11 Septembre : Abu Zubeidah, la doublure ratée d’un Ben Laden hors service (8)
On a donc fabriqué un faux numéro trois, qui a même été présenté parfois comme le numéro deux... tant on tentait alors de colmater au plus vite la défection du numéro un devenu subitement invisible dès l'année 2002. La tentative de faire d'Abou Zubeidah un leader présentable ne reposait que sur cette disparition imprévue. Faute de leader charismatique, il fallait au plus vite s'en créer un autre, qui, lui aussi, serait présenté comme "capable" d'avoir organisé le 11 Septembre. C'est ce qui a été tenté. Hélas, le terroriste en chef de remplacement se révélera être un cas psychiatrique, qui avouera tout et son contraire pour que cessent ses tortures. Il n'était responsable que de peu de choses, et à fortiori bien incapable d'organiser les attaques du 11 Septembre. En revanche, d'avoir tenté pendant des années de l'avoir rendu responsable jette un discrédit total sur ceux qui ont tenté de lui faire porter un chapeau bien trop grand pour son esprit fort limité et malade. Et au contraire, retourne complètement l'accusation sur eux-mêmes. En somme, Zubeidah, peut-être encore davantage que les immeubles abattus ce jour-là, démontre que les auteurs du 11 Septembre ne sont pas ceux de la version officielle des faits. Pas plus que Lee Harvey Oswald le seul tireur de la Dealey Plaza..., remarquez.
CHAPITRE 8 : le mauvais cheval
Si on avait un peu bûché sa biographie, on l'aurait su plus tôt, qu'il était déjà sérieusement atteint. Ben Laden Zubeïdah, né Zayn al-Abidin Muhammad Hussein en 1971, en Arabie Saoudite, d’un père saoudien et d’une mère jordanienne, est monté en Afghanistan en 1991 pour rejoindre les moudjahidines contre l’invasion communiste. Il y avait été l'objet d'un combat qui lui laissera de lourdes séquelles. Il a en effet été blessé par des éclats d’obus qui l’ont atteint à la tête et lui provoquent des pertes de mémoire à répétition (mais ça, on se gardera bien de l’expliquer au grand public : imaginez un prisonnier sans mémoire, difficile d’en faire un dénonciateur fiable !). Il était devenu "incapable de se servir d'une arme, ne sachant plus comment la manipuler", révélera au Guardian son avocat, ou "ne se rappelait même plus du prénom de son père" ! Et il n'y a pas que la mémoire : "les interrogatoires de Zubaïdah montrent qu’il souffre de troubles de la personnalité" révèle Jason Leopold en avril 2009. Selon Ron Suskind, ses bloc-notes révélaient son évidente schizophrénie avancée : il écrit ou parle au nom de trois personnes différentes, chacune ayant sa personnalité propre. "Hani 1", "Hani 2", et "Hani 3" – un jeune garçon, un jeune homme et un homme d'un certain âge-. Dans sa cellule, il se prenait pour les trois à la fois ! Ce que refusera d'entendre Georges Tenet qui parlera de "rumeurs gonflées" et dira même que son journal de bord était un "moyen sophistiqué d'expression personnelle" (? ??)... Tenet, auteur du fiasco, sera incapable de reconnaître ses erreurs, jusqu'au bout !
Frappé, torturé... et complètement fêlé
Le "numéro 2 ou 3" de G.W.Bush n'est plus qu'une épave à la dérive. L'avait-on choisi exprès pour cela ? Espérait-on plus facilement lui faire dénoncer tout ce que l'on souhaitait en connaissant sa fêlure d'origine, ou s'était-on complètement trompé à son égard, par incompétence crasse et des fichiers mal tenus ? Je penche plutôt pour la seconde solution, à voir le niveau intellectuel moyen des gens entourant l'équipe de G.W.Bush. Tout ce qu'a raconté Gerald Posner ne tenait en tout cas pas debout : il a toujours été incapable d'organiser quoi que ce soit, avec un esprit aussi fantasque, pour être poli. Ressam en avait fait un "responsable" de camp alors qu'il y faisait..le simple réceptionniste. Ce qui n'empêchera pas la CIA de raconter sérireusement, pour rajouter une couche, que le jour de sa capture il "était en train de fabriquer une bombe", le plus sérieusement du monde devant le Senate Intelligence Committee, le 22 avril 2009 !
L'étrange lien des subsides
Manipulé, il l'a été, et par plusieurs personnes, sans aucun doute. Plus étrange encore, l'enquête sur sa capture avait révélé qu'il utilisait deux cartes de crédit bancaire (ATM). Robert Baer, l'ancien officier de la CIA en fera la remarque cinq ans après seulement. “quand Abu Zubeidah a été arrêté au Pakistan in 2002,on a trouvé deux cartes bancaires sur lui. L'une provenait d'une banque saoudienne (proche de la famille royale) et une autre du Koweit. Comme je peux le comprendre, ni le Koweit ni l'Arabie Saoudite n'ont été capable de nous dire qui approvisionnait les deux comptes..." Il n'y a rien là-dessus dans le rapport de 2004 de la Commission sur le 11 Septembre, et je n'ai aucune idée où comment ça a pu disparaître, perdu, ou pu être détruit..."(dans Time, le 7 décembre 2007). Apparemment aussi, Baer affirmera que des numéros de téléphone avaient aussi été saisis au même endroit, dont certains appels vers les USA. Des appels qui s'étaient arrêté le 10 septembre... mais avaient repris dès le 16 : là encore, ces informations ne figureront pas dans le rapport de la même Commission. Cinq jours après le 11 Septembre, celui accusé par G.W.Bush d'avoir fomenté les attaques mortelles téléphonait tranquillement aux USA sans le moindre cryptage et le moindre appareil sophistiqué !!! On croît rêver !!! A qui pouvait-il bien téléphoner ? A la CIA, qui possédait, rappelons-le son numéro depuis les années 90 ? Ou sont donc passés les registres de ses appels, sachant qu'il était surveillé depuis... 1998 ? On détruira aussi encore autre chose : en novembre 2005, G.W.Bush décide de faire broyer les bandes vidéos des séances de tortures de Guantanamo où a été transféré Zubeidah. On y voyait des séances d'interrogatoire violentes et du waterboarding, dont les siens, faits à 83 reprises.
De l'argent fourni à foison dans les années 90
Selon Guillaume Dasquié dans "Ben Laden - La vérité interdite", ce lien a existé pourtant , et l’aide a été apportée tôt, en 1995-1996 : "Étrangement, de façon concomitante, les services secrets saoudiens du GID, dirigés par le prince Turki Al-Faisal, décident de financer massivement les taliban ; en leur fournissant notamment des moyens de communication, mais aussi ces dizaines de pick-up noirs de facture japonaise aux vitres teintées, qu’ils affectionnent tant. L’Arabie Saoudite lâche toutes les autres factions issues des ethnies Ouzbek et Tadjik, qui se retrouvent dès lors dépourvues de moyens. Elles reculent, perdent du terrain. Faisant l’unanimité autour d’eux, les fondamentalistes marchent sur Kaboul et s’emparent du pouvoir à la satisfaction générale le 27 septembre 1996." Mais l’homme est intouchable : de 2005 à 2006 il est ambassadeur de son pays... à Washington : ce qui n’est pas non plus pour ne pas laisser courir les rumeurs de liaisons entre services secrets... et avec Ben Laden ! Dans les années 80, c’est Turki al-Faisal bin Abdul Aziz (à gauche) en effet qui avait convaincu Ben Laden, qu’il rencontrait souvent, de combattre les russes au côté des américains !
Le cas de Zubeidah récupéré par Hollywood !
En Thaïlande, pour faire parler Zubeidah, on lui avait construit un coffre où on l'enfermait régulièrement. Là où dans une cage, appelée "dog box" où il ne pouvait même pas se tenir debout. Et là encore, c'est une séquence qui sera utilisée dans Zero Dark Thirty, à croire que c'est la vie de Zubeidah qui a été mise en images ! Devenu fou à lier, il avouera tout et rien, ce qui fait dire à Posner, en serviteur vil et servile de l'ère Bush que "ce n'étaient que de fausses informations pour tromper ses interrogateurs", atteignant le sommet de l'abjection journalistique. Beaucoup "d'aveux" de Zubeidah conduiront en effet à de fausses pistes. Tout ce qu'il dira quand même, entre deux délires, sera qu'il "dirigeait le camp d'entraînement de Khalden, où il admettra avoir fait office de logisticien, depuis la guerre afghane de l'ère soviétique et entraînait des musulmans qui voulaient aller combattre dans des pays musulmans, comme la Tchetchénie, le Cachemire, les Philippines et la Bosnie... où les USA nous aidaient..." exactement ce qu'avait décrit Willy Brigitte devant un juge Brugière effaré !!!
Un Bruguière qui avait écrit dans son ouvrage que "les faucons de Washington et plus précisément Dick Cheney et Paul WolfoWitz, avec leur doctrine de « guerre globale contre le terrorisme », ont donné une occasion inespérée à Al-Qaida de se remobiliser contre l'Occident. Cette folle stratégie politique que rien ne justifiait ni le combat contre Al-Qaida, ni le prétendu programme nucléaire secret de Saddam Hussein, a alimenté la propagande d'Al-Qaida contre les États-Unis et leurs alliés. Une situation d'autant plus opportune pour les réseaux islamistes radicaux que la riposte occidentale en Afghanistan après le 11 septembre 2001 avait réduit le sanctuaire afghan et porté des coups sévères à l'organisation Al-Qaida" ... Encore un peu, et notre bon juge aurait clamé que le 11 Septembre avait bien aidé G.W.B...
On savait tout depuis 1991 sur Al-Qaida, grâce à une taupe
Car on en savait beaucoup sur Ben Laden, et ce déjà cinq ans avant le 11 Septembre. De Ben Laden, les services secrets US savaient en fait déjà tout depuis 1996 avec la défection d’un de ses proches, Jamal Ahmed al-Fadl, qui avait tout raconté aux deux agents du FBI qu’étaient Jack Cloonan et Dan Coleman. Al-Fadl, pour cela était devenu membre de la CIA, en ayant passé avec réussite le test obligatoire du détecteur de mensonges. En 1996, à Khartoum, Jamal avait volé 100 000 dollars à l’organisation de Ben Laden : c’était lui qui collectait ses fonds. Pour la rembourser, il avait revendu des informations à certains pays, dont Le Liban et l’Arabie Saoudite avant d’aller frapper à l’ambassade américaine. Le 9 décembre 2007, le New-York Times révélait (enfin, près de 10 ans plus tard) son rôle. De 1996 à 2001, il renseignait constamment le FBI sur le moindre mouvement de Ben Laden : or les attentats de 1998 se sont passés alors qu’il était déjà au service de la CIA depuis deux ans, mais sur le territoire américain. Après le 11 Septembre, on en était toujours à l’interroger. L’ensemble de ses interrogatoires tiendra sur plus de 900 pages. Dans la presse on l’a présenté longtemps comme un simple prisonnier du FBI ! Comme le serait toujours Ali Ahmed, devenu aussi invisible que son ancien client ! En échange de sa défection, sa famille avait reçu protection et un million de dollars. Le seul doute qui subsiste à son égard, c’est quand il rejoint les troupes de Ben Laden en 1991, c’est très certainement déjà la demande de la CIA. A partir de là, son témoignage peut être mis sérieusement en doute : la CIA pouvait lui demander aussi de raconter ce qu’elle souhaitait à propos de Ben Laden...
Le frère resté aux Etats-Unis...
Le 29 mai 2012, c'est une autre sacrée découverte que raconte Truth-Out. Celle trouvée par son journaliste, Jason Leopold... elle aussi vont son pesant d'or. Elle révèle que Zubeidah, de son vrai nom Zayn al-Abidin Muhammad Husayn, avait un frère... resté tout ce temps-là aux USA ! "C'est l'histoire exclusive de deux frères. Un frère qui était, selon le récit du gouvernement, prêt à mourir pour détruire l'Amérique, tandis que l'autre était déterminé à poursuivre le rêve américain. Comment est-ce de partager un nom avec un terroriste présumé infâme ? Demandez donc à Hesham Abu Zubaidah, le frère cadet de Zayn al-Abidin Muhammad Husayn, mieux connu dans le monde comme le détenu de grande valeur de Guantanamo "Abu Zubaidah," que le gouvernement des États-Unis revendique depuis plus d'une décennie comme étant "un des plus élevés -dans le rang des membres de l'organisation terroriste al-Qaïda "et" impliqué dans chaque opération terroriste majeure effectuée par al-Qaïda ", y compris les attaques du 11 Septembre. Hesham, comme l'a découvert le journaliste d'investigation Jason Leopold de Truthout, vit aux États-Unis depuis 1998, mais depuis plus d'une décennie paye un prix élevé pour les crimes présumés de son frère. Il a été enfermé pendant deux années dans les prisons de l'immigration après le 11 Septembre et plus tard a été recruté par le FBI comme un informateur pour espionner les musulmans. Enfin, il a été forcé de témoigner contre son frère devant un grand jury fédéral à Richmond, en Virginie, il y a deux ans. Au cours de 14 mois de l'enquête de Léopold, le FBI a pris la décision sans précédent d'envoyer un agent pour parler avec Hesham de la demande du Freedom Of Information Act (FOIA) que Leopold avait déposé pour son dossier, pour vérifier si Leopold aurait tenté de le soudoyer, afin d'obtenir un formulaire autorisant de décrire son contenu ... que craignait à nouveau l''administration avec cette atttitude ? Que l'on découvre que les deux frères se téléphonaient régulièrement... et que l'on aurait donc pu sans difficulté localiser facilement Zubeidah depuis des années ??? Voire savoir où nichait le numéro 1, si Zubeidah était le numéro 2 ??? Dans toute la phraséologie bushienne, on a parlé pendant des années d'une proximité entre Zuebeidah et Ben Laden. La CIA avait le numéro de téléphone du premier et aurait été incapable pendant 11 ans de ne pas localiser... son voisin le plus proche ?
Au final, un fiasco complet
La doublure ratée de Ben Laden était un fort mauvais choix de communication de propagande. L'administration Bush s'était retrouvée fort démunie avec la perte trop rapide de son champion. C'est pourquoi elle a cherché dès 2002 à en proposer des doublures, des remplaçants, des clones, et Zubeidah aura constitué en ce sens une fort mauvaise pioche. On pensait lui faire dire tout ce qu'on souhaitait à force de tortures. On ne savait pas qu'on avait affaire à un fou, qui a multiplié les aveux et leurs contraires, après son arrestation mouvementée, le rendant incapable d'être présenté aux médias comme étant une source fiable. Fort mauvaise pioche. Il végète toujours à Guantanamo, il aurait perdu depuis un œil, sans qu'on n'explique comment et pourquoi, enfermé dans sa profonde schizophrénie. Il porte toujours le matricule 25802... et est toujours inscrit sous le titre de "détenu de haut rang"... dans la liste officielle des détenus. Mais encore vivant, lui. Pour se sortir du mensonge sur le remplacement nécessaire de Ben Laden, Barack Obama, nettement plus subtil que son prédécesseur, a donc concocté une porte de sortie ma foi plutôt... intelligente. "Vous ne l'avez pas vu pendant 10 ans, mais je puis vous dire que nous l'avons maintenant supprimé. Mais vous ne verrez pas son corps, on l'a bien trop abîmé". Il l'aurait déterré à Tora Bora que je parie qu'il aurait plus d'allure : c'était ma foi très finement joué.
Mais on n'y a pas davantage cru que lorsque G.W.Bush nous a annoncé qu'un schizophréne pouvait avoir organisé les attaques du 11 Septembre... au détour d'un texte fort récent, pour conclure cette série, je vous ai trouvé cette sentence émanant de connaisseurs en la matière, un avis que je partage entièrement : "l’histoire nous a montré que les dirigeants d’Al-Qaeda ne le sont pas », explique un cadre de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)" (lors de l'affaire Samuel Laurent, raconteur d'histoires lui aussi). Ah bon ? On aurait supprimé alors un "non-dirigeant" ??? Ou un autre individu ??? Mais cela aussi, il est vrai je vous l'ai déjà dit ici, et en plusieurs épisodes, même...
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