• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Signaler un abus

Mélusine ou la Robe de Saphir. 6 février 2023 14:39
Mélusine ou la Robe de Saphir.

Janine Chasseguet-Smirgel, dans la préface à la réédition du livre (2004), remarque : “ Jusqu’en 1988 à peu près, un certain nombre de collègues ne nous ont plus adressé la parole. ”

2Pourquoi un tel rejet ? Est-ce parce que les auteurs découvraient un éclairage inconnu sur les mouvements sociaux et leurs « révolutions » ? Cette élucidation avait-elle dénoncé les « croyances » d’authentiques psychanalystes ? En effet, pour nos auteurs,

3« la contestation et la révolution sont toutes deux des expressions des tendances relevant du complexe d’Œdipe, la seconde cherchant à aboutir à une réalisation qui peut prendre un sens de dépassement œdipien, alors que la première vise à l’éviter. (...) La révolution concerne le monde objectal, elle s’accroche au contenu et tente d’introduire dans la réalité un nouvel élément. Le contestataire par contre met en avant la réalité sociale pour “abréagir son propre conflit familial, son action nie en fait le monde objectal quel qu’il soit ; c’est un mouvement subjectif, lyrique qui revient en arrière et veut tout annuler” ».

4Janine Chasseguet-Smirgel et Béla Grunberger ont su dévoiler que ces deux tendances : la « contestation » et la « révolution », sont présentes dans chaque mouvement qui dénonce les impasses sociales. Ce sont deux facteurs qui alternent et créent des interférences entre eux qui peuvent influencer le déroulement des événements. « Ces mouvements sont difficilement saisissables car ils restent souvent refoulés, donc échappent à l’observateur. » Pour les auteurs, les événements du mois de mai 1968 sont le contraire d’un véritable mouvement révolutionnaire.

5Béla Grunberger se plaisait à souligner combien les phénomènes sociaux et politiques pouvaient être considérés comme un véritable laboratoire favorable à la réflexion psychanalytique. Une démarche que le fondateur de la psychanalyse aurait pleinement acceptée. Ainsi, lorsque Freud rédigea « Psychologie des masses et analyse du Moi », il fonda sa recherche et ses découvertes non seulement sur sa pratique psychanalytique, mais aussi sur l’observation d’événements sociopolitiques qui contenaient en germe une destructivité dont l’ampleur allait marquer le XXe siècle. Je crois que l’on peut établir une filiation étroite entre « Psychologie des masses et analyse du Moi » et L’univers contestationnaire. Les deux ouvrages s’appuient, du moins au départ, sur l’organisation de certains groupes sociaux. Freud évoque avec insistance « deux masses artificielles » : l’Église et l’Armée. Janine Chasseguet-Smirgel et Béla Grunberger sont confrontés, pour leur part, à une série de « petites masses artificielles » qui se rassemblent de manière fluctuante en une série de manifestations et de déclarations sous forme de slogans. Ces derniers « répètent » les mêmes contenus manifestes. Ces devises sont inscrites sur les murs des facultés, proclamées par les commissions étudiantes, défendues par un nombre important de journalistes et d’intellectuels de « la gauche » [2][2]J’évoque avec les auteurs une certaine catégorie…. La répétition des mêmes contenus manifestes vont leur permettre une véritable élucidation psychanalytique.



Palmarès