10 ans avec le SARS-CoV-2 ; vivre ou mourir avec le virus
1) La terrible vague de mars 2020 fut accompagnée de réflexions quelque peu superficielles sur un éventuel monde d’après, avec comme sous-entendu l’idée que cette pandémie occasionne une césure temporelle dans l’histoire, cette césure étant transitoire. Une fois la pandémie passée, un monde d’après devait arriver. Nous avons cru à ce scénario avec d’autant plus de sérénité que l’été nous laissa quelque répit, même si une seconde vague était prévisible. Nous avons cru à un scénario de type grippe espagnole. Une fois les deux vagues passées, les affaires pourraient reprendre. Mais maintenant que le premier anniversaire du CoV fut passé, la situation prend un cours différent. Le virus ne nous lâche pas et la marée reste haute. Il n’y a pas de monde d’après mais un monde d’avec… le virus
2) Un troisième confinement est en vue mais il ne servira à rien. Juste à temporiser, tergiverser avec l’épidémie, reculer pour mieux s’enfoncer. Il faut être aveugle pour croire qu’un remède de choc nous permettrait de reprendre une vie presque normale. Après le troisième confinement, la perspective du couvre-feu ne s’éloigne pas si bien qu’avec les projections sur la circulation virale, nous allons en prendre pour quatre mois de plus à vivre sous cloche et ce n’est pas acceptable. Quatre mois sans cinés, restos, vie sociale, spectacles, apéros.
3) Il ne faut pas se cacher les réalités certifiées par la science. Les données épidémiologiques montrent que dans nombre de pays, il n’y a pas de vague mais une marée assez haute, assortie de fluctuations saisonnières. C’est le cas aux US, au Brésil, en Iran. Les pays européens ont bénéficié d’une indulgence épidémique pendant les trois mois d’été. La létalité rapportée au nombre de cas est de 1.5%, autrement dit, un million de cas enregistrés correspond à 15 000 décès inégalement répartis. En supposent que la moitié des contaminés soit passée sous les radars des tests, la létalité est de 0.7 %. Ce qui permet de calculer en théorie un chiffre de 400 000 décès si le virus contamine la population entière ou alors 200 000 si une partie est réfractaire et que de plus, les porteurs asymptomatiques aient été largement sous-évalués.
4) La virologie indique que le virus possède deux sites de clivages sur la protéine S et que la contagiosité semble être liée à un motif clivé par la furine ; qui ne figure pas sur le premier SARS-CoV, contrairement au motif clivé par la trypsine skps(t)krs qui lui, est présent sur tous les sarbecovirus du réservoir ; chauve-souris, civette, pangolin et humain. Les données virologiques et épidémiologiques indiquent que le virus va rester contagieux, que des variants liés au domaine de liaison vont circuler mais aussi apparaître sans prévenir et surtout, que la virulence ne va pas baisser, autrement dit, le virus continuera à circuler en occasionnant chez les patients à risque une pneumonie assortie de désordres inflammatoires conséquents. La létalité reste stable. Des chercheurs israéliens ont étudié le spectre de mutations possibles portant sur le domaine de liaison de la protéine S. Les résultats sont à prendre au sérieux. Quelques acides aminés modifiés et l’affinité pour ACE2 est multipliée par 100, en sachant que la contagiosité serait liée à cette affinité (à confirmer). De plus, les mutants peuvent très bien apparaître localement, ce qui indique que la fermeture des frontières est bien inutile. Enfin, il est illusoire de croire que le SARS-CoV-2 finira par s’atténuer et causer un banal rhume. On peut toujours rêver mais la science nous dit que ce virus devenu adapté aux hôtes n’a aucune raison de s’atténuer. En réalité, le virus est produit par les hôtes et les usines à virions dureront aussi longtemps que l’humanité.
5) La réalité, c’est qu’il faut anticiper une circulation du SARS-CoV-2 pendant une décennie, voire plus. La vaccination n’est pas en mesure de stopper la circulation du virus. Tout le monde souhaite un succès dans cette opération mais il y a à craindre une multiplication des variants et une moindre efficacité du vaccin que prévu. Il faudra attendre l’automne 2021 pour apprécier le succès de cette opération de santé, lorsqu’une majorité de gens aura reçu ses deux doses. Il faut aussi craindre une efficacité réduite, traduite par une persistance de l’épidémie et une remontée lors de l’hiver prochain, vers novembre 2021, sans oublier les variants. Avec chaque année, un nombre conséquent de décès. Il faut être prudent avant d’annoncer des chiffres. 20 000 semble une estimation raisonnable ; 60 000 n’est pas un chiffre fantaisiste, juste le signe d’un scénario sombre. Sur cinq années, de 2021 à 2026, entre 100 000 et 300 000 décès « du ou avec » le Covid sont plausibles. Ce chiffre est à comparer avec les quelque 800 000 décès par cancer attendus pour cette même période. Le solde du Covid dépendra du cours naturel des choses et des miracles scientifiques qu’il faut toujours espérer, même si les données ne laissent guère place à l’optimisme.
6) Le monde d’après est un monde d’avec, avec le virus, avec les contraintes sanitaires ou pas. Nous n’avons aucun pouvoir sur cette épidémie, excepté la distance sociale. En revanche nous avons le pouvoir de décider quelle distance sociale est acceptable. Souhaitons-nous vivre des années avec des épisodes de couvre-feu, fermetures de bars, salles de sports, de cinéma, avec les spectacles annulés et les masques en permanence ? Les questions sanitaires sont maintenant saturées, achevées. Nous savons tout sur les données virologiques, épidémiologiques, cliniques. Le débat doit émerger sur les questions d’ordre existentiel, philosophique, politique. Il est nécessaire de revoir l’appréciation morale sur cette maladie. Et quitter les marécages du procès émotionnel contemporain où sur la scène médiatique chaque individu est invité à comparaître pour être jugé ou compassionné, d’un côté les coupables, de l’autre les victimes.
7) L’alternative est simple, elle se résume à deux possibilités. Le choix entre vivre avec le virus ou mourir avec le virus. Reprendre la vie comme avant, en affrontant les peurs et la mort, en prenant soin des malades et en étant prudent, ou alors rester des années en état de confinement social léger ou appuyé, bref, une mort sociale avec le virus. L’option de la distance sociale fera sur cinq à dix ans peut-être 20 000 morts de moins du Covid sur les 100 à 300 000 attendus, mais elle risque de produire bien plus de décès causés par la détresse psychologique, le mental en berne, les défenses affaiblies, le manque d’activité et d’espérance. La mort des sociétés est un danger, la mort des nations, la mort de la civilisation occidentale. La renaissance est une opportunité
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