Nous avions 20 ans en 1968 ! Nous courons toujours...
Tu vois, mon fils Sapiens ! Au moins je t'ai laissé plusieurs valeurs, comme la solidarité et le refus de la guerre, merci pour ton dessin
Mercredi 1er février, lorsque je suis arrivé devant la Préfecture de Seine et Marne où se tenait le rassemblement pour un accueil digne des demandeurs d'asile, j'ai salué les manifestants par un :
« Bonjour les lycéens ! »
C'était une boutade mais pas seulement cela.
J'ai reconnu de nombreux visages de personnes que j'ai vues et revues tant de fois....
Plusieurs de ces militants ont manifesté avec moi en 68 quand nous parcourions l'itinéraire ; lycée Jacques Amyot, gare de Melun .
Si certains soixante huitards ont basculé dans l'autre camp ou préféré faire leurs affaires, beaucoup continuent.
Ils ont vieilli sous le harnais mais continuent à œuvrer.
Nous sommes très peu nombreux à « croire » en la révolution mondiale....
Vous pouvez sourire et ironiser mais si nous n'arrivons à mettre à bas ce régime d'exploitation, nous aurons la guerre, celle qui se prépare et l'anéantissement de notre planète qui est face à de grands dangers mortels !
Nous sommes peut être utopistes mais refusons l'attentisme béat !
Aujourd'hui, que l'on ait gardé nos convictions en faveur du « grand soir » ou pas, nous sommes en France des dizaines de milliers et même beaucoup plus d'anciens barricadiers .
Nous continuons à nous battre dans la même grande direction qu'avant mais autrement.
Nous nous retrouvons dans les grandes associations de solidarité comme la Ligue des Droits de l'Homme, le MRAP, le CNAFAL ou dans le réseau Education sans frontière....
Comme pour le Secours populaire, pour nous, tout ce qui est humain est nôtre.
Nous courons moins vite et devons ménager nos efforts mais nous sommes là, disponibles, mobilisables et mobilisés.
Nous ne militons pas de la même façon.... A 20 ans, on veut tout abattre, à 75 on essaye de réparer, d'empêcher que le pire arrive.
Personnellement j'ai côtoyé beaucoup de citoyens qui ne partageant pas les mêmes idées que les miennes, agissent dans le camp de la solidarité, activement alors que d'autres qui hier voulaient changer le monde, gèrent leur rente électorale …. C'est ainsi.
Les premiers sont devenus mes amis, mes compagnons et les autres, des parvenus que j'arrive à plaindre.
Aujourd'hui, en Seine et Marne, j'ai participé à la construction de deux associations de solidarité, les colibris solidaires d'Avon Fontainebleau-sud 77 et de SOS hébergement.
Ces deux mouvements mènent des actions diverses comme l'accompagnement de personnes en difficulté, la recherche d'hébergement pour ceux qui sont à la rue et des distributions alimentaires.
Nous mettons en mouvement des gens forts différents, mus par la même volonté qui consiste à ne pas simplement « soulager » les démunis mais les rendre acteurs et auteurs de leur devenir.
C'est cela la citoyenneté active.
Je ne sais pas si nous réussirons, nous ou les générations futures à changer la donne et à construire une société plus humaine et plus fraternelle mais ce qui est certain c'est que la passivité et l'égoïsme ne peuvent que conduire à transformer les citoyens en moutons pour « l'abattoir » , ce qu'il faut refuser.
Voici ce que je voulais exprimer à l'aube de mes 75 ans.
Que de temps passé depuis ce joli mois de mai 68 quand avec mes camarades des Comités d'action lycées nous partions rejoindre la manifestation ouvrière à Melun !
Nous refusons toujours ce vieux monde qui engendre les guerres, la misère et l'exploitation, nous continuons, autrement ce combat commencé il y a 55 ans et cela jusqu'au dernier jour de notre vie.
Jean-François Chalot
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