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Accueil du site > Tribune Libre > 16 septembre 1992, le Royaume-Uni quitte le système de change européen. (...)

16 septembre 1992, le Royaume-Uni quitte le système de change européen. White Wednesday ou Black Wednesday ?

   « Black Wednesday », c'est ainsi qu'a été surnommé par les européens le triste jour du 16 Septembre 1992 où le Royaume-Uni fût forcé de sortir du système monétaire européen (SME). Loin des prophéties d'apocalypse, Bernard Conolly, ex-économiste de la Commission européènne parla de «  White Wednesday » et pour cause : loin d'apporter la fin des temps économiques, White/Black Wednesday déclencha une forte reprise économique au Royaume-Uni alors que l'Union Européenne s'enfonçait dans la récession. 

Depuis l'entrée du Royaume-Uni dans le mécanisme de change européen en octobre 1990, la livre était surévaluée, ce qui nuisait gravement aux exportations du pays. Les investisseurs se détournaient de la livre sterling en anticipation d'une dévaluation inévitable. Le pays est alors obligé d'endurer des taux d’intérêts très élevés afin de respecter les règles européennes et maintenir sa monnaie dans les marges de fluctuations définies par les traités. Les résultats furent dramatique : la croissance économique passa de 2,6% en 1989 à -1,8% en 1991 tandis que le taux de chômage bondissait de 5,8% en octobre 1990 à 10% en septembre 1992.

   Mi-1992, la situation économique britannique se dégrade, entre en scène Georges Soros, qui engage massivement son fonds d'investissement Quantum fund dans la spéculation sur la livre sterling. Le gouvernement britannique doit alors choisir : soit il se conforme aux traités européens et doit freiner les sorties de capitaux par une augmentation drastique des taux d’intérêts, ce qui aurait aggravé la récession britannique. Soit-il décide de laisser la livre sterling se déprécier en sortant du système monétaire européen. Comme chacun le sait, ce fut la deuxième option qui fut choisie.

   La fin de la subordination de l’intérêt économique du pays aux règles européennes eut des effets positifs immédiats. La livre se déprécia de 15%, tandis que les taux d’intérêt reviennent à des niveaux soutenables déclenchant un boom des exportations et de l'investissement. La croissance bondit de 0,9 % en 1992 à 3,1% en 1993 tandis que l'Union européenne s'embourbait dans une récession avec une croissance de -0,1% du PIB. La croissance économique britannique sera dès lors jusqu'en 2007 quasi-systématiquement supérieure à celle de l'Union Européenne à quinze.

   Paradoxalement, ce sont les « spéculateurs » qui ont « délivré » le Royaume-Uni de son aveuglement et lui ont permis de renouer avec la prospérité. Le très Keynésien Paul Krugman, prix Nobel d’Économie 2008 nota lui-même que « Pour le Britannique ordinaire, l'attaque de Soros sur la livre sterling engendra principalement des bonnes choses » (The return of depression economics, 1999), ,Toutefois coté Français et européen on préféra les théories complotistes et l'idéologie aux explications macro-économiques et on continua dans la poursuite de l'unification monétaire. Bel exemple de cet aveuglement, l'économiste Bernard Connolly, déjà cité, est "remercié" de la commission européenne en 1996 pour avoir critiqué dans un livre (The Rotten Heart of Europe, 1996) le fonctionnement du SME et la marche à la monnaie unique.

   Les enseignements tirés de l'histoire du SME ne sont pas anodins car, d'une certaine manière, l'euro peut-être vu comme un mécanisme de change européen où les parités ont été irrémédiablement fixées entre les différentes monnaies, toutes dénommées « euro ». Dès lors, il y a de grandes ressemblances dans le fonctionnement des deux systèmes monétaires. Bien sûr, comparaison n'est pas raison, mais l'histoire de White Wednesday nous montre que l'on doit accueillir les prophéties catastrophiques telles que celles décrites dans le documentaire diffusé sur France 5 «  Bye Bye l'euro » avec la plus grande prudence.


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5 réactions à cet article    


  • MagicBuster 25 février 2015 10:10

    Non de Zeus - un paradoxe temporel :->

    Bientôt un article sur les BRICS ?


    • Pascal L 25 février 2015 12:23

      L’Euro est de par sa construction astucieuse une machine à faire de la prédation.

      La sortie sera bénéfique pour tous si les monnaies qui le remplacent favorisent l’investissement qui fabrique de la richesse. On peut imaginer un passage en douceur en faisant une sortie partielle de l’Euro, simplement en supprimant son monopole.

      • doctorix, complotiste doctorix 25 février 2015 19:17

        15% de dévaluation pour le franc si on sort de l’euro, c’est aussi ce qu’a prévu Asselineau.

        Le résultat est immédiat : baisse des importations, reprise des exportations, baisse du chômage.
        La livre est actuellement au niveau où elle était lors de sa sortie en 1992.
        Ni plus ni moins.
        Pourquoi serait-ce une catastrophe pour nous si ce fut très avantageux pour la GB ?
        En fait, ça n’embête que les allemands, qui pourront se carrer leurs Mercedes, BMW et autres Audi, et se farcir nos Renault et PSA..

        • Alex Lohmann 25 février 2015 21:07

          @sampiero Beaucoup d’approximations...

          Une dévalorisation de x% d’une monnaie ne signifie pas une augmentation des prix du même ordre (et donc une reduction d’autant du pouvoir d’achat)
          Exemple le pétrole (avec une dévaluation de 10%)
          1) Le baril de Brent augmente de 10%
          2) Le prix de l’essence est déterminé à 35% par les taxes (le reste étant composés de cout de distrubtion et de Taxes)
          3) Le prix à la pompe augmente alors de 3,5%
          4) Les ménages consomment 10% de leur revenus en essence : la perte de pouvoir d’achat globale est donc de 0,35%

          CQFD : Une dévaluation de 10% du pétrole entraine une perte de pouvoir d’achat de seulement 0,35% sur le seul effet pétrole. 

        • HELIOS HELIOS 25 février 2015 23:02

          @Alex Lohmann


          et pour tout le reste ? 

          Les 0,35% de perte de pouvoir d’achat (dus au pétrole), les commerçants les rattraperont facilement. Par contre les retraités, les salariés et tous ceux qui n’ont pas la maitrise de leur revenus, seront les grands perdants, et de plus paieront encore plus cher car l’augmentation se fera AVEC marge !!!

          Maintenant, pour votre information, on peut vous retourner l’argument. Une surévaluation de la monnaie ne provoque pas une diminution des prix d’autant. vous dite que le retour du franc, avec une dévaluation de 10% entraine 0,35% de pouvoir d’achat en moins, ce qui veut dire qu’une surévaluation de 10% entraine un gain de pouvoir d’achat de 0,35 n’est-ce pas ? or, vous ne nous ferez jamais avaler cela... pensez un peu, vous pretendez que l’Euro est trop for, alors qu’une simple baisse de quelques pour cent (par rapport au dollar ou a la livre) relancerait les exportations. Les clients de l’Europe seraient-ils, comme les français sensibles a moins de 0,3%

          La réalité est tout autre : l’euro n’est pas trop fort et un retour au franc est inutile. 
          Il faut impérativement piloter la monnaie par l’action politique et non l’inverse. C’est là le vrai problème, que nos billet s’appellent Euros ou Francs !

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