10 raisons de voter (tout de même) aux européennes
Avant même que les français ne commencent à voter, les médias nous annoncent le grand vainqueur des élections européennes. Il rassemble des gens qui ne sont d'accord sur rien. Il est le plus souvent soutenu pour de mauvaises raisons. On sait d'ores et déjà qu'il ne fera rien, ne se battra pas contre l'Europe de la finance. Il permet à des millions de citoyens de se donner à bon compte des airs de rebelle. Le plus souvent, il est soutenu par indifférence, on ne fait pas en sa faveur de choix volontaire et raisonné. Et quand choix il y a, c'est une démarche de protestation totalement stérile. Vous aurez bien entendu reconnu... l'abstention. Et si pourtant, le meilleur moyen de bousculer l'Europe de la finance n'était pas d'aller voter ? Voici 10 raisons parmi tant d'autres d'aller voter dimanche prochain.
1/ Nous ne sommes pas ukrainiens
Je comprends et approuve sans réserve les citoyens ukrainiens qui refuseront de participer à ce qu'on baptise complaisamment " élection présidentielle". Je souhaite de tout coeur qu'il soient très nombreux à ne pas cautionner cette mascarade. Mais la situation française n'est en rien comparable, aucune force puissante et organisée n'est chez nous en mesure de réussir un authentique boycott. Du reste ainsi que l'explique très bien Jacques Sapir, c'est surtout la désorganisation du scrutin dans le Donbass qui peut vraiment faire échouer la tentative de légitimation du pouvoir de Kiev.
2/ Chacun peut trouver ce qui lui correspond dans l'offre politique des européennes
Depuis les marxistes-léninistes orthodoxes jusqu'au monarchistes en passant par tout l'éventail de l'offre politique habituelle, ce sont des dizaines de listes qui sont proposées !
Il faudrait avoir des idées pour le moins atypiques pour ne pas trouver une liste se rapprochant peu ou prou de ce que l'on pense. On ne peut pas à la fois se plaindre de l'hégémonie des grands partis installés et bouder cette chance rare se s'affranchir de la troïka UMP-UDI-PS.
3/ L'abstention n'a jamais fait réfléchir si peu que ce soit l'oligarchie qui nous gouverne
Depuis près de 40 ans, l'abstention ne cesse de progresser quel que soit le type de scrutin. Pour quel bilan ? Les gens qui nous gouvernent sont plus sourds que jamais aux préoccupations des français. A l'évidence, l'abstention n'est pas le meilleur moyen d'envoyer un message de colère.
4/ L'Europe de la finance s'accommode très bien de l'abstention
L'abstention était déjà majoritaire en 2009. Cela n'a pas empêché la folle course à l'austérité, le triomphe des banksters et le projet de Grand Marché Transatlantique. L'abstention pourra bien battre des records, monter même jusqu'à 70% cela ne déviera pas d'un pouce l'orientation de l'Europe. En revanche, renforcer ceux qui combattent l'Europe actuelle permet au moins de marquer son désaccord.
5/ L'abstention ne porte aucun message
Depuis les communistes orthodoxes jusqu'à De Villiers, des tendances politiques totalement opposées appellent à l'abstention. Certains ne cachent pas qu'il s'agit d'un choix purement opportuniste, à l'instar du M'PEP de Robert Hue, qui ne fait ce choix que faute d'avoir obtenu des places sur les listes PS. Dans ces conditions, le taux d'abstention élevé ne délivrera aucun message.
6/ S'abstenir, c'est être amalgamé à l'incivisme même quand on croit ainsi s'exprimer
Certains croient sincèrement délivrer un message en s'abstenant. Mais faute de pouvoir l'interpréter et le distinguer de la masse passive des indifférents, leur choix sera fatalement amalgamé à de l'incivisme. Quoi de plus frustrant ?
7/ Le parlement européen est la seule institution européenne démocratique
On ne peut pas à la fois déplorer (à juste titre) le manque de démocratie de l'Europe et refuser de participer à la désignation de la seule institution européenne élue au suffrage universel direct !
8/ Il a des pouvoirs non-négligeables
Le parlement européen n'a certes pas les pouvoirs d'un vrai parlement, mais ce n'est pas non-plus une assemblée purement consultative. Dans certains cas, il partage la décision à égalité avec le conseil. Et ses choix peuvent influer sur la vie des citoyens, comme lorsqu'il refuse la suppression de l'aide alimentaire aux plus démunis.
9/ S'abstenir, c'est laisser choisir les eurobéats
Sociologiquement et politiquement, les citoyens les plus mobilisés sont aussi les moins mécontents de l'Europe. S'abstenir quand on est mécontent de l'Europe actuelle, c'est les laisser désigner un parlement européen à leur image. L'Europe de la finance continuera, et elle pourra se prévaloir du soutien des citoyens
10/ En votant, on peut botter le derrière de l'arrogant Manuel Valls, qui promet déjà qu'il ne changera rien à sa politique, et de ses compères de l'UMP
Avant même le résultat du scrutin, Manuel Valls promet déjà qu'il ne changera ni sa politique économique, ni son gouvernement. On ne sait pas si une défaite historique du PS le ferait changer d'avis. Mais elle fera peut-être bouger certains députés. Et en tout cas, elle permettra de punir son arrogance !
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