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Pascal L 7 mars 2015 17:16

Merci pour la citation…


J’ai largement eu le temps de méditer sur les problèmes de financement de la création de richesse et mes intuitions sur le rôle de la monnaie ont été confirmées par la lecture du livre de Steve Keen : « l’imposture économique ». Il montre bien le lien entre la variation de la dette et le chômage, ce qui ouvre des perspectives intéressantes. En gros, pour qu’il y ait une croissance de l’activité économique, il faut plus de monnaie en circulation, et la création de monnaie se faisant principalement par des lignes de crédit, il faut augmenter la dette. Les intérêts deviennent ainsi rapidement une charge très importante, les emprunteurs essaie de diminuer la dette, ce qui cause une diminution de la monnaie en circulation et une augmentation du chômage. Les arbres ne montant pas jusqu’au ciel, la crise est inévitable. La crise permet un redémarrage mais la dette augmente de nouveau et la crise suivante est plus forte et plus rapide. Nous en sommes là : 2000, 2008 n’est pas finie et la suivante est déjà en vue. Steve Keen propose alors d’annuler une grande partie des dettes. Cela créerait sans doute beaucoup de faillites dans les établissements financiers qui ont titrisé ces dettes mais obligerait les banques à s’intéresser un peu plus au financement de l’investissement.

Le Quantitative Easing lancé par la BCE est une tentative pitoyable de l’Europe pour transférer les dettes publiques vers les entreprises et les individus afin de limiter à court terme les effets de la crise. En augmentant la dettes des entreprises, les Etats espèrent toucher plus d’impôt par le rédémarrage économique qui devrait en résulter, ce qui leur permettrait de rembourser leur dette, mais augmente inexorablement le chômage à la fin lorsque les entreprises et les individus vont essayer de se désendéter. 

La première erreur est de faire passer ce financement par les banques qui n’ont aucune raison objective de prêter plus aux entreprises. Le Quantitative Easing aux USA après 2008 n’a pratiquement pas été utilisé… on pourrait profiter de l’expérience.
La deuxième erreur est de continuer à financer l’économie par des prêts alors que la création de fonds propres serait autrement plus efficace. Le retour de dividendes plus tard permettrait de continuer à alimenter le financement. Il y a évidemment des incertitudes sur les chances de réussites, mais une mutualisation des projets permettrait de limiter le risque.
Pour une start-up qui ne produit que de l’incertitude, le financement par une ligne de crédit est totalement impensable. A ce propos, la BPI qui devait relancer nos PME n’est pas une banque. Elle n’a pas accès aux capitaux M0 de la BCE et doit se financer sur les marchés de capitaux au prix fort. La BPI est une machine à fabriquer de la dette ; on marche sur la tête. 

Malheureusement, pour faire de la création monétaire sur des fonds propres, il faut changer les règles de fonctionnement de l’Euro et faire des réformes institutionnelles du secteur financier ; ce ne sera pas facile. La décision est politique et les financiers ont un poids exagéré dans la prise de décision en Europe. Et pourtant, il est indispensable de rétablir les banques dans leur rôle de mise en circulation du capital.



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