poubelle de l’histoire.

                    Nous assistons aux derniers soubresauts du PS et de l’UMP, tous deux en état de mort clinique imminente. Le spectacle d’ombres chinoises ou d’automates déglingués (le choix est ouvert) qui se déroule depuis plusieurs mois au sein du PS et de l’UMP démontre que c’est l’oligarchie institutionnalisée (phénomène constaté dans toutes les formations politiques sans exception) qui prétend en assurer le renouvellement qui conduit en réalité ce type de structure au dépérissement puis à sa disparition pure et simple.

                    Où l’on voit que la phylogenèse est implacable puisqu’après trois présidentielles perdues coup sur coup, le Parti socialiste écartelé entre six programmes politiques ne réussira pas la rénovation après laquelle il court pour retrouver une voix et un poids face à ses adversaires avant l’élection présidentielle de 2012. La comédie des «  Primaires » aseptisées, privées du soutien de l’Oncle d’Amérique désormais hors jeu et attendu comme le Messie cosmoplanétaire, n’aura fait que retarder l’échéance d’un affrontement inéluctable entre les candidats de cette formation.

                    Le constat est identique à droite avec un suzerain délégitimé, parti se refaire une santé politique en Libye avec l’espoir d’un retour sur investissement, mais dont les feudataires guettent la fin de règne.

                    Les dissensions qui agitent l’UMP ont en définitivement lézardé le bâtiment dont l’effondrement est inéluctable dès lors que la coalition d’intérêts qui a présidé à sa naissance explose face à la réalité d’une actualité sur laquelle elle n’a plus prise et qui la dépasse.

                    Programme opportuniste, velléitaire, candidats ou thuriféraires dont l’inconsistance n’a d’égale que leur prétention, chef de l’Etat ou chef de parti en fin de course, scandales à répétition de part et d’autre (affaires Clearstream, Woerth, Bettancourt, Guerini), compromissions inadmissibles (Alliot-Marie/ Ben Ali), intermédiations occultes et nauséabondes (affaires Bourgi, Djouhri, Takieddine) et retournements de veste (Sarkozy/Libye), autant d’éléments qui ne sauraient sérieusement soutenir plus longtemps encore une prétention à un quelconque suffrage aux prochaines consultations électorales, présidentielle et législative.

                    Le Ðien Biên Phu probable des sénatoriales, le 25 septembre prochain, ouvre la saison politique 2011/2012.

                    Nombreux sont ceux qui sont en train de comprendre au regard d’une réalité impitoyable que les perspectives d’évolution des organisations partisanes vers le modèle du parti cartel, véritable plaie institutionnelle, loin de prédisposer à une mixité des mobilisations politiques et sociales, suggèrent au contraire une institutionnalisation accrue, une moindre prise en compte des intérêts de la société civile, des pratiques militantes appauvries par une professionnalisation politique, et une dépendance financière et institutionnelle accrue à l’égard de l’Etat.

                    A ce stade, qui touche tous les partis sans exception, le ver est donc dans le fruit.

                    Quels que soient les unités programmatiques, proposées ou mises en place pour assurer la pérennité des formations partisanes (soit pour se maintenir au pouvoir, soit pour le conquérir), les rénovations nationales, les ralliements, toutes ces actions sont vouées à l’échec parce que menées par des têtes de listes usées, fatiguées, démonétisées, qui n’ont que faire des soucis, des difficultés, des inquiétudes que vivent les gens.

                    Chacun perçoit bien, pour peu qu’il réfléchisse un instant, que les scissions politiques en cours et les verrouillages partisans ouvrent un immense espace de reconstruction à des forces nouvelles transdiciplinaires qui ne sont ni de Droite, ni de Gauche, ni Centristes - catégories politiques devenues ineptes - mais tout simplement...politiquement, économiquement et socialement nouvelles.

                    Un nouveau paradigme est en effet en train de se mettre en place qui va conduire les simulacres qui s’agitent encore et s’évertuent à tenter de maintenir à flot leurs formations politiques actuelles dans leur ensemble à rejoindre enfin la place qui les attend inéluctablement : le musée.

                    Nombreux sont ceux qui, pour l’élection présidentielle de 2012, aimeraient pouvoir voter pour un homme intègre, mais sont sans illusions sur ses chances de succès, ce en quoi ils ont tort. Nombreux sont ceux qui vont fonder leurs espoirs sur les élections législatives, ce en quoi ils ont raison. Encore plus nombreux sont ceux qui, désireux d’instituer un contre pouvoir, voir même réellement changer le régime en place, aimeraient se reconnaître dans un candidat qui n’aurait pas l’investiture des mandarins politiques actuels et serait véritablement nouveau en étant vierge de toute compromission. Ceux-là auront amplement raison.

                    Voici ce que je crois :

                    La perte de légitimité politique étant devenue générale, c’est en réalité l’ensemble du gouvernement qui n’est plus opérationnel. Le premier Ministre devrait remettre sa démission au président de la République. Au moment où la crise économique et financière génère une onde politique qui réduit de facto à néant une équipe gouvernementale et un système partisan obsolètes, devenus synonyme d’un passé révolu ; au moment où il s’agit de vraiment réformer le système monétaire international ; au moment où un monde est en train de basculer, il ne s’agit plus simplement de rapetasser un système politique, économique et social en perdition avec des gouvernants naufragés, délégitimés et qui ne savent plus quoi faire.

                    Il ne faut pas craindre, pour user d’une métaphore informatique, de redémarrer et de réinitialiser le système tout entier.
                    Mieux : pourquoi ne pas changer tout simplement de logiciel et de machine ?
                    La grande interrogation est de savoir comment faire pour que les élections de 2012 ne se résument pas à une caricature électorale.

                    Fort heureusement, la solution est très simple. Elle consiste à sortir de la pétrification des consciences.

                    Il s’agit en effet d’établir un processus de sélection démocratique basée sur la qualité éthique comportementale des candidats et non pas sur les seules capacités de bateleur dont ils font preuve chaque jour. Il est évident que le temps est venu d’agir.

                    Il s’agit sans plus tarder de concrétiser cette dynamique à laquelle tout un monde citoyen aspire en profondeur. Il faut désormais une élection présidentielle anticipée afin de prendre dès maintenant les décisions qu’appellent l’intérêt supérieur de la Nation et celui des Français afin d’empêcher la réédition d’un jeu de dupes mené par des dirigeants usés qui ne sont plus animés que par le dur désir de durer.

                    Cette élection anticipée, il convient d’en initier le processus dès à présent, hors partis institutionnels, en comprenant que ce Spectacle Politique que tout le monde rejette tient plus d’un régime de sevrage aux idées nouvelles, à la domestication électorale par réflexe démocratique, que d’une réelle participation à un changement.

                    Se séparer de la clique actuellement aux affaires est devenu une obligation majeure. Eviter l’arrivée aux affaires d’une autre clique qui n’offrira qu’un programme réchauffé est encore plus important.

                    Bien à vous, Renaud Bouchard

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