15 novembre, 4880 réanimations contre les 9000 promises par Macron, pourquoi ?
« Car de dire des sottises par hasard et par faiblesse, c’est un mal ordinaire ; mais d’en dire par dessein, c’est ce qui n’est pas acceptable » (Pascal, Pensées, VI, 1669)
« On peut mentir des millions de fois à une personne, on peut mentir une fois à des millions de personnes, on ne peut pas mentir plusieurs fois à des millions de personnes » (Ronald Reagan)
Le 28 octobre, Emmanuel Macron annonçait 400 000 morts si l’on choisit la stratégie de l’immunité collective. Il annonçait aussi, face à 40 millions de Français, 9000 réanimations en cours le 15 novembre quoi qu’il arrive, c’est-à-dire sans les effets du confinement
Prologue
L’heure est grave parce que le gouvernement prépare un état d’exception durable
L’heure est grave parce qu’il est tout sauf certain qu’un vaccin arrive et que l’état d’exception prenne fin.
L’heure est grave parce qu’une majorité de Français ont semble-t-il perdu les fondamentaux intellectuels pour savoir quelle est la situation, et ont laissé s’étioler quelques fondamentaux moraux, cette force qu’on appelle vertu et qui est le ressort de la république selon Montesquieu.
L’heure est grave parce qu’il va falloir que le peuple français prenne une décision, même si les quelques témoignages de long Covid se diffusent, laissant accroire que nous allons tous devenir grabataires, ce qui est complètement faux.
L’heure est décisive parce que les Français vont retrouver leurs forces, ils ont oublié la puissance de la nation dont ils portent l’héritage. Ils sont capables d’aller dans la rue si une raison les y oblige.
Il y a quinze jours : "Il est possible que la positivité se stabilise autour de 20 %. Ce qui ferait monter les réanimations à 5000 et les décès à 350/j. Et ce, d’ici 15 jours"
Analyse de la décroissance épidémique amorcée le 15 novembre
1) Il y a deux semaines, je projetais avec mon modèle épidémiologique 5000 réanimations pour le 15 novembre, date à laquelle il devait y avoir 9000 réanimations selon Macron, et ce, sans les effets du confinement attendus avec un décalage de deux à trois semaines. Je crois savoir que l’INSERM a corrigé le tir après la déclaration de Macron, projetant 6 à 7000 réanimations. Ce soir du 15 novembre, nous en sommes à 4880 réanimations, ce qui confirme mon analyse. Il faut noter un décalage entre les régions, certaines sont en montée très légère et d’autres en décroissance Quelle serait donc l’explication de ce phénomène ? Y aurait-il des éléments ayant échappé à l’INSERM et autres experts de l’épidémiologie ? Je propose un modèle.
2) Je crains d’abord deux choses. La première c’est un mécanisme viral peu probable mais concevable, le virus à double détente, autrement dit, deux cartouches déclinées en deux variantes. Le virus infecte une fois puis une seconde, ou alors le virus infecte une fois, se loge dans l’organisme, et provoque une pathologie avec un ou deux mois de retard. C’est ce second scénario qui est le moins improbable (mais qui se vérifie sans que cette pathologie ne soit létale, c’est le long Covid, qui a une incidence limitée en terme de santé publique). Ensuite, il y a ce paramètre décisif, le ratio entre les cas détectés et les contaminations réelles. Tout se joue sur ce paramètre et les épidémiologistes vont bien finir par le comprendre.
3) Le plateau atteint par les réanimations et la décroissance des entrées en hospitalisation traduit l’évolution réelle de l’épidémie. Ces infléchissements ne s’expliquent pas par le confinement acté le 28 pour commencer le 29 octobre. Examinons une autre possibilité. Le 17 octobre, huit métropoles ont été placées en couvre-feu. On observe un infléchissement 15 jours après dans la grande couronne parisienne mais en revanche, d’autres métropoles ont un décalage plus long pour une explication de type couvre-feu. La Seine-Maritime est entrée en décroissance et l’on ne peut pas croire que par miracle, le couvre-feu ait pu stopper avec tant de force la montée progressive des hospitalisations. La Loire-Atlantique suit une même tendance alors qu’aucun couvre-feu ne fut instauré, ni celui du 17, ni celui du 25. Le couvre-feu ne peut avoir eu qu’une incidence marginale et vous pouvez le constater. Sauf à imaginer que la majorité des Français passent la nuit à bringuer et se réunir chez l’un ou l’autre. Il reste la piste des vacances scolaires, plus sérieuse et à ne pas négliger. Les élèves n’étaient plus en présence dans les salles de classe mais en revanche, on peine à imaginer que les gosses soient restés chez eux et n’aient pas pensé à aller voir leur copains, se retrouvant de ce fait en contact et comme on l’imagine, sans les masques, sans compter les étudiants qui n’économisent pas les occasions de festoyer. Bref, entre le couvre-feu, les vacances et le confinement, sans oublier les tests, tout se conjugue pour brouiller la photo de la cinétique épidémique. Mais essayons d’y voir clair.
4) Mon modèle épidémiologique repose sur un paramètre décisif qui est le ratio entre les cas de positivités et le nombre réel de contaminés. Ce ratio a varié depuis mars, lorsque seuls les cas de patients hospitalisés étaient enregistrés. Depuis la généralisation des tests cet été, le rapport s’est sensiblement modifié. Au début, les tests ne faisaient à l’aveugle, révélant une faible positivité, inférieure à 2 jusqu’à la mi-août. La règle des tests a été modifiée après la rentrée, avec une ordonnance ici, mais là un drive (open bar, allez-y, enrhumés, cas contact, badauds, hypochondriaques, la maison de Dieu Covid est ouverte à toutes âmes, ceci est mon prélèvement, eucharistie nasopharyngée)
Une montée lente de la positivité s’est produite en septembre, les 10% ont été franchis en S41, début octobre. Un pic s’est produit en S44, près de 22% fin octobre. Et une légère descente. Le pic de positivité franchi vers le premier novembre est parfaitement corrélé avec la décélération du 12 novembre et le plateau des réanimations en cours qui suit. + 59 ; + 55 ; +95 ; +3 ; -32 ; + 25. Et la descente prévisible.
Le modèle proposé estime le ratio contaminés/détectés entre 6 pour la période actuelle et 10 pour les tests réalisés cet été. 2 millions de cas ont été enregistrés depuis le début de l’épidémie. Depuis juin, 1 M 850 000 cas. Pendant la première vague, on estime à 5 millions le nombre de contaminés. En seconde phase épidémique, en prenant un ratio moyen de 7, le chiffre de 13 M de contaminés est possible. Cela signifie que les contaminables sont moins nombreux que les contaminés et qu’une immunité collective est envisageable. En France, nous ne sommes pas dans la situation de Manaus. La part de marché du virus est plutôt 50 %. A vue de nez, il ne manquerait plus que 5 M de contaminations pour être dans le coup. Si ce modèle est exact, alors il faut lâcher du lest et jouer sur la propagation du virus avec un freinage et une protection des personnes à risques qui savent très bien se protéger elles-mêmes. L’épidémie va se finir comme une grippe et épouser une cinétique similaire mais en faisant plus de « dommages cliniques ».
5) Conclusion
(a) La décroissance des chiffres cliniques est liée à la décroissance des contaminations, elle-même dépendante de la part de marché du virus qui se réduit. Une atténuation du virus est plausible. Je n’ai pas les explications scientifiques bien que je puisse les pressentir. Avec deux causes, biologiques, le virus atténué à force de combattre l’immunité collective et la guerre sémantique que livrent les cellules hôtes, ou alors cosmologique, une horloge gravito-quantique et intrication, bref, une science qui n’émergera que dans 20 ans, quoique ?
(b) Mis à part ces notes spéculatives, nous voyons l’épidémie en phase de descente, sans qu’il n’y ait une explication unique. Les mesures sanitaires n’expliquent pas ce qui se passe et ne font que moduler le phénomène cinétique. Mon modèle peut l’expliquer mais il demande des confirmations, notamment sur l’immunité et le calcul du ratio entre les PCR-positifs et les contaminés. Les Américains sont en bonne voie, ils ont développé des tests pour détecter l’immunité par les cellules T, celle qui est la plus décisive et la plus robuste. Il nous faudrait ce genre de test, ne serait-ce que pour évaluer statistiquement la proportion des sujets immunisés.
(c) Pour résumé, la baisse constatée ne s’explique pas par les mesures sanitaires qui néanmoins atténuent la cinétique clinique. Il est pratiquement impossible d’évaluer l’impact des mesures. L’autre explication est naturelle. Il y en a deux. Ou bien la virulence n’a pas changé et par un phénomène naturel, les contagions baissent par on ne sait quelle synergie entre les billions de virions circulant et la réponse du collectif immunitaire. Ou bien 15 M de Français ont été contaminés et le virus montre une atténuation tout en perdant ses parts de marché.
Game over ?
Au final, la seconde « vague » est moins sévère que la première, elle est sur la phase descendante, elle n’a pas encore d’explication scientifique exacte mais elle laisse augurer d’une sortie de crise sanitaire. La descente pourrait ressembler à celle de mai 2020 ; mais aussi à celle d’une épidémie grippale. Tout devrait s’achever d’ici février et les contraintes sanitaires ne sont plus justifiées. Si vous ne les acceptez pas, allez dans la rue !
En annexe, un calcul de létalité.
Du 12/10 au 09/11 il y a eu 6100 décès sur quatre semaines. Je décale de 25 jours, du 17/09 au 15/10, il y a eu 430 000 cas. Avec un ratio de 8, cela donne 3 200 000 contaminations, ce qui donne comme estimation de la létalité 0.2 %. Essentiellement dans la tranche d’âge supérieure à 70 ans.
Je prends les cas de juin au 20 octobre précisément. 800 000. Ce décalage de 25 jours nous projette vers les décès enregistrés depuis juin et enregistrés au 15 novembre, soit 15 000. Avec un ratio 8, nous avons plus de 6 M de contaminés, ce qui donne une létalité de 0.25 %. Avec un ratio de 10, la létalité est de 0.2 %. Avec un ratio 2, assez improbable, on obtient une létalité virale de 1 %, ce qui n’est pas négligeable. Un ratio 3 nous situe vers la létalité estimée pour la première vague.
Vous avez tout compris, tout se joue sur ce paramètre, le ratio entre contaminés et PCR-positifs, qui nous plonge dans un angle mort mais que j’ai essayé d’éclairer, avec l’immunité collective en vue. Et une atténuation virale aux ressorts qui nous échappent mais dont nous constatons les effets et que nous pouvons comprendre en observant le cours des épidémies grippales.
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Ma chaîne YouTube en construction, consacrée au Covid-19
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Description
Cette chaîne a pour but de présenter différents angles de vue sur le Covid-19, scientifiques mais aussi politiques, sociologiques, philosophiques et historiques. Ces points de vue sont personnels et résultent d’un travail de recherche transversal.
Bernard Dugué est écrivain-chercheur transversal, ingénieur de l’Ecole nationale supérieure des Mines de Saint-Etienne, docteur en pharmacologie et docteur en philosophie.
Derniers livres publiés
H1N1 La pandémie de la peur, Xenia, 2009
Le sacre du vivant, Editions Temps Présent, 2014
https://jmgeditions.fr/index.php?id_product=353&controller=product
L’information et la scène du monde, Iste éditions, 2017
https://iste-editions.fr/products/linformation-et-la-scene-du-monde
Temps, émergences et communications, Iste éditions, 2017
https://iste-editions.fr/products/temps-emergences-et-communications
traduction anglaise
http://www.iste.co.uk/book.php?id=1199
http://www.iste.co.uk/book.php?id=1332
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