L’expression de juif antisémite est en elle-même un oxymore : l’antisémitisme est une forme de racisme, basé sur la croyance que les Juifs appartiennent à une race donnée, assimilée aux Sémites, voire forment une race particulière. Il se trouve que les sémites ne renvoient pas à un groupe racial, mais uniquement aux locuteurs des langues du groupe dit sémitique (sudarabique, tigréen, araméen, cananéen - dont hébreu - , arabe, assyrien etc...), mais ils ont été abusivement associés à un groupe racial, car lorsque le terme a été créé, c’était une façon courante, bien qu’erronée, de faire (les indo-européens étaient ainsi assimilés à des européens nordiques). Ironiquement, les Juifs ne sont même pas des sémites, mais les suivants d’une religion, le judaïsme.
Il est exact que trop souvent, le terme est utilisé de façon abusive pour désigner toute hostilité envers les Juifs. Ainsi, celle des chrétiens à leur encontre, qui est pourtant d’une nature toute différente de celle des antisémites, car les chrétiens sont intéressés à faire quitter leurs croyances erronée aux Juifs et à les convertir. Il s’agit d’une évolution qui doit autant à la paresse intellectuelle qu’à un évident sectarisme, car une telle assimilation cherche à faire de l’anti-judaïsme une forme de racisme. Et plus généralement de toute forme de critique de la religion juive, des croyances et de la culture qui vont avec, et par là du communautarisme juif, et de ses pratiques qui peuvent être discutables.
On peut voir un parallèle frappant avec les accusations d’ « islamophobie » à tout va, qui visent à amalgamer la critique de la religion musulmane et même des islamistes avec la haine de tout musulman et le racisme anti-arabe (qui relève de l’antisémitisme au sens original du terme, tel que le concevait ses inventeurs).
Un juif ne peut pas être anti-sémite, car il serait alors raciste envers lui-même. En fait, les personnes visées sont des personnes qui ont quitté le judaïsme, ou n’entretiennent plus que des rapports distendus avec lui, et sont sévères envers la tradition juive. L’usage de cette expression est de nature sectaire, elle est un synonyme de « juif atteint de la haine de soi » utilisée par les mêmes communautaristes, souvent sionistes. Elle vise donc les « juifs », c’est-à-dire ceux qu’ils désignent comme juifs (en fait d’origine juive, mais sensées le rester car un juif – ou personne d’origine juive – n’a pas le droit de cesser d’être juif), qui critiquent le judaïsme et/ou la culture juive, et généralement le sionisme, comme Gilad Atzmon, Shlomo Sand, Norman Finkelstein, Noam Chomsky. C’est une expression elle-même antisémite au sens ou on l’entend habituellement, car elle suppose donc qu’un juif est membre d’une « race », et qu’il n’a pas le droit de la quitter et de se montrer critique envers elle (ce qui pour ces racistes antisémites inversés, veut actuellement dire être critique envers le sionisme).
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