Campagne ennuyeuse, certes, à l’image de la médiocrité des acteurs politiques qui tentent de l’animer.
Au moment où deux géants
économiques s’apprêtent à développer des orientations politiques et économiques
majeures en se dotant de nouveaux dirigeants dont la détermination n’a d’égale
que la conscience du pouvoir qui leur échoit (Russie et Chine), la France se débat dans des
discussions ineptes sur les interdits alimentaires, nourrissant une campagne
électorale inepte où tentent de se mesurer deux candidats que tout condamne
dans leurs manières d’être, leurs actions passées et à venir, leurs bilans et
leurs programmes, et en un mot, leur absence totale de crédibilité.
Il est surprenant qu’à moins de
cinquante jours d’un changement électoral qui va conditionner la vie de chacun
pour les cinq ans à venir personne n’ait décidé de renvoyer ces deux vedettes
obsolètes qui envisagent la magistrature suprême là d’où elles n’auraient jamais dû sortir : le néant.
Les périodes électorales se
suivent et se ressemblent, comme l’écrit fort justement S. Accardo, dont je
cite ici les propos. Celle où nous entrons voit refleurir la rhétorique creuse
et hypocrite des barons de la droite et de leurs comparses socialistes qui, tels
les automates solidaires d’un ancien jacquemart, viennent alter nativement
asséner aux citoyens les coups de maillet de l’évangile libéral : la
« crise », la « dette », « au-dessus de nos moyens »,
« la nécessaire rigueur », l’unité des Français », etc.
Et si ces mêmes Français
pouvaient un jour décider d’asséner un bon coup de maillet à ces figures
politiques insensées qu’ils ne cessent de révérer au nom d’une fidélité
partisane inexplicable ?
Faudra-t-il que le réel saute à la gorge de chacun pour comprendre qu’il est des choix qu’il faut effectuer et des décisions qu’il faut prendre tant qu’il en est encore temps ?
Voici pour ma part ce que je
crois , ce que j’écrivais déjà le 19 septembre 2011, et qui demeure plus
que jamais valable pour 2017 :
« Election
présidentielle 2012 : sortir de la pétrification des consciences ou la
nécessaire investiture nationale d’un président de haut parage, d’un président
de combat, d’un président visionnaire.
Madame, Monsieur, prêtez-moi votre
attention en me consentant votre réflexion après lecture de cette lettre que je
prends la liberté de vous adresser en tant que citoyen.
« Les périodes électorales se suivent
et se ressemblent. Celle où nous entrons voit refleurir sans retard la
rhétorique creuse et hypocrite des barons de la droite et de leurs comparses
socialistes qui, tels les automates solidaires d’un ancien jacquemart, viennent
alternativement asséner aux citoyens les coups de maillet de l’évangile
libéral : « la crise », « la dette », "au-dessus de nos
moyens« , »la nécessaire rigueur« , »l’unité des
Français", etc.
Alain Accardo, La Décroissance,
septembre 2011.
Le paquebot mondial est en train de
chasser sur ses ancres.
La blogosphère étincelle de millions
de commentaires qui décrivent ce monde en devenir, un monde dont les dirigeants
actuels ne peuvent pas ne pas voir les transformations profondes et
irréversibles.
Tectonique politique, économique et
sociale, des révolutions arabes aux démocraties qui naissent dans la douleur,
réfléchissent à leur destinée et tentent de se recomposer en de multiples
interrogations de part et d’autre de la Méditerranée, en Afrique, en Europe, en Asie,
dans les Amériques, l’accélération de cette nouvelle Grande Transformation
laisse derrière elle les vestiges dinosauriens d’élites totalement déconnectées
des préoccupations et aspirations citoyennes et qui se cramponnent de manière
pathétique à des structures obsolètes, s’essayant à surmonter le bruit de ces
craquements qu’ils n’ont pas plus vu venir qu’ils n’en ont compris les causes.
Crise systémique globale, catastrophes
nucléaires, jeux politiques éreintés, personnel politique hors d’âge, autant d’ingrédients
qui me conduisent à entrer en lice.
J’ai pour cela besoin d’une
investiture qui émane de ceux-là seuls qui sont, avec leurs concitoyens, leurs
administrés, leurs voisins, collègues, amis, parents, familles, la première
manifestation de la nation : vous, Maires de France.
La seule investiture qui compte n’est
pas celle consentie par un parti, quel qu’il soit, qui ne rassemble qu’une
minorité, ne met en avant que des gens qui ne représentent qu’eux-mêmes et qui
osent encore prétendre parler au nom d’un pays tout entier.
La seule et unique investiture qui
compte, en effet, est celle de la
Nation toute entière, désireuse de transcender et
court-circuiter des partis politiques éreintés animés par le dur désir de durer
et dont les vedettes sont déjà en train de moisir dans la poubelle de
l’histoire.
Nous assistons aux derniers
soubresauts du PS et de l’UMP, tous deux en état de mort clinique imminente. Le
spectacle d’ombres chinoises ou d’automates déglingués (le choix est ouvert)
qui se déroule depuis plusieurs mois au sein du PS et de l’UMP démontre que
c’est l’oligarchie institutionnalisée (phénomène constaté dans toutes les
formations politiques sans exception) qui prétend en assurer le renouvellement
qui conduit en réalité ce type de structure au dépérissement puis à sa
disparition pure et simple.
Où l’on voit que la phylogenèse est
implacable puisqu’après trois présidentielles perdues coup sur coup, le Parti
socialiste écartelé entre six programmes politiques ne réussira pas la
rénovation après laquelle il court pour retrouver une voix et un poids face à
ses adversaires avant l’élection présidentielle de 2012. La comédie des «
Primaires » aseptisées, privées du soutien de l’Oncle d’Amérique désormais hors
jeu et attendu comme le Messie cosmoplanétaire, n’aura fait que retarder
l’échéance d’un affrontement inéluctable entre les candidats de cette
formation.
Le constat est identique à droite avec
un suzerain délégitimé, parti se refaire une santé politique en Libye avec
l’espoir d’un retour sur investissement, mais dont les feudataires guettent la
fin de règne.
Les dissensions qui agitent l’UMP ont
en définitivement lézardé le bâtiment dont l’effondrement est inéluctable dès
lors que la coalition d’intérêts qui a présidé à sa naissance explose face à la
réalité d’une actualité sur laquelle elle n’a plus prise et qui la dépasse.
Programme opportuniste, velléitaire,
candidats ou thuriféraires dont l’inconsistance n’a d’égale que leur
prétention, chef de l’Etat ou chef de parti en fin de course, scandales à
répétition de part et d’autre (affaires Clearstream, Woerth, Bettancourt,
Guerini), compromissions inadmissibles (Alliot-Marie/ Ben Ali), intermédiations
occultes et nauséabondes (affaires Bourgi, Djouhri, Takieddine) et
retournements de veste (Sarkozy/Libye), autant d’éléments qui ne sauraient
sérieusement soutenir plus longtemps encore une prétention à un quelconque
suffrage aux prochaines consultations électorales, présidentielle et
législative.
Le Ðien Biên Phu probable des
sénatoriales, le 25 septembre prochain, ouvre la saison politique 2011/2012.
Nombreux sont ceux qui sont en train
de comprendre au regard d’une réalité impitoyable que les perspectives
d’évolution des organisations partisanes vers le modèle du parti cartel,
véritable plaie institutionnelle, loin de prédisposer à une mixité des
mobilisations politiques et sociales, suggèrent au contraire une
institutionnalisation accrue, une moindre prise en compte des intérêts de la
société civile, des pratiques militantes appauvries par une professionnalisation
politique, et une dépendance financière et institutionnelle accrue à l’égard de
l’Etat.
A ce stade, qui touche tous les partis
sans exception, le ver est donc dans le fruit.
Quels que soient les unités
programmatiques, proposées ou mises en place pour assurer la pérennité des
formations partisanes (soit pour se maintenir au pouvoir, soit pour le
conquérir), les rénovations nationales, les ralliements, toutes ces actions
sont vouées à l’échec parce que menées par des têtes de listes usées, fatiguées,
démonétisées, qui n’ont que faire des soucis, des difficultés, des inquiétudes
que vivent les gens.
Chacun perçoit bien, pour peu qu’il
réfléchisse un instant, que les scissions politiques en cours et les
verrouillages partisans ouvrent un immense espace de reconstruction à des
forces nouvelles transdiciplinaires qui ne sont ni de Droite, ni de Gauche, ni
Centristes - catégories politiques devenues ineptes - mais tout
simplement...politiquement, économiquement et socialement nouvelles.
Un nouveau paradigme est en effet en
train de se mettre en place qui va conduire les simulacres qui s’agitent encore
et s’évertuent à tenter de maintenir à flot leurs formations politiques
actuelles dans leur ensemble à rejoindre enfin la place qui les attend
inéluctablement : le musée.
Nombreux sont ceux qui, pour
l’élection présidentielle de 2012, aimeraient pouvoir voter pour un homme
intègre, mais sont sans illusions sur ses chances de succès, ce en quoi ils ont
tort. Nombreux sont ceux qui vont fonder leurs espoirs sur les élections
législatives, ce en quoi ils ont raison. Encore plus nombreux sont ceux qui,
désireux d’instituer un contre pouvoir, voir même réellement changer le régime
en place, aimeraient se reconnaître dans un candidat qui n’aurait pas
l’investiture des mandarins politiques actuels et serait véritablement nouveau
en étant vierge de toute compromission. Ceux-là auront amplement raison.
Voici ce que je crois :
La perte de légitimité politique étant
devenue générale, c’est en réalité l’ensemble du gouvernement qui n’est plus
opérationnel. Le premier Ministre devrait remettre sa démission au président de
la République. Au
moment où la crise économique et financière génère une onde politique qui
réduit de facto à néant une équipe gouvernementale et un système partisan
obsolètes, devenus synonyme d’un passé révolu ; au moment où il s’agit de
vraiment réformer le système monétaire international ; au moment où un monde
est en train de basculer, il ne s’agit plus simplement de rapetasser un système
politique, économique et social en perdition avec des gouvernants naufragés,
délégitimés et qui ne savent plus quoi faire.
Il ne faut pas craindre, pour user
d’une métaphore informatique, de redémarrer et de réinitialiser le système tout
entier.
Mieux : pourquoi ne pas changer tout simplement de logiciel et de machine ?
La grande interrogation est de savoir comment faire pour que les élections de
2012 ne se résument pas à une caricature électorale.
Fort heureusement, la solution est
très simple. Elle consiste à sortir de la pétrification des consciences.
Il s’agit en effet d’établir un
processus de sélection démocratique basée sur la qualité éthique
comportementale des candidats et non pas sur les seules capacités de bateleur
dont ils font preuve chaque jour. Il est évident que le temps est venu d’agir.
Il s’agit sans plus tarder de
concrétiser cette dynamique à laquelle tout un monde citoyen aspire en
profondeur. Il faut désormais une élection présidentielle anticipée afin de
prendre dès maintenant les décisions qu’appellent l’intérêt supérieur de la Nation et celui des
Français afin d’empêcher la réédition d’un jeu de dupes mené par des dirigeants
usés qui ne sont plus animés que par le dur désir de durer.
Cette élection anticipée, il convient
d’en initier le processus dès à présent, hors partis institutionnels, en
comprenant que ce Spectacle Politique que tout le monde rejette tient plus d’un
régime de sevrage aux idées nouvelles, à la domestication électorale par
réflexe démocratique, que d’une réelle participation à un changement.
Se séparer de la clique actuellement
aux affaires est devenu une obligation majeure. Eviter l’arrivée aux affaires
d’une autre clique qui n’offrira qu’un programme réchauffé est encore plus
important.
Bien à vous, Renaud Bouchard