Jacques Brel, Les bigotes, 1963.
Elles vieillissent d’autant plus vite Qu’elles confondent l’amour et l’eau bénite Comme toutes les bigotes
Ah si j’étais diable en les voyant parfois Je crois que je me ferais châtrer Si j’étais Dieu en les voyant prier Je crois que je perdrais la foi Par les bigotes
Elles processionnent à petits pas De bénitier en bénitier Les bigotes
Et patati et patata Mes oreilles commencent à siffler Les bigotes
Vêtues de noir comme Monsieur le Curé Qui est trop bon avec les créatures Elles s’embigotent les yeux baissés Comme si Dieu dormait sous leurs chaussures De bigotes
Le samedi soir après le turbin On voit l’ouvrier parisien Mais pas de bigotes
Car c’est au fond de leur maison Qu’elles se préservent des garçons Les bigotes
Qui préfèrent se ratatiner De vêpres en vêpres de messe en messe Toutes fières d’avoir pu conserver Le diamant qui dort entre leurs f....s De bigotes
Puis elles meurent à petits pas A petit feu en petit tas Les bigotes
Qui cimetièrent à petits pas Au petit jour d’un petit froid De bigotes
Et dans le Ciel qui n’existe pas Les anges font vite un paradis pour elles Une auréole et deux bouts d’ailes Et elles s’envolent... à petits pas De bigotes
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