1789, 1848, 1870, 1968... François-Louis XVI passera-t-il l’année 2013 ?

Les révolutions, oui, si vous n’êtes trop nul en histoire vous avez bien compris le titre, les révolutions semblent marquer un achèvement, un état critique constitué par une accumulation de faits économiques et politiques issus des décennies précédentes. Aucune révolution ne ressemble à une autre. Sans doute ne faudrait-il pas considérer la Commune comme une révolution mais plutôt une insurrection populaire avec des meneurs idéologiques, tout comme celle de mai 68. A ne pas confondre avec les émeutes, comme on en a connu récemment, à Los Angeles, à Londres, dans les cités franciliennes, avec toujours un élément déclencheur jouant le rôle d’une allumette lancée sur une mare de fuel. Emeutes de la faim dans quelques pays du nord de l’Afrique. Dans les révolutions, on trouvera des éléments déclencheurs qui ne doivent pas être pris comme des causes car si quelques étincelles sociales déclenchent des événements sismiques, c’est que le terrain s’y prête et que le contexte est celui d’une crise, ce qui signifie, situation d’instabilité, de déséquilibre. Les révolutions et insurrections sont la conséquence de la crise mais elles ne sont pas la solution à la crise. Avant 1789 il y eut une famine. En 2013, tout le monde mange à sa faim mais d’autres facteurs se dessinent, moins vitaux mais assez énervant, du genre ras-le-bol fiscal. Ou d’autres événements plus graves.

25 octobre 2013, la dernière voiture produite par l’usine PSA à Aulnay vient de sortir. 40 ans, symbole des quarante pas très glorieuses années où le capitalisme fordien s’est effondré laissant la place à un capitalisme violent, avec des crises à répétition, la première datant de 1973, avec ce que les historiens ont abusivement nommé choc pétrolier. Consécutif à la guerre du Kippour. Qui s’acheva 40 ans jour pour jour avant la dernière C3 sortie d’Aulnay, un 24 octobre 1973. 40 ans de détricotage du modèle social hérité du CNR. 40 de prospérité économique mais au prix d’une violence sociale sans cesse croissante, avec la galère dans les cités, le chômage de masse, les spéculations, les gaspillages, les mauvaises décisions politiques.

En cet automne 2013, les nuages s’accumulent. Le chômage n’a cessé d’augmenter. Les médias annoncent chaque semaine les plans sociaux. Diffusant de temps à autre des images de désolation, de désarroi, de détresse. Des salariés de Gad livré à l’abattoir des décisions économiques. La Bretagne en plein marasme, assommée avec l’écotaxe. La contribution climat énergie va peser sur les ménages. Grèves, explosions sociales dans le Nord, tensions à Marseille. Les impôts augmentent, quelques denrées de base aussi, avec l’énergie, l’électricité, les transports et dieu merci, le prix des carburant reste relativement modéré ce qui sauve peut-être le président du naufrage. Mais attention, d’autres signaux sont envoyés et la récente mesure de taxation rétroactive de l’épargne est un pari assez risqué. Reconnaissons cependant à François Hollande le mérite d’avoir innové en politique en inventant, comme pour les banques, le stress test, mais appliqué à la société. Cette dernière taxe peut en effet être interprétée dans ce sens. On sait néanmoins ce que valent ces tests. Une banque peut les réussir et après, se retrouver au bord de la faillite en cas d’événement qui n’avait pas été prévu par les auditeurs, comme par exemple une filiale aux comptes truqués, ou bien la faillite d’un créancier.

Dans le contexte social actuel, les imprévus se produisent souvent. Les Français voient leur niveau de vie baisser, même s’ils ont un emploi protégé. Beaucoup ont puisé dans le livret A. Les préfectures font remonter en haut lieu les ressentiments des populations. Dans ce contexte, la grève des clubs de foot ne peut qu’alimenter la colère sociale. Mais c’est un point de détail eu égard aux dernières révélations sur Bernard Tapie qui, soupçonné d’avoir escroqué l’Etat avec quelques coquins, entraîne dans sa chute deux ou trois hautes personnalités qui lui auraient épargné quelques dizaines de millions d’euros de contribution fiscale en alimentant le scandale. Deux maires PS viennent de claquer la porte du parti, excédés selon leurs termes par la pression mise par le président sur les classes moyennes et la bienveillance à l’égard des puissants de la sphère économique.

La taxation rétroactive des PEL, PEA et assurance-vie est un très mauvais calcul car il va affecter l’épargne des classes moyennes et bourgeoises. Ce sont en effet des placements de « père de famille » qui sont touchés. Sans doute, les classes favorisées peuvent comprendre ces mesures mais s’agissant de Français qui ont des revenus moyens, ont épargné pour devenir propriétaires ou pour assurer quelques dépenses dans l’avenir, qui sont affectés par d’autres impôts et taxes, voient leur niveau de vie baisser, risquent de ne pas accepter ces prélèvements alors que le sieur Tapie vient d’être exonéré d’une copieuse somme. On ne sait pas qui conseille le président mais cette dernière taxation est très risquée. Se mettre à dos les classes moyennes après avoir abandonné les classes populaires risque de créer une situation tendue et une fronde généralisée pouvant se propager. Cela étant, la France peut très bien passer le stress test mais on sera quand même attentif aux prochaines semaines. Avec les énergies consumantes délivrées en novembre par les pléiades. Après, une fois passé le cap du 6 décembre, c’est gagné ! Les gens pensent aux cadeaux de Noël et aux fêtes du nouvel an. Et en 2014, les électeurs mécontents pourront se défouler dans les urnes, ou alors ne pas se fouler du tout et aller à la pêche.

Attention donc aux éventuelles étincelles se produisant pendant les trois premières semaines de novembre 2013. Les astres nous surveillent et ne nous préviennent pas du désastre.