@ Emile
Le début de l’Evangile de Jean est peut-être même encore plus subtile. Dans l’esprit de Simon, les choses devaient se dérouler selon le plan décrit dans les manuscrits de Qumran avec un prophète (Jean-Baptiste), un messie-roi (Jésus) et un messie-prêtre (lui-même). La répartition des rôles dans le Protévangile de Jacques était donc inacceptables en l’état.
La situation figée depuis la mort d’Hérode semble enfin évoluer dans le bon sens quand Jean-Baptiste annonce qu’il n’est pas le Christ. Simon comprend que celui-ci renonce à être le messie-prêtre à son profit. Sauf que patatras, dans la foulée Jean-Baptiste affirme également qu’il n’est pas non plus le prophète ! L’évangile de Jean laisse même entendre à plusieurs reprises que Jésus est prophète.
Et là Simon n’y comprend plus rien. En réalité, Jean-Baptiste détruit le modèle qumranien à trois personnages et ne prétend reconnaître qu’un unique messie : Jésus de Nazareth. Simon ne digère tellement pas le changement que les évangiles qui suivront (Marc, Luc et Matthieu) vont systématiquement affirmer que Jean était le prophète. On est donc en droit de se demander si Simon avait réellement fini par renoncer à son statut de messie-prêtre.
En ce qui concerne Gamala, il est possible que le prénom de Philippe de Bathyra soit le reflet des bonnes relations entre le Tétrarque Philippe et les Babyloniens. Une sorte d’hommage de la part de ces derniers d’autant que le Tétrarque n’avait pas d’enfant. Il me semble que l’image générale qui se dégage est que Jean et Philippe se sont alliés pour tordre le bras à Simon. Jean avait la popularité, Philippe la puissance militaire et Simon la légitimité dynastique.
Simon n’a pu reprendre pied à Gamala qu’à condition d’accepter le Jésus promu par Philippe et validé par Jean. Gamala a également dû servir de relais aux Juifs babyloniens d’Ecbatane en direction de Sephoris. Peut-être faut-il faire naître Marie à Gamala ? Le Tétrarque Philippe dont dépendait Gamala était le fils d’une certaine Cléopâtre de Jérusalem, peut-être y a-t-il aussi un lien avec Cleopas ?
Toute la difficulté est d’arriver à déterminer à ce qui s’est précisément passé entre l’insurrection de Juda de Gamala et celle de son fils Menahem. Si le père obéissait sans doute aux ordres de Simon depuis Gamala, devons-nous en conclure que c’était également le cas pour le fils et qu’en 70 les Simon/Oniades n’avaient toujours pas renoncé à leurs rêves de messie-guerrier ? Et que Philippe a fait ce qu’il a pu pour empêcher la catastrophe en devenir ?
A l’inverse, Menahem représente peut-être une faction essénienne qui contrairement à ses dirigeants aura refusé de reconnaître Jésus de Nazareth et continué à prôner la lutte armée. En tous cas, la situation des Esséniens à ce moment-là n’est vraiment pas claire. D’où les prudents silences de Flavius Josèphe qui achève pratiquement son récit de la Guerre avec la fermeture du temple d’Onias en Egypte.
Matthieu 28.17 : Quand ils le virent, ils se prosternèrent devant lui. Mais quelques uns eurent des doutes.
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